Traditionnellement dominé par des femmes et des sujets expatriés dans une écrasante majorité, le secteur de l’onglerie connaît un renouveau grâce à l’arrivée de jeunes entrepreneurs masculins. C’est le cas de ces jeunes hommes gabonais, de plus en plus visibles dans les rues et avenues de Libreville, rivalisant de talent et d’adresse dans l’exercice de ce métier, précisément au rond-point Nzeng-Ayong, dans le 6ème arrondissement de Libreville, très sollicités en ces temps de fêtes par une clientèle enthousiastes et manifestement satisfaites par la qualité des services.
Selon toute vraisemblance, l’entrepreneuriat des jeunes hommes dans le secteur de la manucure et de la pédicure représente un phénomène émergent qui reflète les évolutions sociétales et les aspirations des nouvelles générations, à se prendre en charge, selon l’adage qui voudrait désormais qu’il n’y ait ni chasse gardée, encore moins de sots métiers.
« Nous sommes très contents des efforts que nous fournissons, car nous nous sommes lancés dans l’entrepreneuriat, autrefois nous étions focalisés sur le travail de bureau, mais suivant les orientations du président de la transition, depuis sa prise de pouvoir, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma, encourage régulièrement les jeunes gabonais à se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous nous investissement à cœur joie dans ce métier », a déclaré Glenn Bouanga, un des nouveaux spécialistes de l’onglerie.
Leur créativité, leur innovation et leur capacité à répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante témoignent de toute évidence de l’essor du secteur et de la volonté de s’affirmer sur des marchés en pleine évolution. Bien qu’ils témoignent être parfois embêtés par les agents des services municipaux, ces nouveaux maîtres de la manucure et de la pédicure n’entendent nullement baisser les bras, car le métier nourrit l’homme.
« Sincèrement, j’ignorais qu’on gagnait autant d’argent dans ce métier et que ça pouvait être une activité, une profession à part entière et pour la vie. En ce moment, avec les fêtes, je ne rentre pas le soir avec moins de 25 000 par jour, quand j’ai fini de refaire mes stocks de produits et autres consommables pour le lendemain. Ça me rapporte, hors charge, entre 300 et 400 000 par mois, franchement je n’ai rien à envier à un fonctionnaire », avoue tout sourire Junior Ondo qui se dit être ironiquement être technicien supérieur en manucure et pédicure.
La montée en puissance de ce phénomène témoigne, pour tout dire, d’une prise de conscience croissante de l’importance de l’authenticité et de l’engagement social dans le développement de l’entrepreunariat et la prise en mains de l’économie sociale, au sein d’une société gabonaise dont des pans entiers des secteurs d’activités lucratives échappaient au contrôle des autochtones, avec toutes les conséquences liées notamment au chômage des jeunes à la fuite des capitaux.
« C’est un travail remarquable que ces jeunes hommes gabonais pratiquent, ils sont très dynamiques et motivés et c’est rare de voir des jeunes hommes faire le travail autrefois réservé aux femmes et ils le font très bien en plus. C’est pourquoi je reviens à chaque fois car je suis satisfaite du rendu », admet volontiers une cliente.
En s’impliquant dans un secteur de l’onglerie, encore largement perçu comme féminin, les jeunes entrepreneurs contribuent non seulement à diversifier le marché de la beauté et du bien-être au Gabon, mais aussi à remettre en question les stéréotypes de genre.
Il reste que les pouvoirs publics accompagnent cette dynamique par divers mécanismes d’incitation et d’encouragement ; des opportunités d’accès aux financements pour moderniser le secteur ; ainsi que des passerelles d’encadrement administratif pour en faire un secteur d’activité attractif et valorisant pour les opérateurs.
Les filets de sécurité sociale, système d’épargne retraite notamment, devraient également être déployés en direction des professionnels du secteur, organisés dans le cadre d’un régime des travailleurs mobiles indépendants, à l’instar de ce qui se fait déjà sous d’autres cieux et pas bien loin.
Alph’-Whilem Eslie et Frida Dodo