Pourquoi je choisis de soutenir le projet de société d’Oligui Nguema (Tribune libre par Ike Ngouoni)

Ike Ngouoni Aila Oyouomi, ancien porte parole de la présidence gabonaise sous Ali Bongo Ondimba a décidé de soutenir Brice Clotaire Oligui Nguema. Dans une libre tribune, il explique pourquoi ?

Il y a des décisions politiques qui relèvent de la raison, et d’autres du cœur. Mon soutien au projet de société du Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, procède des deux. Il est à la fois l’expression d’une conviction profonde et d’un acte de reconnaissance personnelle.

J’ai pris le temps de la réflexion. J’ai écouté, lu, comparé. Depuis plusieurs mois, dans un esprit de responsabilité, je me suis abstenu de toute prise de position partisane, convaincu que seul un débat sérieux sur les projets pouvait guider nos choix collectifs. Aujourd’hui, à l’ouverture de cette campagne présidentielle décisive, le moment est venu de parler avec clarté.

Car la vérité est simple : à ce jour, seuls deux candidats ont présenté au peuple gabonais un véritable projet de société structuré, complet, public : le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, et M. Joseph Lapensée Essingone. Les autres, à l’image de M. Bilie By Nze ou de M. Stéphane Germain Iloko Boussengui, se sont contentés d’annoncer des mesures, des intentions, des slogans. Mais aucun cadre d’ensemble, aucune vision à long terme, aucune méthode rigoureuse. Ce choix du flou ne peut être ignoré, car il en dit long sur la conception du pouvoir.

En tant qu’homme engagé pour la transformation du Gabon, je ne peux rester insensible à ce vide politique. Mais mon engagement ne relève pas uniquement de l’analyse. Il est aussi nourri par une histoire intime et douloureuse.

Pendant plus de quatre ans et demi, j’ai été privé de liberté. Injustement accusé, condamné dans des conditions iniques, infâmantes, arbitraires. J’ai connu les murs, l’isolement, le silence. Mais j’ai aussi tenu, porté par une foi inébranlable : foi en Dieu, foi en la justice, et foi dans le destin de mon pays.

Ma libération, je la dois à une seule volonté politique : celle du Président Brice Clotaire Oligui Nguema. Il n’a pas cherché à plaire, ni à punir, mais à rétablir ce qui était juste. Cet acte, pour moi, a une valeur immense. Il a mis fin à une injustice, il a rouvert l’horizon. Et le 3 avril prochain, cela fera exactement un an que je suis libre. Un an que j’ai retrouvé ma voix. Un an que je prépare, en silence, ce moment.

Alors oui, ce soutien est aussi un acte de reconnaissance. Mais il n’est ni aveugle ni intéressé. Il s’agit d’un choix mûri, lucide, assumé. Car le projet de société du Président Oligui, tel qu’il a été présenté au peuple gabonais, est à mes yeux le seul à même d’ancrer durablement notre pays dans une dynamique de refondation réelle, de souveraineté assumée et de justice restaurée.

I. L’état de l’offre politique : entre silences stratégiques et postures électoralistes

Une élection présidentielle n’est pas un concours d’éloquence ni une bataille de slogans. C’est, avant toute chose, une confrontation de visions. C’est l’instant où chaque candidat est tenu de répondre à une question fondamentale : Quelle société voulons-nous construire ensemble ?

Or, à ce jour, le paysage politique gabonais présente une situation préoccupante : la plupart des candidats n’ont pas publié de projet de société. Ce n’est pas un détail, c’est un symptôme.

Prenons le cas de M. Bilie By Nze. Ancien Premier ministre, figure expérimentée de la vie publique, son entrée en campagne était attendue. Et pourtant, jusqu’ici, il s’est contenté de dérouler une série de mesures pour ses 100 premiers jours, annoncées sans articulation stratégique, sans cadre idéologique, sans vision globale. Où est le diagnostic de la situation nationale ? Où sont les priorités structurantes ? Quelle gouvernance propose-t-il ? Quel modèle d’État, quel projet d’éducation, de justice sociale, de développement territorial ? Rien de clair.

Pire encore, sa campagne semble s’inspirer d’une communication importée et déconnectée de notre réalité. Il n’est un secret pour personne que l’image de la tronçonneuse, utilisée récemment dans ses prises de parole publiques, est un copier-coller de la campagne du président argentin Javier Milei, connu pour sa politique ultralibérale de coupe drastique dans les dépenses publiques. Le Gabon n’est pas l’Argentine. Nous ne sommes pas une puissance industrielle avec un appareil d’État surdimensionné. Nous avons besoin de plus d’État, de meilleurs services publics, pas d’austérité brutale. Notre peuple a déjà payé le prix fort de décennies d’abandon et de précarité. Lui demander encore de “se serrer la ceinture” relève d’un aveuglement coupable.

