De la nécessité d’un pacte intergénérationnel comme fondement d’un récit national (billet de ‘’l’Homme de BKB’’)

Visité aux premières lueurs du champ du coq ici dans la « forêt primaire de la Lékoko » (G2-Gabon), notre imagination nous a rappelé à nouveau aux enseignements qui fondent l’âme des tribus, clans qui forgent le peuple Gabonais et moulent la Nation, aux côtés des valeurs et des Institutions officielles de la République.

Au chapitre second de ces enseignements, il est une sagesse qu’il nous faut rappeler pour donner tout son sens au présent appel à tous les gabonais sans clivages politiques, générationnels, ni de genres : « la jeunesse est une dette envers le passé qui l’a engendré ».

La seule ambition des développements qui vont nous occuper, c’est en dépit des fragmentations sociales et politiques certaines qui opposent légitimement de nombreux compatriotes, de poser les bases d’une prise de conscience et d’un consensus National transpartisan sur les conditions d’une renaissance nécessaire de notre Nation. Cet impératif qui nous semble devoir reposer sur la construction d’un récit national partagé et légué aux nouvelles générations, nous est commandé par les leçons qu’il nous faut avec lucidité et courage, tirer de la trajectoire politique et sociale qu’a connu notre pays, du soleil des indépendances à nos jours.

La convocation de la grille d’analyse du Gabon ontologique invite en effet à observer en premier lieu, que depuis plus de deux décennies, notre pays est le théâtre d’une crise très profonde des rapports sociaux intergénérationnels dont les fondements semblent avoir été brusquement rompus par des générations successives de femmes et d’hommes politiques et de la société civile, qui n’ont semble-t-il pas su ériger des digues suffisamment solides pour imprimer l’empreinte des valeurs positives de la civilisation bantou dans la marche de la société et de la République.

En effet, en dépit de la proclamation par la constitution de l’attachement du Peuple gabonais à ses valeurs sociales profondes et traditionnelles, à son patrimoine culturel, matériel et spirituel, la société gabonaise et l’appareil d’État demeurent depuis de nombreuses années, le théâtre d’innombrables conflits intergénérationnels qui sont le véritable ferment des crispations politiques et sociales qu’il nous faut aujourd’hui décrisper. Nous y sommes tous contraints par notre histoire commune et le plus prochain futur de notre Nation, mais davantage par le contexte géopolitique mondial que chacun sait lire.

Ces conflits intergénérationnels résultent manifestement, d’une inadéquation entre les modalités du renouvèlement des élites politiques et dirigeantes de l’appareil d’État et les fondements sociologiques de l’autorité morale dans le contexte gabonais. Ainsi, la solidarité intergénérationnelle et le droit d’ainesse qui caractérisaient traditionnellement les rapports au sein de la famille notamment, semblent aujourd’hui avoir cédé la place à des logiques de lutte d’influence et de démarcation radicale à l’égard des valeurs et normes coutumières et traditionnelles positives qui fondaient autrefois, les rapports entre les générations.

Ce constat résulte d’un sondage mené via le réseau social WhatsApp sur un échantillon de 175 personnes. De l’analyse des résultats de celui-ci, il ressort que 89 % des sondés estiment que les rapports conflictuels entre générations sont à l’origine des crispations du climat politique et social. Ces conflits sont favorisés par la fragilité sociale de nombreux ainés investis de l’autorité morale au sein de leurs familles et communautés respectives, conjuguée à l’essor de nouvelles générations d’élites administratives et politiques dont la fragilité de la légitimité sociale semble manifestement contrarier les équilibres sociaux traditionnels. Lesdits équilibres tiennent moins au prestige des attributs politiques et administratifs qu’aux symboles des valeurs intemporelles qui fondent la culture nationale, notamment la fonction sociale reconnue aux Anciens. Il est entendu que le statut d’Ancien ici est débarrassé de toutes considérations liées au genre.

Ce changement radical de paradigme social a donc induit « un effritement de l’unité intellectuelle, morale ou sociale qu’impose au sein de la famille, une figure tutélaire reconnue de tous » et dont la légitimité est renforcée par les récits mythiques qui fondent l’organisation sociale de nombreuses communautés qui composent le peuple Gabonais.

