Jean Ping durant son meeting le 15 décembre 2018 à son QG © Gabonactu.com
Libreville, 15 décembre (Gabonactu.com) – Jean Ping a prononcé samedi à son QG un discours offensif dans lequel il a à nouveau dit à ses partisans qu’il ne les retient plus. « La voie est bien libre. Vous pouvez foncer. C’est le moment ! »
Voici l’intégralité du discours :
Gabonaises, Gabonais,
Mes Chers compatriotes, Le 03 Novembre dernier, j’ai appelé toute la nation au RASSEMBLEMENT, j’ai tendu la main, comme on me le demandait en ce moment-là. Mais cette main est restée désespérément vide. Aujourd’hui, elle est entrain de se transformer en coup de poing.
Il convient tout de même de vous dire pourquoi ai-je tendu la main. C’est qu’on m’avait suggéré, en ce moment-là, de sonner le tocsin du rassemblement de tous les enfants du Gabon éternel afin de rassurer les uns et les autres et éviter, autant que faire se peut, aux populations les affres de la guerre civile. C’est ce que j’ai fait en sonnant, à ce moment-là, cette cloche. Ceci pour vous signifier qu’il y a des moments dans la vie d’une Nation où nous devons regarder vers le même horizon pour sauver notre pays de l’orage ou du déluge qui le menace.
Ce fut le temps des négociations et du rassemblement, car il y a un temps pour tout sous le soleil ; un temps pour naître, un temps pour vivre, un temps pour mourir. Aujourd’hui les temps ont changé et l’heure est grave. Notre pays est au bord du gouffre. Le Gabon est, il faut que vous le sachiez, sous respiration artificielle avec un calife invisible et muet résident à 5000 km de son royaume.
Ne vous focalisez point sur Moi, Jean Ping Okoka. Je ne suis qu’un passeur entre deux mondes. Après tout, la victoire qui a été volée c’est bien votre victoire à Vous Tous.
N’oubliez jamais et je ne l’ai pas oublié, que de jeunes Gabonais ont perdu la vie en 2009 et en 2016, parce qu’ils ont eu simplement le malheur de rêver éveillés à une vie meilleure, à un pays juste dans lequel ils pensaient trouver leur place.
Ces enfants qui ont été brutalement poussés à traverser de l’autre côté du miroir, je les entends déjà nous demander : Fils du Gabon éternel, qu’avez-vous fait pour notre pays ? Qu’avez-vous fait pour votre pays au moment où il avait le plus besoin de Vous ? J’ai envie de leur répondre que j’ai maintenant sonné le tocsin pour REMOBILISER les enfants du Gabon éternel ; j’ai battu le rappel de tous les enfants de ce pays. Ils ont entendu le son de la cloche et ils sont là, oui, ils sont là. Ils sont arrivés en rang serrés en disant : notre pays a besoin de nous, Nous voici !
Je voudrais aussi vous dire que notre marche vers la Terre promise a connu de très nombreux obstacles. Nous avons livré de nombreuses batailles. D’abord, notre victoire électorale, sous les projecteurs de la Communauté internationale, qui sait tout (vous êtes-vous jamais demandé où en serions-nous s’il n’y avait pas cette Communauté Internationale?).
En réponse à cette première bataille, on a assisté au bombardement nocturne et sauvage de mon QG. On a tué des Gabonais aux mains nues. D’autres innocents ont été assassinés à travers Libreville et d’autres villes de l’intérieur du pays. Ils sont venus allonger la trop longue liste de ceux qui, comme MBOULOU BEKA, sont tombés sous les balles de la dictature. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtés, de nombreux Gabonais emprisonnés sans jugement.
Ensuite, après avoir caillassé ma maison, on a instrumentalisé la Justice pour me condamner à payer à mon bourreau la faramineuse somme de 600 millions de francs CFA, du jamais vu dans l’histoire de la Justice moderne. Mes comptes ont été saisis avec la complicité de l’administration financière aux ordres, avec à l’appui, une descente en règle d’un huissier de justice sulfureux avec le concours des forces de sécurité aux ordres pour venir saisir mes biens mobiliers et immobiliers.
Et pendant que la horde de voyous me martyrisait et s’acharnait sur ma personne, notre pays vit désormais, perfusé par des emprunts obligataires aléatoires. Qui va rembourser ? Nos enfants… Je profite de cette occasion pour réitérer mon engagement :
– à respecter les contrats régulièrement signés au nom du Gabon ;
– à respecter et renforcer le droit de propriété fragilisé par certains dépositaires de l’autorité de l’Etat ;
– à promouvoir la liberté du commerce et de l’industrie ;
– à rétablir l’indépendance et l’impartialité des tribunaux de commerce ;
– à garantir la prévisibilité et la sécurité du droit des sociétés et du droit commercial au Gabon, etc. Dans ce combat pour la justice et le rétablissement de la vérité des urnes dans notre pays, ma vie en réalité importe peu.
