Grève chez Maurel & Prom : l’ONEP tire à boulet rouge sur le ministre du Pétrole

Photo @ archives Gabonactu.com

Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – L’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) a pondu un droit de réponse suite au communiqué du ministre du Pétrole, Etienne Dieudonné Ngoubou qui s’est engagé à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger Maurel & Prom actuellement empêché par l’ONEP de réaliser des engagements contractuels avec l’Etat.

 

« Nous considérons que monsieur le Ministre du Pétrole a été très mal informé du déroulement des événements qui se sont succédés entre le 10 octobre 2016, date de dépôt du préavis de grève, et le 19 octobre 2016, date de son point de presse », estime le syndicat.

 

Selon l’ONEP, le 10 octobre dernier son bureau national a déposé un préavis de grève auprès de la Direction Générale de Maurel & Prom GABON SA.

 

L’inspecteur Spécial du Travail chargé du secteur pétrolier a immédiatement entamé, les jeudi 13 et vendredi 14 octobre 2016, des tentatives de conciliation en vue de résoudre les deux points inscrits au titre des préalables à toute négociation.

 

« Malheureusement les deux rendez-vous se sont soldés par un échec, ce qui a conduit l’ONEP à déclencher la grève », affirme l’ONEP qui ajoute que conformément aux dispositions de l’alinéa 2 de l’article 345 du Code du Travail Gabonais, « le préavis doit préciser les motifs du recours à la grève et parvenir au chef d’entreprise ou d’établissement 5 jours ouvrables au moins avant le déclenchement de la grève. Il fixe le lieu, l’heure, la durée de la grève. »

 

« Notre préavis  de grève a été transmis à l’employeur le lundi 10 octobre 2016, en comptant 5 jours ouvrables, il a bel et bien expiré le samedi 15 octobre 2016 à 23h59.  Donc le mot d’ordre d’entrée en grève illimitée lancé le lundi 17 octobre 2016 à 3h est bien intervenu après l’expiration du préavis », fait remarquer le syndicat.

 

Le personnel de Maurel & Prom GABON SA est entré en grève le lundi 17 octobre à 3h00 du matin, après l’expiration du préavis de grève. « Il n’y avait à ce moment là, aucune négociation en cours », martèle-t-il.

 

Selon l’ONEP, la seule négociation entamée par la suite, sous l’égide de l’inspecteur Spécial du Travail assisté du Conseiller Juridique du Ministre du Pétrole, concernait la mise en place d’un service minimum, conformément à l’arrêté n°003/PR/MTEPS du 22 mars 2010, qui a débuté le lundi 17 octobre 2016 à 13h00 et s’est soldée le mardi 18 octobre 2016 à 14h sur un refus du Directeur général de considérer les dispositions qui fixent la mise en place dudit service minimum.

 

« Toutefois, l’ONEP a donné à l’employeur les noms du personnel devant assurer le service minimum avec une production de 5.000 barils/jour nécessaire à la protection des installations », affirme le syndicat précisant que pendant cette négociation du service minimum, que le personnel gréviste sur le site d’Onal, a constaté l’arrivée de la gendarmerie, dans l’après midi. Alors même qu’aucun incident ne s’était produit. Le personnel gréviste n’a en aucun cas proféré des menaces ou des intimidations à l’égard du personnel non gréviste, la présence de la gendarmerie sur place étant de toute façon dissuasive, bien qu’injustifiée. Vingt-heures après le mot d’ordre de grève de l’ONEP, le personnel gréviste a entamé la procédure de sécurisation des installations pétrolières, après réception de la note de clarification conformément à l’article 3 de l’arrêté cité supra.

 

Au cours de la journée du mardi 18 octobre 2016, alors même que la négociation sur le service minimum se poursuivait au sein de Maurel & Prom, il a été constaté que le Chef de champ sur Onal tentait de redémarrer les  installations sécurisées, mettant ainsi en danger la sécurité des biens et des personnes sur les sites d’Onal et Coucal.

 

L’ONEP a envoyé une note de clarification portant sur le principe de sécurisation des installations pétrolières prévu par l’arrêté cité supra.

 

« Sur cette base, les salariés grévistes, responsables de leurs postes de travail respectifs, n’ont pas « pris d’assaut », comme stipulé dans le communiqué de presse du Ministre du Pétrole en date du 19 octobre 2016, la salle de contrôle des opérations de production, mais plutôt, en accord avec les gendarmes, ont regagné leurs postes afin de sécuriser les installations et d’éviter tout dommage, et ce, sous le contrôle des forces de l’ordre. Aucune invasion, ni altercation n’ont été signalées », se défend le syndicat accusé d’avoir pris le contrôle de force du centre des opérations.

 

« Les obligations contractuelles entre Maurel & Prom GABON SA et la République Gabonaise ne peuvent en aucun cas dénier le droit de grève garanti par la Constitution de la République Gabonaise et le devoir du personnel gréviste à sécuriser les installations conformément à la réglementation en vigueur en République Gabonaise (cf arrêté n°003/PR/MTEPS) », conclu le syndicat qui signale des mouvements des soldats vers les deux principaux sites de Maurel & Prom (Onal et Coucal).

 

A l’origine de cette grève, une application d’une lettre de l’ONEP du 22 septembre dernier adressée aux employeurs et aux salariés du secteur pétrolier. La lettre demandait aux employeurs de libérer leur personnel afin que chacun soit proche de sa famille dans la perspective de la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle. Le syndicat craignait une nouvelle flambée de violences comme le 31 août dernier lorsque le ministère de l’Intérieur avait annoncé la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba. Plusieurs salariés du pétrole étaient coincés dans les sites pétroliers loin de leur famille. Ce qui était source de graves inquiétudes.

 

Onze salariés de Maurel & Prom sont donc sortis du site pétrolier d’Onal dans la province du Moyen Ogooué en application de cette lettre. La direction fâchée a décidé de prendre des mesures disciplinaires dont le licenciement de ces travailleurs.

 

Les discussions conduites par l’Inspecteur Spécial du Travail chargé du Secteur Pétrolier (ISTRAP) les jeudi 13 et vendredi 14 octobre 2016 n’ont pas permis de fléchir la position de la direction de Maurel & Prom. L’ONEP a donc déposé un préavis de grève qui a expiré le 15 octobre dernier à minuit.

 

Les grévistes exigent l’annulation de la procédure de sanction engagée par la Direction Générale de Maurel & Prom contre les onze  salariés, la réintégration dans leurs postes de travail respectifs avec paiement des salaires et primes correspondants à la période de suspension pour contribuer au maintien de la paix sociale au sein de l’entreprise. Ils réclament aussi un bonus annuel au regard des bons résultats réalisés l’année dernière.

Antoine Relaxe

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