Le samedi 22 mars 2025, le Musée national des Arts, Rites et Traditions du Gabon, à Libreville, a été le théâtre de la Journée nationale du Mvet Oyeng. Cet événement, orchestré par l’ONG Génération Ekang en collaboration avec le Conseil international des musées (ICOM-Gabon) , avait pour objectif de célébrer le Mvet, un pilier de la culture Ekang, tout en discutant de son inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
La journée a débuté avec une intervention marquante du Pr Grégoire Biyogo, éminent spécialiste africain surnommé le shemsu Maât et reconnu comme le père de la mvettologie. Dans sa grande leçon inaugurale, il a exploré l’âme du Mvet, soulignant son rôle essentiel au sein de la culture Ekang. Selon lui, « le rôle premier de Mvet ce n’est pas d’être écouté, pensé, conté, ou écrit, mais sa transmutabilité humaine. » Il a ajouté que « le Mvet est un imaginaire instituant, » évoquant ainsi la capacité de cet art de raconter à façonner l’histoire et l’imaginaire collectif.
Le Dr Régis Ollomo Ella, linguiste de renom, a également enrichi le débat en présentant le Mvet comme un « patrimoine reconnu, mais méconnu. » Il a mis en lumière la complexité de cet art oral, notant que deux conteurs de Mvet ne se contredisent pas, ils se complètent. Son explication du processus structuré appelé « abâ fam, » qui dure sept heures, a captivé l’auditoire et illustré la profondeur de cette tradition.
En parallèle,Germain Owono Essono,Directeur Adjoint du musée national Gabon,et Nathalie Oye Mba représentante du ministère de la culture et des arts ont présenté l’état d’avancement du dossier pour l’inscription du Mvet au patrimoine mondial de l’UNESCO. « Le Gabon, en partenariat avec le Cameroun, le Congo-Brazzaville et la Guinée Équatoriale, a pris l’initiative en 2017. Nous attendons une réponse en 2026 », a précisé Nathalie Oye Mba. Ce projet, soutenu par le Ministère de la Culture et des Arts, vise à préserver et promouvoir le Mvet, un trésor culturel unique.
L’événement s’est conclu par un récit de Mvet et une exposition de livres et d’objets d’art, mettant en avant la richesse de cet héritage. La Journée nationale du Mvet Oyeng a ainsi non seulement renforcé les liens entre les acteurs culturels du Gabon, mais a également souligné l’engagement du pays à inscrire ce patrimoine vivant au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Nkili Akieme
