Lutte contre la corruption : vers un partenariat CNLCEI/Banque Mondiale

 

 

La représentante de la Banque Mondiale  (BM) au Gabon, madame Zouera Youssoufou, a été reçue, mercredi 26 novembre 2014,  au siège   de la  Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite (CNLCEI),  par son président Dieudonné Odounga Awassi, pour échanger autour d’un éventuel partenariat qui pourrait renforcer  la lutte  contre la corruption. 

 

L’entretien entre  monsieur  Dieudonné Odounga Awassi  et  madame  Zouera Youssoufou  revêtait   double intérêt. Il s’agissait d’abord,   du tout premier contact officiel entre les deux personnalités. Le  responsable de la CNLCEI a pris ses fonctions en juillet 2013 tandis que la représentante  de la Banque Mondiale, en poste au Gabon depuis juillet 2011, avait déjà  rencontré  la précédente équipe dirigeante de la Commission.

 

Ensuite, fort logiquement,  Zouera Youssoufou s’est intéressée à la nouvelle gouvernance de la Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite incarnée par M. Odounga Awassi , avant de faire part de la disponibilité de la Banque à accompagner ladite commission dans  ses missions :  la prévention, la  détection et la  répression contre toutes formes de prévarications des deniers publics.

 

S’il est possible de bénéficier des financements encore faut-il que son « plaidoyer » auprès du siège de la BM à Washington repose sur des  « mesures  plus dissuasives » qui auraient « plus d’impact » dans la croisade contre la corruption et l’enrichissement illicite, a cependant nuancé Mme Zouera   Youssoufou.

 

« QUESTION BLOQUANTE »

 

« Que fait-on de tous ces cas » épinglés par la CNLCEI ?,  ajoutant que c’était la « question bloquante » pour un soutien potentiel de l’une des institutions de Bretton Wood dont elle assure la représentation à Libreville, non sans féliciter son interlocuteur de l’amélioration de la position du Gabon  notamment dans l’indice Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance, en 2014.

 

Pour sa part,  M. Dieudonné Odounga Awassi , conscient des maigres résultats jusqu’ici obtenus dans la répression ,  a réaffirmé l’engagement du Gabon à faire reculer la corruption et leur corollaires l’enrichissement illicite ainsi que le blanchiment des capitaux   à travers l’adoption, en 2013,  d’un document de la stratégie nationale  contre ces fléaux , et remis au président de la République , Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, en décembre de la même année.

 

«  Je suis impatient de voir aboutir nos actions prioritaires contenues dans la stratégie (…)  Il reste à mettre place  les organes  de suivi. Un expert a même été recruté par le PNUD  pour la mise en œuvre  des objectifs énoncés dans le document », a-t-il poursuivi.

 

Le premier responsable de la CNLCEI a rappelé que la croisade anticorruption passait, de toute évidence, par la reformulation  de la loi organique,  11 ans après la création de la  structure qu’il dirige.

 

« EXIGENCE INTERNATIONALE »

 

L’urgence s’impose d’adapter les textes nationaux à la Convention des Nations Unies contre le Crime et la Drogue (UNODC)  et  celle de  l’Union Africaine (UA) contre la corruption  effectivement  ratifiées  par notre pays,  a souligné M. Odounga Awassi, relayant une « exigence internationale ».

 

DIEUDONNEBODOUNGAVAWASSI PRESIDENT DE LA  CNLCEI @ DR
DIEUDONNEBODOUNGAVAWASSI PRESIDENT DE LA CNLCEI @ DR

Au moment où  les Gabonais estiment que les actes de corruption s’installent dans la durée en dépit de la ferme volonté des pouvoirs publics à faire bouger les  lignes, il a  garanti que les lenteurs observées dans l’instruction des dossiers n’avaient rien à voir avec l’impunité.

 

A cet effet, le patron de la Commission Nationale de Lutte Contre l’enrichissement Illicite a souhaité que l’organe chargé des investigations soit « renforcé,  spécialisé » et   la  « procédure simplifiée » aux fins de fluidifier les rapports avec le Parquet, destination des dossiers devant être transmis, in fine,  à la Cour Criminelle Spéciale (CCS).

 

Il a également traduit, devant Mme Zouera Youssoufou, le souci de la commission de moderniser la déclaration des biens par la numérisation des données sécurisées à l’effet d’enrôler l’ensemble des agents publics que compte le Gabon.

 

Autant de chantiers qui nécessiteront l’appui de la Banque Mondiale à travers un renforcement des capacités dans le cadre de la sensibilisation, l’éducation avec un accent sur  la détection et la répression des actes de corruption.

 

«  On ne peux pas s’attaquer à un mal avec des sentiments, des états d’âmes ( …) Il faut du courage et de la volonté ainsi que des hommes et femmes bien armés sur les plans juridique et comptable pour mener des enquêtes puisque l’argent de la corruption n’est jamais visible », a insisté, M. Odounga Awassi.

 

L’opportunité offerte par l’entretien entre les deux personnalités a permis au numéro un de la CNLCEI  de transmettre une invitation à la représentante de la Banque Mondiale à prendre part  aux manifestations marquant  la 5ème édition de la Journée nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, le 09 décembre 2014, à Libreville.

 

Rodrigue Asseyi

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