Le maquis intellectuel de Timothée Mémey

Aujourd’hui le grand banditisme dans les quartiers. Bonne lecture !

Ces dernières décennies sont un enfer pour les habitants du Gabon qui vivent une psychose. Les villes gabonaises se transforment petit à petit en de véritables jungles urbaines où le plus fort  ‘’mange’’ le plus faible.

Libreville et Port-Gentil, les deux capitales sont un bel  échantillon de cette insécurité qui, chaque jour, explose de partout.

Telle une invasion acridienne, les gangs écument nos rues et font irruption dans nos domiciles sous le regard impuissant des individus pourtant payés pour assurer notre sécurité.

Sans donner dans l’exagération maladive comme seraient tentés de le penser quelques idiots qui, du fond de leurs forteresses sous haute sécurité, sont loin de connaître la réalité du terrain, une chose est sure, dans une vingtaine d’années, si rien n’est fait, le Gabon court le risque de caracoler au sommet du top 10 des pays où les courbes statistiques en matière de criminalité grimpent chaque jour de façon exponentielle.

Ainsi, le Gabon pourrait jouer dans le pool des pays comme Haïti, les Etats-Unis, l’Afrique du Sud et le Nigéria qui ont atteint un taux de criminalité record.  A moins de faire la politique de l’autruche, pour ne pas l’admettre.

Les crimes de sang, braquages armés ébranlent notre confort social et nous donnent l’insomnie. Il ne se passe pas un jour sans que la presse ne relaye des cas de forfaits commis par cette pépinière de brigands.

Dernier fait en date, c’est cette attaque au couteau perpétrée sous l’échangeur de l’ancienne RTG et qui a couté la vie à une jeune dame et mère  le 02 avril 2024.

Le jeune délinquant qui a assassiné Jessica, est, nous apprend-on, un repris de justice. Sur sa tronche, que dis-je, son portrait publié par la presse, on y voit un homme d’un peu plus d’une vingtaine d’années,  regard hagard qui avait tout d’un psychopathe sous l’effet de substances illicites écoulées sur le marché noire.

A écouter ses aveux, maitresse des preuves,  qui sont d’une cohérence digne d’un tueur en série, on découvre, ahuri, qu’il avait déjà mis fin à la vie d’une douzaine de personnes pour la ‘’libération de leurs âmes’’, disait-il dignement. Ces crimes, selon lui, sont le fait d’une ‘’révélation’’ divine.

Comment un tel danger public a pu se soustraire des mailles des forces de l’ordre et perpétrer autant de crimes avec une facilité déconcertante ?

Il était pourtant connu du fichier « S »,  des services spécialisés dans la traque du grand banditisme puisqu’il avait déjà été emprisonné le 06 juillet 2022 ! Un suivi judiciaire aurait-il failli ? Un bracelet électronique aurait-fait l’affaire ? Une confidence. Les Sénégalais l’expérimentent. Une première en Afrique de l’ouest. Une alternative à la prison.   

Comme par coïncidence à ce crime, 562 bagnards viennent de bénéficier de la grâce présidentielle. Parmi eux, on trouve des braqueurs invétérés, des multirécidivistes. On trouve aussi ceux injustement embastillés soit pour délit de faciès, abus d’autorité,   voie de faits, règlement de comptes, certains étaient peut-être là, soit au mauvais endroit et au mauvais moment, ajouté à cela des enquêtes sommairement menées ayant causé du tort à beaucoup d’entre eux.

Tous sont reconnaissants du geste, oh combien salutaire, du messie Brice Clotaire Oligui Nguema qui a fait acte de grande bonté, et sont même prêts à donner leurs vies au service de son éternité au pouvoir et à prier pour sa ‘’nobélisation’’.

Depuis qu’ils ont été graciés, on voit déambuler de jour comme de nuit, dans des pivots  de nos quartiers, des gens aux visages burinés et aux yeux comme teintés à l’ancre rouge.

Les stupéfiants, barbituriques et drogues dures, sont désormais vendus à flux tendu par les réseaux libanais et nigérians. Ils en consomment ouvertement comme si le Gabon avait déjà acté la légalisation de la consommation de ces substances prohibées.

Après s’être shootés à la drogue, ils s’arment de leurs ‘’outils de travail’’ et se lancent, comme des fauves, à la recherche des proies. L’on assiste désormais à un boom des braquages. Mettre son nez dehors dès la nuit tombée est un suicide programmé.

L’Office central de  lutte anti-drogue (OCLAD), la Brigade anti criminel (BAC), l’Unité spéciale, me donnent l’impression de nager dans le jus. Ces trois entités sont comme dépassées par la montée du grand banditisme.

A cette allure, comme l’Etat peine à assurer la sécurité des personnes et des biens, il ne serait pas étonnant que les populations ‘’réactivent’’ des groupes d’auto-défense à l’exemple de la « police bangandos » lancée dans les PK. Et bonjour les dérapages, lynchages et autres expéditions punitives qui sont à redouter. Un problème dans un autre problème.

Aujourd’hui on a besoin d’une entité spécialisée dans le nettoyage de la racaille de la pire espèce comme du temps de la légendaire Sécurité mobile du général Mbele, du général Eyeghé alors Préfet de police, les Yembi et autres  Mboumbou qui avaient fait un travail  au karcher contre la grande fripouillerie.

Aujourd’hui, selon des indiscrétions, les forces de l’ordre seraient face à un problème de moyens. Ceux à eux alloués sont très insignifiants à côté des lourdes missions qui sont les leurs. Au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) de s’y  pencher sérieusement car la sécurité des habitants et des biens du Gabon en dépend.   

Timothée Mémey, journaliste indépendant, chroniqueur libre

NB : cette chronique ne reflète pas le point de vue de la rédaction

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