La nouvelle constitution énonce clairement  l’équilibre et les contrepouvoirs, selon Johanna Boussamba du Copil Citoyen

Dans un entretien exclusif accordé à Gabonactu.com, Johanna Boussamba, chargée de la communication du Copil Citoyen et responsable communication de la coordination nationale pour le « oui » à la nouvelle constitution, section Estuaire, a, fait comprendre que la nouvelle constitution qui sera soumise au référendum le 16 novembre prochain, énonce clairement l’équilibre et les contrepouvoirs, gagent d’une véritable avancée démocratique au Gabon.

Gabonactu.com : Le Copil Citoyen est perçu comme une structure souvent frondeuse. Membre influent de ce mouvement, vous militez pour le oui au prochain referendum. Pour quelles raisons ?

Johanna Boussamba : Le Copil citoyen est avant tout une structure citoyenne, républicaine et démocratique. À ce titre, elle a toujours été très exigeante sur les principes de démocratie participative. Elle est donc ouverte au débat. Le Copil citoyen s’est déterminé après un débat interne et de nombreux échanges entre ses membres. À l’issue de la consultation, le mouvement s’est positionné en faveur du Oui à la Constitution. Je m’en félicite. Les raisons de voter Oui à cette Constitution sont nombreuses. De manière générale, le texte qui nous est proposé correspond aux attentes des Gabonaises et des Gabonais. Il insiste d’emblée sur le socle de valeurs que nous avons en partage, la dignité humaine, la solidarité, le patriotisme, la justice pour ne citer que ceux-là.

Ensuite, il apporte de la clarté sur des sujets sociaux majeurs comme la famille, le mariage en revenant à ce qui fait aujourd’hui consensus dans la société gabonaise comme le fait que le mariage, c’est l’union de deux personnes de sexes opposés. Sur le plan institutionnel, il clarifie les règles du jeu politique et modernise les institutions. En effet, les règles de l’élection présidentielle sont fixées conformément aux meilleurs standards démocratiques avec une élection à deux tours au scrutin uninominal direct, les critères d’éligibilité sont rénovés et tiennent désormais compte des exigences de souveraineté nationale et de renouvellement démocratique avec, à la fois, la nécessité d’être Gabonais d’origine, être âgé de 35 à 70 ans et la possibilité de ne faire que deux mandats.

Enfin, le caractère intangible de plusieurs dispositions renforce les garanties acquises. Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive.

Gabonactu.com :  Pensez-vous que cette Constitution est une avancée pour solidifier les institutions gabonaises et permettre la consolidation d’une réelle démocratie au Gabon ?

Johanna Boussamba : La réponse est clairement oui ! C’est même au cœur de l’esprit de cette Constitution qui ne sera plus un document malléable et modifiable à souhait entre les mains des élites et des puissants. En sa qualité de Loi fondamentale, elle permet de donner de la force aux institutions et non uniquement aux personnes qui les dirigent. C’est une avancée majeure. Je pense aussi à la respiration démocratique que constitue l’impossibilité de renouveler le mandat plus d’une fois et qui ouvre la voie à l’alternance au sommet de l’Etat.

Notre nouvelle Constitution va également nous prémunir contre l’instabilité politique puisque le Gouvernement ne peut être renversé par une motion de censure. D’un autre côté, plus aucun parlementaire ne sera nommé et l’élection sera le seul mode de désignation des représentants du peuple. Pour la première fois dans une Constitution au Gabon, la société civile est clairement évoquée et avec elle la démocratie participative. C’est la garantie qu’il n’y aura pas un entre-soi entre politiciens et qu’une voix citoyenne pourra être entendue dans des institutions comme le Conseil économique et social et, pourquoi pas, demain au Parlement un groupe d’élus de la société civile.

Enfin, le caractère intangible de plusieurs dispositions comme le caractère pluraliste de la démocratie, la séparation des pouvoirs, le nombre de mandats présidentiels, la forme républicaine et décentralisée de l’État sont de nature à ancrer notre pays dans la démocratie que nous espérons.

Gabonactu.com : Les détracteurs de cette Constitution, les partisans du non, ont-t-ils tort ?

Johanna Boussamba : Il ne s’agit pas de stigmatiser les partisans du non ou de les invectiver. Déjà le fait qu’ils puissent faire publiquement et ouvertement campagne en relayant leur position sur les médias publics et privés nationaux est en soi une preuve éclatante du caractère contradictoire du processus en cours. C’est déjà une bonne chose. Ensuite, sur de nombreux aspects qui tournent essentiellement autour des prérogatives du Président de la République, il y a beaucoup de mauvaise foi et de tentative d’intoxication intellectuelle de certains acteurs qui veulent faire croire des choses qui n’existent pas. Les mêmes qui ont applaudi et légitimé les errements du régime précédent avec le bulletin unique, la nomination des sénateurs par le Président de la République, la création ubuesque d’un triumvirat en cas d’empêchement du Président ou la gestion du pays par des personnes ayant acquis la nationalité de fraîche date, voudraient nous faire croire que des périls plus grands nous attendent avec cette nouvelle Constitution que ce qu’ils ont eux-mêmes suscité. Quel culot !

D’autres avancent également l’absence de séparation des pouvoirs mais n’ont pas lu le texte constitutionnel proposé au référendum car c’est tout l’inverse. Pour la première fois au Gabon, on sait clairement qui gouverne, c’est le Président. On sait qui légifère, c’est le Parlement et on sait qui administre la Justice, ce sont les juges. Tout est clair et équilibré. Mieux, il existe de vrais contrepouvoirs avec la possibilité de mettre en accusation le Président de la République en cas de violation du serment ou de haute trahison, de dissoudre le Parlement une seule fois durant le mandat et de traduire devant la Haute Cour de Justice les hauts magistrats ainsi que les membres du Gouvernement et des hautes cours. Ce sont des garde-fous et de vrais moyens de s’assurer que l’impunité totale n’existera plus dans notre pays. En tant que citoyenne engagée, je me satisfais de ces avancées majeures.

 

Propos recueillis par Sydney IVEMBI

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