Libreville, 19 avril (Gabonactu.com) – La rédaction de Gabonactu.com publie intégralement la déclaration de la plate forme des partis politiques de l’opposition connue sur le pseudonyme « Les 41 » à propos des dérapages sur la procédure de désignation des membres des commissions chargés de conduire le processus de mise en place du Centre gabonais des élections (CGE).
Voici le texte intégral
DECLARATION DE LA PLATE FORME DES PARTIS POLITIQUES DE L’OPPOSITION
Mesdames et Messieurs,
Les dernières mesures prises par le Ministre en charge de l’Intérieur, relatives à la mise en place du Centre Gabonais des Elections amènent la plate forme des partis politiques de l’Opposition à se prononcer sur le processus engagé par les autorités compétentes.
Il convient de rappeler, à toutes fins utiles, qu’au terme de l’article 12 de l’Ordonnance n° 0004/PR/2018 du 26 Janvier 2018, ce processus est gouverné par l’aptitude de chaque camp politique à proposer librement ses représentants.
Le rôle du Ministre en charge de l’Intérieur se limitant à enregistrer les candidatures de chaque camp politique et de les officialiser par un acte Administratif.
Il s’avère cependant que le Lundi 16 Avril 2018 à 16 heures, M. Lambert Noel MATHA, Ministre en charge de l’Intérieur a rendu publique les listes des représentants de l’opposition à la Commission Ad hoc en charge de l’examen des dossiers de candidature et du Collège Spécial chargé de l’élection du Président du Centre Gabonais des Elections (CGE).
Vendredi 16 Mars 2018, les partis politiques de l’Opposition et de la Majorité ont été invités à faire parvenir au Ministre en charge de l’Intérieur les listes des représentants de leurs camps politiques respectifs devant siéger à la Commission Ad hoc et au Collège Spécial.
Des réunions dans ce sens auxquelles ont pris part 44 partis de l’opposition dont l’UPG, le PSD et le PDS ont été initiées pour harmoniser les modalités de désignation des représentants de l’opposition.
Vendredi 23 Mars 2018 s’est déroulée en l’absence de l’UPG, de DN, du PSD et du PDS, l’élection des représentants des partis politique de l’opposition. Le vote à bulletin secret a donné les résultats suivants :
Pour la Commission ad hoc :
– David MBADINGA
– Jean-Pierre NDONG ABESSOLO
– Michel MENGA M’ESSONE
– Joachim MBATCHI PAMBOU
Pour le Collège Spécial :
– Pépin MONGOKODJI
– MBADINGA MAGANGA
– Philippe NZENGUE MAYILA
– INZANGA MAPANGOU-MOUCANI
– Simon Adolphe EVOUNA
Ces résultats ont été transmis au Ministre en charge de l’Intérieur par courrier, le 26 Mars 2018.
La présentation des listes concurrentes a suscité une réunion à l’initiative du Ministre avec certains partis politiques de l’opposition ayant pris part au Dialogue Politique, aux fins de tenir compte de DN, PDS et PSD.
Ainsi, le Mardi 10 Avril 2018, le Ministre en charge de l’Intérieur contacte quelques présidents des partis politiques de l’Opposition à qui il demande de libérer un poste à la Commission ad hoc et deux au Collège spécial au profit de DN, PDS et PSD.
Il faut noter que ces partis politiques ont librement choisi de participer au Gouvernement de la République, engageant de fait leur solidarité avec la politique du pouvoir en place, conformément à l’article 39 de la Constitution.
Le Mercredi 11 Avril 2018 à 17h38, alors que nous étions en réunion au Siège de RHM, Maitre MVOUBOU Noel Huissier de Justice notifier un courrier du Ministre de l’Intérieur demandant à l’Opposition d’harmoniser la désignation de ses représentants à l’échéance du vendredi 13 Avril 2018 à 18h00.
Pour montrer notre bonne foi et notre détermination à aller au bout de ce processus dans un esprit d’unité, le Jeudi 12 Avril 2018, en l’absence de toute autre initiative contraire, le groupe des 41 a adressé des correspondances invitant à une Assemblée Générale de désignation de nos représentants pour le 13 Avril 2018 à 11h00 au Siège du RHM, aux partis politiques suivants :
DN, PDS, PSD, UPG et 7MP, qui avaient également déposé chacun des listes de représentation entre le 10 et le 11 Avril 2018.
Contre toute attente, vendredi 13 Avril 2018 à 11h15, Monsieur Pierre claver MAGANGA MOUSSAVOU président du PSD a joint au téléphone le Président David MBADINGA, porte parole du groupe des 41 pour dire ce qui suit : «…ma qualité de Vice-président de la République ne me permet pas de venir vers vous, j’ai appelé des Présidents à qui j’ai informé que la réunion se tiendra à la Vice- présidence de la République ; il ne saurait être question que je prenne part à une réunion au Siège du Rassemblement Héritage et Modernité… » Fin de citation.