Un projet de société ne se résume pas à des slogans, ni à un calendrier de 100 jours. Il suppose une vision, une philosophie politique, une méthode, une cohérence. Et cela manque cruellement.

Du côté de M. Joseph Lapensée Essingone, le projet publié mérite d’être salué pour son effort de formalisation. Mais à la lecture attentive, une proposition m’a profondément choqué : celle de fusionner le Gabon avec la Guinée équatoriale. Cette idée, aussi spectaculaire soit-elle dans la forme, me semble fondamentalement inacceptable dans le fond. Elle pose d’innombrables questions de souveraineté, d’identité nationale, de gouvernance. Elle trahit un imaginaire technocratique, déconnecté des attentes réelles des Gabonais, qui aspirent avant tout à retrouver la maîtrise de leur destin, sur leur sol, avec leurs institutions, et leur contrat social.

Enfin, je me dois de dire un mot sur la posture de M. Stéphane Germain Iloko Boussengui. À ce jour, il ne semble pas avoir publié de véritable projet de société. Sa stratégie repose sur une rhétorique de slogans, sur des attaques personnelles contre ses adversaires, et sur des promesses irréalistes, faisant croire que tout pourrait devenir gratuit par simple volonté. La politique ne peut pas être réduite à un concours de bons mots ou à une distribution de rêves sans moyens. Pire encore, certaines de ses récentes déclarations publiques, notamment à Port-Gentil, où il aurait évoqué le “rapport de force entre communautés”, suscitent l’inquiétude. Ce type de discours flirte avec une dangereuse ligne rouge, celle du repli identitaire, à l’opposé de l’unité nationale dont notre pays a aujourd’hui besoin.

II. La nécessité d’un projet structuré, lisible et souverainiste

Nous vivons un moment exceptionnel de notre histoire. La Transition ouverte en août 2023 a rouvert une fenêtre rare : celle d’une refondation politique, sociale et institutionnelle. Mais cette opportunité n’a de sens que si elle s’accompagne d’un effort collectif de lucidité, d’ambition et de méthode. C’est dans cette perspective que le projet de société retrouve tout son sens. Il ne s’agit pas d’un exercice académique, mais du socle sur lequel s’élèvera, ou non, la République nouvelle que nous appelons de nos vœux.

Un projet de société ne se réduit pas à une liste de mesures. Il doit répondre à trois exigences fondamentales :

            •Une vision claire : Où allons-nous ? Pour quoi faire ? Quel type de société voulons-nous léguer à nos enfants ?

            •Un diagnostic sincère : Quelles sont nos failles ? Nos blocages ? Nos forces inexploitées ?

            •Une stratégie cohérente : Comment passer de l’intention à l’action ? Avec quels moyens, quelle gouvernance, quelle temporalité ?

C’est cette exigence que j’ai retrouvée dans le projet présenté par le Président de la Transition. Ce projet assume une ambition de transformation profonde, sans verser dans la facilité. Il part du réel, s’appuie sur un langage de vérité, et trace des perspectives structurantes. Il parle d’institutions à réformer, d’un État à restaurer, d’une gouvernance à moraliser, de services publics à reconstruire, d’une jeunesse à réhabiliter. Ce projet articule le temps court des urgences et le temps long des fondations.

À l’inverse, certains projets ou déclarations publiques trahissent une approche technocratique, incantatoire, voire dangereuse.

J’y reviens : la proposition de fusion entre le Gabon et la Guinée équatoriale, formulée par M. Lapensée Essingone, constitue une rupture profonde avec l’idée même de souveraineté. Il ne s’agit pas ici de rejeter l’intégration sous-régionale ou la coopération bilatérale. Il s’agit de rappeler que le peuple gabonais a droit à son identité politique, à ses institutions, à ses choix propres. Une fusion institutionnelle, sans débat national préalable, sans mandat populaire clair, serait un acte d’une extrême gravité, et une mise en danger de notre souveraineté.

Face à ces projets flous, irréalistes ou inquiétants, je fais le choix d’un projet pragmatique, lisible, souverainiste, progressiste, porté par un homme qui a su incarner, dans les mois écoulés, une forme de stabilité, d’écoute et de volonté réformatrice.

III. Pourquoi ce projet résonne avec mes convictions profondes

Mon engagement politique ne date pas d’hier. Il s’est forgé dans la rigueur, dans l’épreuve, dans la volonté constante de contribuer à un Gabon plus juste, plus digne, plus fort. Je n’ai pas l’ambition personnelle de briguer une fonction élective dans le cadre de cette élection présidentielle. Je ne suis pas candidat. Ce que j’ai proposé, ce ne sont pas des promesses électorales, mais une orientation politique, un socle de valeurs et des axes stratégiques pour la transformation du pays.

