Stratégie gabonaise de lutte contre le Covid 19 : les parlementaires au pied du mur (Tribune libre)

Steeve Yondzi, Président du cercle de réflexion Dignité Afrique a fait une analyse sur les accusations du COPIL Citoyen contre les parlementaires qui auraient tourné le dos aux populations suite à la pression du gouvernement dans la lutte contre le Covid 19.

Répondant aux accusations du « COPIL CITOYEN » qui accusait le Parlement en général et l’Assemblée Nationale en particulier de trahir la Nation en validant les lois présentées par le gouvernement et qui sont attentatoires aux libertés, Faustin BOUKOUBI a dit, dans une interview paru le 10 janvier dernier au quotidien l’Union, « Vous devez savoir et comprendre que dans le cadre de la loi 003/2020 fixant les mesures de prévention, de lutte et de riposte contre les catastrophes sanitaires, il est fait au gouvernement obligation d’informer sans délai le Parlement des mesures prises en matière de riposte covid 19. Et qu’en référence à celle –ci, le contrôle et l’évaluation par les députés des mesures gouvernementales  sont exercés à postériori. Ce qui signifie que  ce n’est qu’après que les arrêtés ont été pris que les députés auraient pu agir (…) ».

Le président de l’Assemblée nationale a poursuivi en disant : « les députés n’interviennent dans aucune  des étapes d’élaboration des textes réglementaires…. Si les arrêtés dont vous parlez avaient été des projet de loi, en ce cas, les députés se seraient fait entendre : Mais en l’espèce, ce n’est nullement le cas (…) ».

Quelques jours plus tard dans une sortie « urbi orbi », les parlementaires de l’opposition, conduit par l’honorable NGOLOUNGANA ont dénoncé l’illégalité des mesures de riposte contre la covid 19 en vigueur pour défaut de base légale.  Il a affirmé que  la loi de ratification prise  suite à l’ordonnance d’août 2021  n’avait pas été promulguée. Et de ce fait, le maintien du couvre-feu et des autres mesures était illégal.

Par leurs sortis, BOUKOUBI et NGOLOUNGA semblent avoir fait comprendre au peuple gabonais que les parlementaires ne sont pas des « Titistes[1] » comme le dit le « COPIL CITOYEN ». Au contraire, ils sont du côté du peuple. En soulevant en droit l’argument du règlement et de  l’illégalité des mesures appliquées, les parlementaires ont, non seulement fait la leçon au Copil Citoyen, mais bien plus, ils ont rendu  l’exécutif responsable des mesures liberticides en cours au Gabon.  Cependant, ces arguments tiendront –ils toujours face à l’accusation du Copil Citoyen, partagée en grande partie par le peuple gabonais ? Rien n’est moins sûr.

En effet, le communiqué du conseil des ministres du 1er février vient de délibérer un projet de loi  qui vise à proroger  les mesures de  prévention de lutte et de riposte contre la Covid-19. Or, Ces mesures à proroger sont  à l’origine de la discorde entre l’organisation Citoyenne soutenue par le Peuple et le gouvernement.

Face à cela et au regard des arguments préalablement avancés par les parlementaires pour rejeter l’infâme accusation de «  trahison de la nation », les députés et les sénateurs se trouvent au pied du mur car le projet de loi, en vertu des dispositions de l’article 47 sera soumis au vote des deux chambres.  Les parlementaires ont donc le choix de reconduire ou de rejeter ce projet de loi de prorogation.

S’ils le reconduisent, la preuve de leur trahison envers le peuple gabonais sera évidente et leur collera désormais à la peau.   Elle  va  légitimer, face à l’opinion nationale,  la campagne qui consiste à ne pas reconduire, pour 2023, les parlementaires de cette législature coupables d’une  triple trahison devant la nation :

  1. Ils ont voté la loi qui dépénalise l’homosexualité en République  Gabonaise  aux mépris de nos valeurs ancestrales  auxquelles le bloc de constitutionnalité fait référence ;
  2. Ils ont voté pour que le rapport de l’enquête parlementaire ne soit par rendu public alors qu’ils ont découvert des nombreuses anomalies liés à la gestion des fonds Covid ;
  3. Ils suivent le gouvernement dans son élan qui consiste à prendre des mesures liberticides. 

En revanche, s’ils rejettent cette loi, ils feront la preuve parfaite de leur non connivence avec ce gouvernement et ses mesures liberticides pour lutter contre cette pandémie.

Le rejet de la reconduction de cette loi s’impose non pas seulement parce que les parlementaires doivent fuir la réprobation sociale qui suivra en cas de vote mais aussi pour s’arrimer au monde.

En Afrique,  qu’elle soit centrale, de l’ouest les mesures de lutte contre la covid 19 sont dépoussiérées du couvre-feu, de la liberté d’aller et venir, l’économie tourne et la vaccination n’est pas rendu, par des mesures de contorsion, obligatoire. Là-bas on n’enregistre pas un chapelet de mort du fait de l’inobservation du couvre-feu et de la mise en berne de l’économie.

Les pays les plus avancés que le Gabon, ceux  qui ont payé le lourd tribut en ce qui concerne le nombre des morts, Angleterre, Espagne ect. Ont décidé de revenir à une vie normale, car ils ont compris que ni le vaccin, encore moins le couvre-feu n’arrête la propagation du virus.

Au Gabon on veut encore  maintenir le peuple sous l’égide du couvre-feu. Tout porte à croire qu’entre 6 heures du matin et 21 heures le virus entre en hibernation et ne reprend son service de contamination qu’à partir de 21 heures.

Le parlement est donc au pied du mur, il doit faire la preuve au Gabon tout entier qu’il n’est pas la caisse de résonnance de l’exécutif mais qu’il est bien un organe de contrôle de l’action du Gouvernement. Il doit démontrer qu’il est l’émanation du peuple gabonais, donc son représentant. A ce sujet Condorcet disait : « Mandataire du peuple, je ferais ce que je croirais conforme le plus conforme à ses intérêts.» Les intérêts de ce peuple gabonais, vous le savez, se trouvent dans le retour à une vie normale. Décider autrement c’est aller en l’encontre du peuple.

                                                                                Steeve Yondzi,

                                                   Président du cercle de réflexion Dignité Afrique


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