Une jeune gabonaise économiquement faible est gardée en otage au CHU de Libreville depuis plus d’un mois pour défaut de paiement d’une somme de 200 000 FCFA relative à ses soins dans ce plus grand Centre hospitalier et universitaire du Gabon.
La triste histoire est celle de la jeune Triva Gningone Eyoghe, 22 ans. Sa vie a tourné au vinaigre pour une affaire d’amour.

La jeune fille est tombée amoureuse d’un jeune garçon baignant lui-même dans la précarité. Son oncle qui est son tuteur à Libreville est fou furieux. Après avoir sommé sa nièce de se séparer de ce « vaut rien », la jeune fille aveuglée par la « love story » de son choux ne veut rien entendre.
Un jour, son oncle fait le passage à l’acte. Il bastonne copieusement la petite. Bilan de la correction : rupture de la rate. La petite est conduite en urgence au CHUL où elle est opérée.
La facture est salée. 400 000 FCFA. La CNAMGS prend en charge la moitié. Il reste donc 200 000 FCFA à payer. Personne n’est capable de signer l’engagement de payer même par échéance. La direction de l’hôpital persiste et signe. Il faut payer sinon pas de sortie.
Gningone Eyoghe est gardée à vue à l’hôpital. Ses faits et gestes sont quotidiennement surveillés par le personnel médical et les vigiles. Elle est otage dans un hôpital.
Son amoureux n’a pas pu réunir la somme. Son oncle refuse aussi de payer. Aux dernières, un député du Woleu Ntem a réglé la facture de 200 000 FCFA la semaine dernière. Mais la jeune fille reste en otage. Sa famille l’a abandonné. Seule sa pauvre maman sans ressources qui reste à son chevet.
Nouveau motif et pas des moindres : l’équipe médicale exige que la jeune fille soit obligatoirement vaccinée car sa rate étant enlevée, elle est devenue très vulnérable à toutes les infestions. Il manque donc l’argent des vaccins pour que l’otage soit enfin libéré.

En 2018, un médecin propriétaire de la clinique privée Abora Nzame dans le nord de Libreville avait été gardé à vue dans un commissariat pour avoir retenu en otage durant 5 mois un bébé né prématuré au CHU Jeanne Ebori et sauvé dans une couveuse de la clinique. L’affaire révélée par TV5 Monde avait ému les gabonais et c’est la Première dame de l’époque Sylvia Bongo Ondimba via sa fondation qui avait soldé la facture.
Le CHU de Libreville est un service public censé être au service du public et donc rendre un service public.
Jusqu’à hier soir, Mlle Gningone Eyoghe était toujours dans sa chambre de captivité.
Camille Boussoughou