Ne compte ici que mon ardent désir de laisser à la jeune génération d’aujourd’hui et de demain un pays juste et droit. Un pays où la valeur sera reconnue et récompensée ; un pays qui, parce qu’il aura mis le Gabonais au centre de son projet et de sa réflexion, donnera à chacun de ses enfants les outils pour se construire un avenir meilleur, à l’abri de la peur.
Le moment est venu pour former cette chaîne de solidarité qui ébranlera les fondations mal assurées de l’imposture et du mensonge car, « aucun barrage du mensonge ne peut résister au fleuve de la vérité. »
La digue du mensonge va s’effondrer face au torrent de la vérité et ce, malgré la volonté de quelques uns de faire illusion pendant un petit moment avec notamment la proclamation d’un nouveau calife à la place du calife.
La deuxième de ces batailles est notre capacité à limiter l’escalade de la violence et le basculement dans les affres de la guerre civile que l’on pouvait encore éviter à ce moment-là. Ce furent alors le temps des grandes batailles diplomatiques, à New York, à Washington, à Harlem, à Bruxelles, à Paris, à Londres, à Berlin, à l’ONU, à l’Union africaine, à l’Union Européenne et où sais-je encore… Je vous l’avais dit, « faites votre travail, je ferai le mien ».
Aujourd’hui, de très nombreux compatriotes me disent : « et maintenant que la voie diplomatique a échoué que fait-on » ? Je comprends fort bien votre position, mais rappelez-vous qu’il y a en effet un temps pour tout. Jacques Chirac disait en substance que la guerre et la violence ne sont jamais exclues, mais elles n’interviennent que lorsqu’on a épuisé tous les autres moyens…
Quand toutes les voies de la négociation et de la diplomatie n’ont pas donné les fruits escomptés ; quand la concertation est bloquée, il ne reste plus que la confrontation. Nous y sommes. Je ne vous retiens donc plus. La voie est bien libre. Vous pouvez foncer. C’est le moment !
Je puis vous assurer que quand le Président élu gouvernera, le Gabon sortira automatiquement du naufrage actuel. Les institutions retrouveront leur légitimité. C’est simple ! Tout n’ira bien que lorsque le vote exprimé par la majorité des Gabonais sera respecté. Un point un trait. Eh bien, obligeons les oppresseurs et les usurpateurs à le respecter.
Je rends un vibrant hommage à la Diaspora, dont l’action inlassable, dans la dignité et la détermination, en dépit de quelques contradictions, suscite notre admiration et celle du reste du monde. De nombreux membres de la Diaspora sont acculés à l’exil et au statut de réfugié politique, sous diverses menaces du régime dictatorial. Beaucoup ne mettront pas les pieds au Gabon avant notre prise du pouvoir et le rétablissement de l’Etat de droit.
Quant aux prisonniers politiques, je pense particulièrement à Bertrand ZIBI, Landry Amiang de Washington, Pascal OYOUGOU, Frédéric MASSAVALA, Hervé MOMBO, et bien d’autres encore ; la liste est longue, très longue. Je leur dis que leur sacrifice ne sera jamais vain et leur libération est proche.
Aux enfants de ce pays qui sont dans les Forces de Sécurité, rien ne justifiera jamais que certains d’entre vous démissionnent et obéissent aux ordres de ce tristement célèbre chef de gang avec ses mercenaires et milices qui se substituent aux forces régulières, et abattent leurs compatriotes ou contribuent à torturer, sinon à jeter en prison d’autres, au mépris de nos lois. Trop c’est trop, ça suffit comme ça !
Je vous demande de ne plus accepter de retourner vos armes contre vos parents, contre vos propres enfants. Je vous le répète, quand toutes les voies de la négociation et de la diplomatie sont bloquées ; Quand la concertation a échoué, il ne reste plus que la confrontation.
Gabonaises et Gabonais de toutes les provinces et de la Diaspora, nous y sommes. Je ne vous retiens plus. La voie est libre. Allez-y carrément, n’hésitez plus ! Que Dieu veille sur le Gabon.
Vive la République. Vive le Gabon libre.
NTché i yazo ! NTché i yazo !
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