Sans doute par crainte des représailles, ils sont nombreux les médecins et pharmaciens récemment faits fonctionnaires, formés à l’Université des sciences de la santé et autres instituts dédiés, à conter leurs mésaventures et le calvaire qu’ils disent vivre dans les régions sanitaires de l’intérieur du pays où ils ont été appelés à servir pour améliorer l’offre et la qualité de soins aux usagers.
De nombreuses voix se lèvent en effet chez ces infortunés personnels de santé pour dénoncer une situation de plus en plus préoccupante, caractérisée par une précarité rampante et un dénuement alarmant dans les neuf provinces du pays où ils servent, souvent très loin de leurs contrées d’origine, apprend-on.
Ils se retrouvent dans un environnement socio-professionnel hostile, sans logements décents et sans salaire depuis qu’ils ont été régulièrement affectés en octobre 2024. Ajouté à ce sombre tableau, l’obsolescence des plateaux médico-techniques, d’équipements essentiels et de médicaments de première nécessité, compliquant davantage leur mission et la qualité des soins que les populations sont en droit de recevoir, ont-ils confié.
« Moi qui parle, j’ai été affecté en qualité de médecin à Makokou, sans numéro matricule jusqu’à présent, comme tous mes confrères d’ailleurs. Entre temps on nous demande d’être à nos postes, à l’intérieur du pays et dans les zones reculées pour la plupart, sans salaire ni logement. N’étant pas autochtones dans ces régions, comment alors nous prendre en charge, sachant que les besoins n’attendent pas ? », s’est lamenté l’un des concernés, s’exprimant sous couvert de l’anonymat.
Frustrés, démotivés et psychologiquement affectés, ces médecins et pharmaciens, nouveaux fonctionnaires, rendus vulnérables par la force des choses, regagnent parfois leurs villes et régions d’origine sans crier gare ; aggravant le désert médical dans les lieux d’affectation où leur présence était censée combler un vide rédhibitoire, explique-t-on.
Ils en appellent à une intervention d’urgence des autorités de la transition, notamment celle du président Brice Clotaire Oligui Nguéma, afin que des mesures salutaires soient prises, pour garantir des conditions décentes nécessaires à leur déploiement, pour le plus grand bien des usagers dans les hôpitaux et centres médicaux de l’intérieur du pays précisément.
Féeodora Madiba et Frida Dodo