Lorsque j’ai présenté ces orientations, elles reposaient sur des principes clairs : la dignité humaine, la restauration de la souveraineté nationale, l’efficacité de l’État, la réconciliation nationale, l’investissement dans la jeunesse, l’égalité des chances, la réforme des partis politiques et la moralisation de la vie publique. Ces valeurs ne sont pas négociables.

En découvrant le projet de société du Président Oligui Nguema, j’ai retrouvé ces lignes directrices, presque mot pour mot. Ce n’est pas une question de style ou de rhétorique : c’est une question de vision partagée. Nous sommes nombreux, au Gabon, à vouloir rompre avec les dérives du passé sans tomber dans les mirages populistes. À vouloir une République qui protège, qui investit dans l’avenir, qui respecte ses citoyens, qui élève les plus faibles au lieu de flatter les puissants.

Ce projet parle à la jeunesse, ma première priorité. Il reconnaît que notre pays ne peut se reconstruire sans une génération formée, éduquée, équipée, responsabilisée. Il parle de formation professionnelle, de réforme de l’éducation, de création d’emplois décents, de lutte contre le désœuvrement. Il ne se contente pas de dire “les jeunes sont l’avenir” : il propose des leviers concrets pour qu’ils construisent cet avenir.

Ce projet parle aussi à ceux qui ont été humiliés, exclus, réduits au silence. Il assume la volonté de restaurer la justice, de corriger les abus, de lutter contre la corruption, d’assainir la fonction publique, de redonner confiance dans la chose publique. Ces combats sont les miens. Ils sont ceux de tous les Gabonais sincères.

Enfin, ce projet assume un lien fort avec la spiritualité, la morale, l’idée que le pouvoir n’est pas une fin, mais un service. C’est une vision du leadership qui m’est profondément familière : celle d’un engagement au service du bien commun, non d’une accumulation de privilèges. Je me reconnais dans cette conception.

Soutenir ce projet, ce n’est donc pas me renier. C’est reconnaître une cohérence, une continuité, une convergence entre mes orientations stratégiques et cette feuille de route nationale.

IV. Un choix de clarté, de responsabilité et d’avenir

Ce que je défends ici, ce n’est pas une allégeance, encore moins une stratégie politicienne. C’est un choix de clarté dans un moment décisif pour notre pays. Un choix de responsabilité, fondé sur l’analyse rigoureuse des faits, la cohérence des projets, la crédibilité des acteurs.

Je refuse de participer à la confusion actuelle, où les slogans remplacent les idées, où les attaques personnelles prennent le pas sur les propositions, où certains cherchent à se faire un nom sans jamais dire ce qu’ils feraient du pouvoir s’ils l’obtenaient. La politique ne doit pas être un exercice d’illusion, mais un acte de vérité.

Je fais donc le choix de soutenir le projet de société du Président Brice Clotaire Oligui Nguema, parce qu’il répond à trois exigences majeures :

            •Il est structuré, lisible, accessible à tous : chaque Gabonais peut en comprendre les priorités et les mécanismes.

            •Il est souverainiste, ancré dans notre réalité nationale : il ne promet ni miracles, ni fusions hasardeuses, ni utopies détachées du terrain.

            •Il est porté par un homme qui a déjà fait ses preuves, en restaurant une forme d’autorité morale, en réhabilitant les oubliés, en rendant justice là où elle avait été confisquée.

Ce soutien est aussi, je le redis, un acte de reconnaissance. Le 3 avril 2024, il y aura exactement un an que j’ai été libéré après plus de quatre ans et demi d’une incarcération injuste, arbitraire et infamante. Cette liberté retrouvée, je la dois à un homme : Brice Clotaire Oligui Nguema. Il aurait pu ignorer. Il a choisi de réparer. Je n’oublie pas.

Mais au-delà de ma trajectoire personnelle, c’est le destin collectif du Gabon qui est en jeu. Et je m’adresse ici à la jeunesse, cette jeunesse que l’on a trop souvent instrumentalisée, utilisée comme faire-valoir ou comme décor de campagne. Je veux lui dire ceci :

Votre avenir ne peut pas reposer sur des promesses creuses. Lisez les projets. Analysez les propositions. Écoutez ceux qui parlent de vous, mais aussi ceux qui parlent avec vous. Faites le choix de l’exigence. Ne laissez personne penser à votre place.

La présidentielle qui vient ne doit pas être une répétition des erreurs d’hier. Elle doit marquer le début d’un nouvel ordre républicain, fondé sur le mérite, la responsabilité, la solidarité, la justice. Un Gabon qui croit en lui-même, en ses forces vives, en sa jeunesse, en sa capacité à se réinventer.

Je prends mes responsabilités. J’apporte mon soutien à Brice Clotaire Oligui Nguema. Avec lucidité. Avec espoir. Et avec la foi — la foi en Dieu, en la justice, et en l’avenir du Gabon.

Ike NGOUONI AILA OYOUOMI, Président d’AILA cabinet de conseil en stratégie.

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