Une vue de la base de SOGATRA © Archives Gabonactu.com
Libreville, 29 décembre (Gabonactu.com) – Les agents de Société gabonaise de transport (SOGATRA) ont finalement perçu vendredi un mois de salaire sur 9 mois d’arriérés, a appris Gabonactu.com.
C’est donc en fin décembre que l’Etat a versé aux 1 000 agents de cette compagnie de transport urbain les salaires du mois de mai 2018. Le personnel de la SOGATRA a multiplié les actions fortes pour se faire entendre. En une semaine, il a organisé une marche en direction de la solde puis séquestré le ministre des Transports venu tenter de les amadouer à leur base.
Malgré ce paiement, les agents de la SOGATRA sont plus que jamais inquiets pour leur avenir. Quelques 140 travailleurs de la SOGATRA ont reçu une lettre de leur Directeur général suspendant leur salaire pour des raisons non encore évoquées, selon une source syndicale.
D’autre part, le ministre des Transports, Justin Ndoundangoye a préconisé un plan de licenciement économique pour redresser l’entreprise qui emploie 1 000 agents pour un parc de 40 autocars en état normal de fonctionnement.
« On ne peut plus, au regard de la réalité de SOGATRA, avec 40 bus continuer à traîner un effectif de près de 1000 agents, faire face à l’ensemble de ces effectifs », a estimé M. Ndoundangoye, au terme d’une visite mercredi dernier au siège de la compagnie.
Avec une subvention de 3 milliards 600 millions de FCFA alloués en 2018, SOGATRA n’a pas pu boucler sereinement son année budgétaire. Plus grave, dans la loi de finances 2019, la subvention de SOGATRA est en nette diminution. Elle prévoit moins de 2 milliards 500 millions de FCFA.
Le personnel soupçonne l’Etat de vouloir liquider la compagnie pour créer une nouvelle société privée en l’occurrence la Transnat (Transport national) qui a déjà fait venir 500 bus actuellement stationnés dans l’enceinte de la Cité de la démocratie à Libreville.
Justin Ndoudangoye a commandé un audit des comptes de l’entreprise pour comprendre où vont les recettes et comment est gérée la subvention de l’Etat. Une forte odeur de détournement massif de fonds à tous les niveaux se dégage des livres comptables de l’entreprise. La hiérarchie est accusée de se servir de la subvention de l’Etat pour un enrichissement personnel.
Les conducteurs sont de leur côté accusés de détourner les recettes journalières en complicité avec leurs chefs hiérarchiques. Les mécaniciens seraient des spécialistes de vente des pièces détachées. Le personnel de la logistique serait spécialisé dans la revente du carburant. Bref SOGATRA serait une véritable jungle où chacun prêche pour sa chapelle au détriment du bien collectif.
Carl Nsitou