Selon notre entendement, le Vice-président de la République, étant rattaché à l’Institution présidentielle, ne peut recevoir dans ses locaux une réunion partisane.
Les autres partis politiques, à savoir : DN, PSD, PDS et 7MP n’ont pas cru devoir donner suite à notre invitation de concertation.
Aussi avons-nous unanimement décidé d’organiser, au nombre de 33 partis politiques, cette fois, en présence d’un Huissier de Justice, les deux élections après dissolution des précédentes listes.
Le compte-rendu des travaux a été déposé au Ministre en charge de l’Intérieur Vendredi 13 Avril 2018 à 17h18 par voie d’Huissier de Justice.
Au vue de ce qui précède, grande a été notre surprise de constater que le Ministre, dans son point de presse ait fait état des avancées significatives qui auraient abouti à un consensus pour la composition des listes rendues publiques.
Ne pouvant nous taire sur cette nouvelle mascarade, nous tenons à apporter les précisions suivantes :
- Monsieur Norbert NGOUA MEZUI de Démocratie Nouvelle (DN) a été nommé par le Ministre en charge de l’Intérieur, en lieu et place de Monsieur Joachim MBATCHI PAMBOU, élu par ses pairs à la Commission ad hoc chargée de l’examen des candidatures pour la présidence du Centre Gabonais des Elections (CGE).
- Monsieur Dosithée MOUSSAVOU du Parti pour le Développement et la Solidarité Sociale (PDS) a été nommé par le Ministre en charge de l’Intérieur, en lieu et place de Monsieur Simon Adolphe EVOUNA, élu par ses pairs au Collège Spécial chargé de l’élection du Président du Centre Gabonais des Elections (CGE).
Qu’à cela ne tienne, les partis politiques de l’opposition prennent acte des démarches et décisions unilatérales du Ministre en charge de l’Intérieur qui a délibérément pris position dans la désignation de ces membres. Le Ministre foule ainsi au pied le devoir de neutralité que lui impose la Loi, en limitant ses compétences à la mise en place des organes sus cités.
L’opposition gabonaise prend à témoin l’opinion Nationale et Internationale et met en garde contre toute autre tentative de manipulation et d’instrumentalisation des organes d’administration des élections, car elle entend prendre part à des élections libres, intègres, transparentes et crédibles.
L’opposition rend par conséquent l’Exécutif responsable de toute autre forme de dérapage, quant à la mise en œuvre du processus électoral actuel.
Enfin, l’opposition fait observer que, le Ministre justifie la non organisation des élections à l’échéance fixée par la Cour Constitutionnelle au 28 Avril 2018 par la tenue du Dialogue Politique d’Agondjé. Cependant, force est de constater que:
– Ce Dialogue s’est achevé depuis Mai 2017 ;
– les ordonnances prises en application de la révision de la constitution et du code électoral n’ont été prises que le 26 Janvier 2018 ;
– Ce n’est qu’en Mars 2018 soit huit mois après, que les partis politiques ont été invités à désigner leurs représentants dans les organes assurant l’élection du Président du Centre Gabonais des Elections (CGE).
En conséquence, l’opposition ne peut être rendue responsable du retard savamment orchestré par le gouvernement, et pour preuve, la révision annuelle des listes électorales n’est pas effective.
De même, plusieurs Institutions Républicaines n’ont pas renouvelé leurs membres à la fin de leurs mandats respectifs.
C’est le cas de la Haute Autorité de la Communication qui n’est toujours pas mise en place alors que le mandat des précédents membres est arrivé à terme depuis Juin 2017.
Le mandat des membres du Bureau du Conseil National de la Démocratie est échu depuis Décembre 2017 ;
Les membres de la Commission Nationale de Lutte contre l’enrichissement illicite sont également dans l’illégalité la plus totale.
Il s’agit ici d’un cafouillage inédit dans la gouvernance des Institutions de notre pays depuis son accession à l’indépendance en 1960. Ce cafouillage risque de plonger le pays, sous peu, dans un vide institutionnel qui traduit d’avantage l’incapacité de l’Exécutif à gérer rationnellement et efficacement le Gabon.
Le pouvoir ne respecte pas les délais et les décisions de la Cour Constitutionnelle, achevant ainsi le peu de crédibilité qui lui restait.
L’opposition n’a aucune responsabilité à assumer face à la situation moribonde dans laquelle se trouve l’Etat gabonais à tous les niveaux. S’il fallait reprendre par les mots de nos compatriotes l’inquiétude qui se lit chaque jour sur leurs visages, nous dirions avec eux pour conclure, que le pays glisse dangereusement… !
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