Discours d’ouverture de Paulette Missambo lors de la concertation entre partis d’opposition ce lundi à Libreville

Gabonactu.com diffuse à l’attention de ses lecteurs le discours intégral prononcé par Paulette Missambo, président de l’Union nationale (UN, opposition à l’occasion de l’ouverture de la concertation des partis de l’opposition à Libreville.

Mesdames et messieurs les Présidents,

Mesdames et messieurs les représentants des différents partis,

Mesdames et messieurs les représentants des organisations de la société civile,

Distingués invités,

Chers amis, partisans du changement,

Merci à chacun d’avoir répondu à l’invitation que je vous ai adressée individuellement. Faisant suite à mon appel au rassemblement et à l’unité, j’ai adressé cette invitation à l’ensemble des formations politiques de l’opposition ainsi qu’aux principaux leaders de la société civile. Par votre présence en grand nombre, je me sens confortée dans cette démarche. Dès le lendemain de mon appel, plusieurs responsables politiques ont manifesté leur intérêt pour cette approche. Qu’ils soient ici remerciés pour leur spontanéité et pour leur marque de confiance.

L’ensemble de la presse s’est fait l’écho de cet appel. Dans l’opinion, nous avons vu naître l’espoir qu’enfin une voie était indiquée. Nous ne pouvons nous permettre de décevoir cet espoir. Nous devons donner suite aux attentes de nos compatriotes, qui veulent que nous avancions ensemble, qui expriment un désir d’alternance, qui rêvent de renouvellement dans la pratique politique comme dans la gestion de l’État.

Réaliser l’alternance démocratique pour gouverner ensemble dans l’intérêt des Gabonaises et des Gabonais : telle est l’ambition ultime qui doit être la nôtre.

Chers amis, partisans du changement,

Chacun de nous a une idée du calendrier électoral national. Chacun de nous sait l’ampleur de la tâche qui nous attend. Mais, je puis vous le dire : notre force se trouve d’abord dans notre capacité à agir ensemble. Pour réussir, nous devons commencer par nous dire les choses telles qu’elles sont.

Le pouvoir refuse le débat sur la réforme du système électoral. Nous le constatons et le regrettons. Face à cette situation, je vous propose de travailler aux voies et moyens de maîtriser et combler les insuffisances du système actuel. Je vous suggère d’envisager les prochaines élections à droit constant. Dans les meilleurs délais, nous devons engager la réflexion sur la mise en place d’un mécanisme commun de contrôle et de sécurisation des scrutins à venir. D’expérience, nous savons que le Gabon compte environ 3.000 bureaux de vote. Nous savons aussi que pour la présidentielle, il faut mobiliser près de 12.000 scrutateurs. Aucun parti politique ne peut le réaliser seul. Si le PDG se berce de l’illusion d’y parvenir c’est simplement parce qu’il bénéficie de la complicité des institutions et de l’administration. Pour ma part, je suis convaincue d’une chose : si nous conjuguons nos efforts, si nous mutualisons nos effectifs, nous y parviendrons.

Chers amis, partisans du changement,

Nous avons des atouts. Et nous devons les exploiter, sans en négliger aucun. Notre principal atout est le constant désir d’alternance du peuple gabonais. À leur corps défendant, de nombreux compatriotes se sont malheureusement détournés des urnes alors que les plus jeunes n’ont même pas été sensibilisés à l’accomplissement de ce devoir civique pourtant essentiel. Nous devons inverser cette tendance. Nous devons obtenir de nos compatriotes qu’ils s’inscrivent massivement sur les listes électorales car, c’est la condition nécessaire de l’alternance démocratique. Nous devons ensemble réfléchir au moyen de booster les inscriptions sur les listes électorales et faire reculer l’abstention. Pour ce faire, nous devons conduire une campagne de sensibilisation sans précédent. Nous devons sensibiliser tous nos compatriotes à leurs devoirs civiques. Où qu’ils se trouvent et quels qu’ils soient, nous devons les inviter à un engagement citoyen.

Nous savons que beaucoup parmi nos compatriotes sont désabusés ou désorientés par les errements du passé. Mais nous pouvons gagner et mériter leur confiance. Nous devons nous hisser à la hauteur de leurs exigences pour emporter leur adhésion. Pour ce pays qui est le leur, nos compatriotes sont prêts à de nombreux sacrifices si nous leur offrons des raisons d’y croire de nouveau. Depuis 1990, ils en ont fait la démonstration. Pour 2023, nous devons leur donner des raisons d’accomplir leur devoir et de défendre, le moment venu, la démocratie pour construire le Gabon de leur espérance.

