Gabon : la constitution plébiscitée comme une lettre à la poste

Les députés et sénateurs réunis en congrès mardi ont adopté à une écrasante majorité la nouvelle constitution du pays comme un petit jeu dans une cours de récréation.

Sur 229 votants, 204 ont voté pour, 25 ont voté contre. Aucune abstention. Ce vote est une démonstration sur la cassure du parlement gabonais en deux camps diamétralement opposés. L’opposition qui a joué à l’extrémisme et la majorité aux prises de positions tranchées.

La preuve, l’opposition parlementaire a répété haut et fort qu’elle ne votera jamais en faveur de ce texte qui correspond à une reculade de la démocratie gabonaise. La majorité a foncé la tête baissée. Ainsi donc, la mouture du gouvernement n’a connu aucun coup de bistouri. A l’Assemblée nationale comme au Sénat, les parlementaires du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) et ses alliés ont bêlé comme des moutons de panurge.

Initiateur du projet, le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba passera le réveillon de fin d’année le cœur tranquille. Tranquille de savoir que les failles qui ont failli faire basculer le Gabon en octobre 2018 lorsqu’il était victime d’un AVC ont été comblé. Tranquille aussi de savoir que lors des prochaines élections sénatoriales, il dispose désormais d’un joker, un coussin électorale capable de faire basculer la majorité en sa faveur au cas où l’opposition prenait de l’avance sur le camp du pouvoir dans cette 2ème chambre du parlement. Tranquille aussi d’avoir reprécisé avec une grande clarté les conditions pour juger un chef de l’Etat en fonction. Le flou qui prévalait dans l’ancienne version aurait incité le mouvement citoyen Appel à agir de tenter d’assigner le président de la République devant un tribunal ordinaire.

Les députés de l’opposition pourront également passer leur réveillon de fin d’année dans la tranquillité. Tranquille devant leurs âmes et consciences pour avoir prouver à leurs électeurs leur hostilité à la nouvelle constitution. Leur sit-in dans la rue en face du siège de l’Assemblée nationale restera un acte historique et héroïque. Tranquille enfin d’avoir levé les mains très haut durant le vote pour dire non.

Daniel Etienne

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