Taux de croissance à 10% au Gabon : « De la poudre aux yeux » selon Bilie-By-Nzé

Au cours de sa dernière sortie, mardi au siège de son parti, Ensemble Pour Le Gabon (EPG) à Libreville, l’ancien candidat à la présidentielle du 12 avril dernier, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, a passé au vitriol l’annonce du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguéma, faite lors de la traditionnelle allocution du 17 août 2025, fixant la barre à 10% du taux de croissance au Gabon. Performance ‘’irréaliste’’ et promesse ‘’démagogique’’, fustige le chef de file de l’opposition, qui s’inquiète dans le même temps du « recours massif aux marchés publics de gré à gré », contraires aux principes de bonne gouvernance et néfastes pour l’attractivité économique, assène-t-il

« L’objectif économique d’atteindre 10% de taux de croissance, sans en fixer ni le cap, ni l’horizon, ni les mécanismes, interroge car il situe à rebours des prévisions de toutes les institutions financières internationales. Comment et par quel miracle va-t-on passer de 2,5% de taux croissance aujourd’hui à 10% de taux de croissance, lorsque les capacités d’investissement de l’Etat sont plombées par une dette publique dont le poids est de plus en plus important ; et que dans le même temps la trajectoire des finances publiques manque de lisibilité et de prévisibilité ? », s’est interrogé Alain-Claude Bilie-By-Nzé.

Dans la foulée, le Président d’Ensemble Pour le Gabon, pointe une gouvernance à ‘’tâtons’’, ayant pour conséquences la baisse du pouvoir d’achat, le chômage des jeunes diplômés et les difficultés d’accès à la fonction publique. Il a également dénoncé les restrictions des bourses d’études à l’étranger et la manipulation des résultats des concours d’entrée dans les grandes écoles, qui laissent selon lui la jeunesse gabonaise sans perspective.

Alain Claude Bilie-By-Nzé, accuse vertement le pouvoir en responsabilité d’agir à contre-courant de ses propres annonces et de multiplier les contradictions ‘’flagrantes’’ dans la conduite des affaires publiques, notamment sur certains dossiers brûlants pour lesquels la justice est saisie.

« On a le Président Ali Bongo, dont l’exécutif actuel nous a martelé qu’aucune charge ne pèse contre lui et qu’il pouvait sortir à tout moment. Il est sorti et on a l’exécutif qui porte plainte contre lui. Pourquoi n’avoir pas porté plainte contre lui au Gabon ? Pourquoi attendre qu’il soit à l’étranger pour porter plainte contre lui ? Première contradiction. La deuxième contradiction, c’est que l’exécutif nous a dit qu’il y aura un jugement, que Madame Sylvia Bongo et Nourredin Bongo seraient jugés. Et puis, ils sont sortis du Gabon sans qu’on ne nous dise pourquoi ils sont sortis. C’est une puissance étrangère qui nous annonce qu’ils sont sortis. Nous sommes restés interrogatifs, nous et l’ensemble du peuple gabonais. Sur ces deux sujets, l’exécutif n’a rien dit. Silence », a fait observer pour s’indigner Alain Claude Bilie-By-Nzé.

Ce silence du gouvernement sur certaines questions diplomatiques sensibles écœure aussi le Président d’Ensemble Pour le Gabon qui relève notamment le mutisme du chef de l’Etat, Brice Clotaire Oligui Nguéma, dans son allocution du 17 août sur la question relative à la souveraineté sur l’Île Mbanié.

« On y a magnifié l’indépendance, on y a magnifié la souveraineté, on a rendu hommage aux pères fondateurs, mais rien n’a été dit sur l’Île Mbanié. Comment peut-on célébrer l’indépendance en fanfare, sans rien dire sur la situation exacte à ce jour de l’Île Mbanié après la décision de la Cour internationale de justice ? A-t-on définitivement perdu cette île ? Il faut qu’on nous dise. Et qu’en est-il des territoires, des localités situées non loin de Mongomo et Ebebeyin, dont on nous avait dit, avec triomphalisme, qu’elles allaient maintenant entrer au Gabon, où en est-on aujourd’hui ? Où en est-on avec la fameuse commission dédiée à ce dossier ? Le peuple gabonais veut savoir. Le silence dans ce domaine n’effacera pas la blessure profonde que constitue pour notre pays et son peuple, la perte de Mbanié », regrette Alain-Claude Bilie-By-Nzé.  

Enfin, l’ancien Premier ministre accuse les autorités actuelles d’instrumentaliser la justice et d’encourager des attaques ciblées contre les journalistes et les activistes qui osent critiquer la gouvernance actuelle. Il estime que la démocratie gabonaise est affaiblie par l’absence de libertés réelles et par le financement inégal des partis politiques, qui favorise les partis proches du pouvoir.

« Ensemble Pour le Gabon, parti politique de l’opposition entend se tenir aux côtés des populations gabonaises face aux dérives du pouvoir. Notre vigilance sera de tous les instants », a prévenu Alain-Claude Bilie-By-Nzé.

Elliott Ana Merveille et Christina Thélin Ondo

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