Personne, quelle que soit sa position du moment, n’est propriétaire du Gabon. C’est aux Gabonais d’hier, d’aujourd’hui et de demain qu’appartient le Gabon. Aux Gabonais d’aujourd’hui, que nous sommes, de faire en sorte que ceux de demain, c’est-à-dire nos enfants et petits-enfants, soient fiers de vivre dans un environnement où règnent l’État de droit, la transparence, la tolérance et la redevabilité. C’est notre devoir et notre responsabilité historique. Parce que la République se construit avec des citoyens, parce que des institutions fortes se construisent avec des démocrates, nous devons convaincre nos compatriotes de faire vivre la démocratie. Nous devons les mobiliser, non par soif de pouvoir, mais parce que ce sont eux qui doivent construire la République et la démocratie. Ce sont eux qui doivent donner une âme et une direction à notre pays et à ses institutions.

Chers amis, partisans du changement,

En 2016, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne avait, selon ses propres termes, relevé des « anomalies évidentes » tout au long du processus électoral. En 2018, la Mission d’observation électorale de l’Union africaine avait mis en doute l’indépendance du Centre gabonais des élections (CGE).  Si le pouvoir en place portait un dessein collectif, il n’aurait pas été insensible à des remarques aussi cinglantes. Il leur aurait donné suite. Il aurait engagé une réforme en profondeur du système électoral national. Malheureusement, il n’en a rien été. Parce que nous croyons au Gabon, parce que nous voulons restaurer sa dignité et son honneur, nous avons fait des propositions en ce sens. À travers nos différents memoranda, nous avons dit au pays que des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées ne relèvent pas du tour de magie, qu’elles sont à notre portée, pour peu que nous jouions tous le jeu.  Et c’est possible si la volonté d’y parvenir nous habite tous.

Nous refusons cette conception avilissante et absurde qui voudrait laisser croire que les élections sont une partie de poker menteur, un jeu à qui perd gagne. Le Gabon qui croit en lui et veut construire un pays de croissance inclusive ne peut l’admettre. Il ne peut banaliser la fraude, les violences électorales et la mort de paisibles citoyens.  C’est pourquoi, nous devons malgré tout continuer notre plaidoyer pour une réforme du système électoral. Nous devons le faire pour défendre, partout et en tout lieu, notre idéal de démocratie.

Chers amis, partisans du changement,

Si nous voulons lui offrir une perspective, nous devons regarder notre pays en face. J’ai pleinement conscience que les défis sont nombreux, que l’essence s’est muée en urgence tant notre pays fait eau de toutes parts. Mais il nous faut faire montre d’audace et de courage.  

Un seul secteur suffit à illustrer l’ampleur du désastre : l’école. Dans le primaire, le taux de redoublement est de 37%, alors que la moyenne en Afrique est de 15%. Et ce chiffre est le plus élevé de tous les pays du monde où cette statistique est disponible ! Cette situation n’est pas acceptable. Pour construire un modèle républicain de réussite, il nous faut faire de l’école une priorité de premier ordre. Nous devons engager une réflexion pour redonner à notre école son lustre d’antan. Nous devons le faire pour préparer le Gabon de demain. Si nous voulons lutter contre la corruption et l’incivisme, nous devons miser sur le savoir. Par-dessus tout, nous devons réfléchir à une modernisation de l’action publique.

Je vous invite donc à construire ensemble un projet rassembleur, qui redonne confiance à nos compatriotes sur le plan collectif et sur le plan individuel. Ni l’enrichissement personnel ni les honneurs ne sont la finalité de l’engagement politique. L’engagement politique est un sacerdoce, une manière de se mettre au service de la collectivité. Voilà pourquoi nous devons porter un projet collectif pour les générations présentes et futures.

*              *

Chers amis, partisans du changement,

Je souhaite que chaque parti ici présent s’engage pleinement dans cet exercice. Je souhaite que chacun expose ses propositions, partage ses idées. J’ai indiqué quelques axes de travail. Mais, je propose que chacun les complète. Je suggère que chacun décline sa vision, ses objectifs, ses actions prioritaires ainsi que les moyens et mécanismes de mise en œuvre.

Le 27 novembre dernier à la Chambre de commerce de Libreville j’ai parlé d’un Pacte de Confiance. Tout au long de cette journée, la confiance doit guider nos intentions, gouverner nos échanges. Confiance en nous et dans ce que nous pouvons réaliser ensemble. Confiance en l’autre, qui n’est que le prolongement de nous-mêmes. Nous devrons débattre sans tabou ni arrière-pensée. Ne soyons ni complaisants ni excessifs avec nous-mêmes.

Jetons les bases d’une nouvelle et grande aventure pour l’opposition et le peuple gabonais. Parce que nous sommes riches de nos différences, nous pouvons poser les bases d’une unité nouvelle, indestructible, insubmersible.

Si nous nous accordons, rien ne pourra nous résister.  Travaillons tous ensemble à inventer l’avenir. Partageons nos idées et envisageons le futur pour tous. Ensemble, nous pouvons construire cette alternative dont rêvent les Gabonais.

Ensemble nous devons dessiner un nouvel horizon pour notre pays.

Vive l’unité de l’opposition !

Vive la démocratie véritable !

Pour que vive le Gabon !

Je vous remercie.

Gabonactu.com

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