En second lieu, les mécanismes de conservation et de transmission à la jeunesse des mémoires propres à chaque communauté et des valeurs qui fondent l’identité nationale, sont insuffisamment adaptés au nouvel environnement social par les Anciens au sein de la cellule familiale et par les différentes sphères d’exercice de l’autorité politique et administrative. La principale conséquence de cet état de fait, c’est une transition générationnelle qui ne garantit pas aux nouvelles générations d’appréhender l’existant de manière efficiente et d’agir sans courir le risque de déplacer des digues sociales et institutionnelles.

Il est donc tout lieu dans ce contexte, de convoquer l’Esprit de « Notre Dame du Gabon », pour rappeler au souvenir de chacun des Gabonais et Gabonaises de toutes les générations, que c’est dans la douleur que la Sagesse a enfanté la République et qu’il n’y a point de salut pour la République sans Unité au sein de la cellule familiale. C’est pourquoi nous appelons à un consensus national sur les propositions ci-après qui pourraient fonder les bases d’un récit national qu’il nous faut centrer sur la famille comme le suggère le sceau de la République :

Une synthèse des différents programmes en faveur de la jeunesse et des femmes depuis deux décennies, dans une perspective de valorisation de la condition et de la fonction sociale des anciens (retraités ou non) ; une politique nationale de valorisation des Anciens ; recréer les conditions d’une solidarité agissante entre l’autorité de l’État et celle de la Famille en matière d’éducation ; adopter une politique de transition intergénérationnelle au sein de l’élite sociale et  concilier les modalités de l’éducation nationale avec les finalités de la nation.

Il apparait certain de l’avis de nombreux contributeurs dont les analyses ont nourri les présents développements, que le système éducatif a fatalement créé une rupture entre l’autorité de l’État en matière d’éducation du citoyen et son prolongement naturel au sein de l’institution qu’est la famille, en raison de la multiplication dans la société moderne, des interlocuteurs du jeune apprenant et du citoyen. Cette tendance ne nous parait pas conforme à la vocation de notre Nation.

De même, « désormais seuls l’argent et les capacités sociales qu’il procure semblent hiérarchiser la société, la cellule familiale et déterminer les rapports intergénérationnels, au risque de désacraliser notamment, la fonction divine reconnue aux parents (grand-père, père, mère, grand-mère, oncle) dans la société traditionnelle ». Ainsi, la précarité et l’exclusion favorisent la vulnérabilité de ces dernier vis-à-vis de leurs enfants et des aînés vis-à-vis des plus jeunes, diluant ainsi leur autorité morale. Cette tendance non plus, ne nous parait pas conforme à la vocation de notre Nation.

La mémoire de l’Histoire des Démocraties qui moulent dans d’innombrables esprits « l’idéal de développement » pour notre pays, nous enseigne notamment avec Thomas JEFFERSON lors de son discours d’investiture à la Maison Blanche en 1801, que « toutes les différences d’opinions ne sont pas des différences de principes ». C’est pourquoi un dialogue dépassionné et transpartisan sur le sujet nous semble à la portée de notre peuple.

Il est vain dans le contexte culturel qui est le nôtre, d’espérer mettre en œuvre de manière efficiente des politiques favorables à la jeunesse et perceptibles par celle-ci, si la condition et la fonction sociale des Anciens se dégrade, car ces derniers sont en dépit des apparences, le miroir de la jeunesse.

Au chapitre premier des enseignements qui sont la référence philosophique de tout ce qui précède, il y a que « la nature est la bible des peuples de la forêt ». Au cours de sa lecture, le sens commun de la compréhension des lois universelles révèle nécessairement que le sourire d’un Ancien est une bénédiction pour Tout le village et ses murmures, une cause de déchéance pour Tout le village…  Redonnons aux « Anciens » leur sacralité, car … ta jeunesse est une dette envers le passé qui t’a engendré.

MÉDITONS. MÉDITONS BIEN.

Nzebistiquement vôtre.

Gabonactu.com

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