Mort d’un jeune gabonais en prison : l’avocat charge l’Etat et l’administration pénitentiaire

Cédric Brice Apedo Yaovi Amoumou, à la fin de ses études. Il est mort à 29 ans en prison © DR

Maitre Nicaise Ondo, avocat au barreau de Libreville a dans un point de presse jeudi à Libreville exigé le retour à la prison centrale de Libreville de deux policiers placés sous mandat de dépôt pour 9 jours mais libérés après 6 jours seulement dans la rocambolesque affaire du décès en prison du jeune gabonais feu Cédric Brice Apedo Yaovi Amoumou incarcération pour consommation présumée de drogue.

« J’ai saisi la chambre d’accusation afin (…) qu’elle ordonne le Brigadier-chef Major MBADINGA Michel Judicaël et de la Lieutenant ADA OWONO Stella épouse MAMBILI a terminé l’exécution du mandat de dépôt de 9 jours puisqu’il leur restait 3 jours à exécuter », a déclaré l’avocat devant la presse et les parents de la victime.

Maitre Nicaise Ondo exige plus pour obtenir justice pour son client mort le 17 mai 2020 à la prison centrale de Libreville où il a été deux jours seulement, c’est-à-dire le 17 mai. Il demande notamment que la Chambre d’accusation « dessaisisse Madame BOUENESTSE Flore Nathalie, juge en charge du troisième cabinet d’instruction du Tribunal judiciaire de Libreville au profit d’un autre juge d’instruction ».

L’avocat accuse le juge d’instruction de légèreté dans cette affaire. Le mandat de dépôt de 9 jours décerné contre les deux policiers est insignifiant, de l’avais de Me Ondo qui demande encore à la Chambre d’accusation de prononcer « un mandat de dépôt tout court contre tous les policiers présumés auteurs du crime contre feu APEDO AMOUMOU Cédric ».

Le placement sous mandat de dépôt de tous les policiers présumés auteurs du crime contre le défunt permettra, selon Me Ondo, au « futur juge d’instruction à orienter l’instruction du côté de la maison d’arrêt afin de recueillir tous les faits qui pourraient permettre d’établir l’éventuelle responsabilité des agents de la sécurité pénitentiaire ou des co-détenus par extraordinaire » au sujet de la mort de ce jeune gabonais.

Les faits

Le mardi 12 mai 2020 aux environs de 4h – 4h30 du matin, huit (8) agents des forces de police nationale gabonaise, armées jusqu’aux dents et appartenant à l’unité de la Police appelée OCLAD ont fait irruption au domicile de feu Cédric Brice Apedo Yaovi Amoumou. Il est embarqué manu militari et gardé à vue. Le jeune étudiant en fin d’études est soupçonné d’être « un grand dealer ».

Selon l’avocat, au moment de son interpellation, les policiers ne trouvent pas de drogue chez lui, ni lors de la seconde fouille opérée à son domicile. Ils ont cependant emporté la somme de 350 000 FCFA appartenant au jeune homme. De cette somme, ils ne restitueront à la famille que 80 000 FCFA.

Pire, l’enquêteur aurait sollicité de la famille du défunt la coquette somme de 2 millions de FCFA pour annuler la procédure. La famille ne s’étant pas exécutée, le jeune homme a été présenté chez le procureur puis jeté en prison le 15 mai.

Nicaise Ondo, avocat de Cédric Brice Apedo Yaovi Amoumou © Gabonactu.com

Cédric Brice Apedo Yaovi Amoumou s’est plein d’être torturé à l’OCLAD. Le rapport de l’autopsie pratiquée sur la dépouille a révélé que la victime serait  « des suites des complications d’un trouble métabolique grave probablement une hypoglycémie. Toutefois, la victime a eu une agression physique sur la tête avec un objet contondant ».

Les parents de la victime ont porté plainte contre la Lieutenant ADA OWONO Stella épouse MAMBILI et les autres policiers de l’OCLAD et contre X, agents de la sécurité pénitentiaire pour entre autres bande organisée, association de malfaiteurs, crime, acte de torture, arrestations et séquestrations arbitraires, destruction de biens immobiliers appartenant à autrui, etc.

Le parquet de la République a fait un soit-transmis à l’Inspection de police. Le 26 août 2020, le Brigadier-chef Major MBADINGA Michel Judicaël et la Lieutenant ADA OWONO Stella épouse MAMBILI, tous deux policiers, ont été présentés au Parquet de la République.

Dans son réquisitoire d’information, le Parquet de la République affirme que pèsent sur les deux agents et sur d’autres policiers « des présomptions suffisantes d’avoir volontairement porté des coups ayant entrainé la mort d’APEDO AMOUMOU Cédric, d’avoir également tenté d’extorquer des fonds à Dame BLIVI ADOLE AKOFA Aimée (la mère de la victime) ».

C’est pour ces deux faits que les deux policiers ont été placé sous mandat de dépôt de 9 jours. Trop peu, selon l’avocat qui réclame un mandat de dépôt tout court et la poursuite de l’enquête afin que justice soit fait à son client mort dans la solitude dans une cellule de la prison centrale de Libreville, sans assistance et loin de ses parents.

Me Nicaise Ondo n’est pas aussi tendre avec l’administration pénitentiaire qui n’apporte aucune réponse aux interrogations de la famille à savoir : le Médecin de la maison d’arrêt a-t-il examiné le défunt avant d’être placé en cellule ? Si oui, dans quel état physique y a-t-il été déposé ? Dans quelles conditions ou circonstances mon client est-il décédé ? Et enfin, pourquoi le Médecin de la maison d’arrêt a refusé de remettre le corps sans vie aux parents qui s’étaient pourtant déplacés à la demande de la maison d’arrêt pour venir chercher la dépouille de leur fils toute la journée du lundi 18/05/2020 ? Pourquoi ce même médecin a préféré transférer le corps de mon client à une société mortuaire ?

Camille Boussoughou

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