Taskforce : la traque de la pieuvre mafieuse, est-ce une farce pour endormir le peuple ? (Tribune ou maquis intellectuel  de Timothée Mémey)

La taskforce, fort de ses pleins pouvoirs décernés par les putschistes dans la traque des criminels en col blanc, a-t-elle les moyens d’éradiquer ce qui, durant des décennies du règne des Bongo, est devenue une ‘’vertu’’ atavique ou héréditaire ?

Tous les secteurs d’activité sont métastasés par le cancer social qu’est la corruption et autres corrosifs  que sont les détournements massifs de deniers publics, l’enrichissement illicite et le blanchiment des capitaux. Les rapports annuels de Transparency  international, ceux de la Cour des comptes et de la Commission  nationale de lutte contre la corruption & l’enrichissement illicite, les écritures bancaires, nous donnent déjà un aperçu sommaire de l’érosion financière dans les comptes publics.

La pieuvre mafieuse a déployé ses tentacules même dans les secteurs les plus insoupçonnés. Suivez mon regard.  Vaste chantier en tout cas : Corruption, malversations, faux en écriture, redressements fiscaux biaisés… autant de maux à l’origine du sous-développement du Gabon et auxquels la taskforce doit apporter des remèdes urgents.

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L’enquête sera des plus fastidieuses. On doit faire d’abord un inventaire de toutes les niches financières, ensuite une évaluation de tous les gisements financiers sortis frauduleusement du pipeline  et qui échappent au Trésor public. Les résultats de l’investigation  risquent de nous donner du tournis.

 L’enquête, pour être crédible, doit être confiée à un cabinet d’expertise  indépendant. La traque risque de nécessiter des années de travail, tel est généralement le cas en matière de criminalité financière.  En deux ans de transition ainsi que le prévoit le principe dans tous les régimes d’exception, il est hasardeux de penser que le curage sera effectif durant un tel lapse de temps. Le temps est court. Peut-être fera-ton  dans la dentelle et ainsi faire une impasse sur tous les contours du mal gabonais autrement appelé le ‘’ cannibalisme financier’’, donc un travail bâclé, histoire de protéger parrains, amis, parents et connaissances.

Le peuple lui observe tout çà avec un regard avisé. Histoire de voir  jusqu’où peut conduire  la fougue des jeunes putschistes. Si l’on ne veille pas au grain, le travail attendu de la taskforce risque de se solder par un flop déroutant   qui va doucher les espoirs attendus. 

Depuis des décennies, et pendant que le peuple en était  réduit au minimum vital, la pègre s’engraissait avec une boulimie vorace ; ça roulait carrosses au point de provoquer un déluge de frustrations. C’était sans état d’âmes que ces gens ont clochardisé les Gabonais.

Aidés dans leur sale besogne par des complicités au sommet de la pyramide sociale, le travail de salubrité publique ne doit épargner personne. Même pas les barons de l’ordre ancien mouillés jusqu’aux couilles. Tous doivent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes. C’est ici et maintenant  qu’est attendue la forte détermination des étoilés à tirer des rafales d’AK 47  sur la jungle mafieuse.

Les institutions de surveillance des irrégularités financières citées plus haut, sont autant des moteurs de recherches susceptibles de nous mettre sur des bonnes pistes pouvant nous mener dans l’antre de la bête; nous éclairer sur les voies sinueuses empruntées par les capitaux dormants qui, souvent, passent par des sociétés écrans pour , ensuite,  échouer dans des comptes offshores des îles Hawaï, de Monaco, des îles caïman ou de Suisse, la plus grande planque de l’argent sale…Ce phénomène porte un scabreux nom : flux financiers illicites ou toxiques !

Route pavées chantiers modernes / Gabonactu.com
Route pavées chantiers modernes © Gabonactu.com

Depuis un certain temps que la COBAC, le gendarme des banques dans notre sous-région, a doublé de vigilance dans les mouvements des flux financiers, impossible d’emprunter les circuits traditionnels de transfert de fonds. Pour blanchir l’argent volé, leurs traders leur conseillent d’investir dans la pierre à défaut de le planquer dans des coffres forts encastrés dans les chambres à coucher. Ainsi, voit-on fleurir des immeubles Hi-Tech dans les quartiers huppés de la capitale Libreville et ses environs. Et dire que l’Etat est locataire de tous les immeubles qui abritent ses ministères, des bâtiments construits avec de l’argent volé, c’est l’occasion de lancer une opération de ‘’restauration’’ histoire de coller à la rhétorique martiale du Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI), afin que ‘’notre essor vers la félicité’’ ne soit pas une plaisanterie de plus.

Le peuple au nom de qui les Bongos et leurs affidés ont été poliment virés le 30 août 2023 reste « missu bala ». A l’étoilé en chef et ses hommes du CTRI de damer un véritable coup de patte dans la fourmilière… Sans plaisanter ou plaisanterie.

 Timothée Mémey, journaliste éditorialiste   

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