CNOU :   Et si on respectait la loi de la semence et de moisson ?

Selon la loi de la semence et de la moisson, nul ne peut récolter des mangues là où il a planté des oranges. Tout comme si chacun est libre de semer ce qu’il veut, mais il importe de savoir qu’on ne récolte que ce que l’on a semé.

C’est fait, après sa nomination par les plus hautes autorités du CTRI lors du Conseil des ministres du 07 février dernier, le Colonel Barry Aliou Mbia Kombe vient de prendre officiellement son poste à la tête du Centre national des œuvres universitaires (CNOU) en remplacement du DG sortant, Jean Noël Eya.  Cette cérémonie de passation des charges présidée par le Conseiller technique du ministère de l’Enseignement supérieur, le 13 février 2024, s’est déroulée dans une atmosphère de douleur généralisée chez le personnel maison comme nous avons eu à le constater sur place.

Atmosphère de douleur généralisée car le personnel du CNOU reste orphelin du management participatif à visage humain qu’a pu impulser le DG sortant matérialisé par des résultats positifs, preuve d’une vision féconde qui s’est révélée féconde « On connaît le DG qui part. C’est grâce à lui que le CNOU qui était à l’agonie a retrouvé son souffle et sa stabilité. Vous n’avez qu’à interroger n’importe qui parmi le personnel pour comprendre notre désarroi de le voir partir ».

Au terme de cette cérémonie de passation des charges, nous nous sommes penchés à mettre le curseur sur  l’héritage que laisse le DG sortant et dans quel état il avait trouvé la maison CNOU en 2020 à son arrivée.  Quel état des lieux à son entrée ? Morceaux choisis : « Un CNOU à l’agonie, restauration et campus fermés, personnel démotivé à cause des retards de salaires et de primes, le CNOU en première ligne des médias pour surfacturation ; les autorités de l’époque proposaient même un plan social pour les 800 employés pour amorcer sa fermeture. Et d’ajouter le taux d’absentéisme alarmant atteignant les 70% contre un taux d’assiduité d’à peine 3 heures par jour »

Qu’en est-il de la situation au moment où Jean Noël EYA passe le flambeau ? Sa réponse est sans équivoque : « Certainement à cause de la confiance retrouvée, le discours du plan social est un lointain et vague souvenir ; le CNOU remplit ses missions de prise en charge du bien bien-être de l’étudiant avec les moyens disponibles ».

Mieux encore : « Le budget est passé de 1,8 milliards en 2020 à 20 milliards de FCFA en 2024 avec pour la première fois depuis longtemps un budget d’investissement qui va permettre d’améliorer enfin l’offre en restauration pour l’atteinte de la production de dix mille(1000) plats par jour tel que fixé par le dernier conseil d’administration de décembre dernier contre quatre mille cinq cents(4500) plats par aujourd’hui et de relancer l’hébergement des étudiants ».

De l’avis général, le dynamisme impulsé par le DG Jean Noel EYA a marqué les esprits au CNOU et au-delà de sa sphère. Progressivement, le CNOU a retrouvé ses marques et parvient tant soit peu à répondre aux besoins vitaux et contribue de façon significative au bien-être des étudiants. Tout bien pris en compte, le bilan du DG sortant reste très encourageant mais perfectible. Ses réalisations sont énormes et marqueront à jamais d’une pierre blanche les annales de son passage à la tête de cette maison qu’il laisse debout et en pleine croissance pour franchir des nouvelles étapes décisives avec le DG entrant.

Initiés par sa vision, le DG sortant laisse sur la table deux chantiers majeurs qu’il appartient à son successeur de poursuivre pour permettre au CNOU d’atteindre sa vitesse de croisière et la plénitude de ses capacités au service du bien-être des futurs cadres du pays.

Il y a notamment l’ambition de vouloir doter la maison CNOU des outils de gestion pouvant permettre une meilleure traçabilité des dépenses avec une fenêtre laissée ouverte vers une certification de la sincérité et de la régularité des comptes afin de mieux rassurer les partenaires. Sur un autre plan, il y a le dossier visant à ouvrir les PME gabonaises dans l’approvisionnement en vivres frais et boitage. Cette rubrique étant restée la chasse-gardée des opérateurs économiques étrangers depuis la création du CNOU. Dans le même ordre d’idées, une commission d’experts est à pied-d’ œuvre pour étudier l’utilisation des produits locaux dans la restauration estudiantine. Les conclusions de ce travail sont attendues à la fin de ce mois.

Les réalisations phares du DG sortant couvrent les domaines les plus variés au-delà de la restauration ou de l’hébergement. Les efforts ont été consentis aussi dans les domaines comme ceux touchant à la relance des  centres médicaux universitaires, la relance des activités socio-culturelles, mise en place de la restauration dans les centres multisectoriels de formation professionnelle de Nkok, Mvengue et Ntchengue, l’achat des équipements sportifs et instruments de musique dans les universités et les grandes écoles, la réhabilitation de la maison des étudiants, la fabrication du pain CNOU  à partir des cuisines des centres.

Côté personnel : le paiement de la prime du 4ème trimestre 2020, la mise en place par exemple des fiches de pointage pour maitriser la régularité des agents au travail. Comme l’on peut le réaliser au regard de ces multiples avancées significatives, les succès engrangés par le DG sortant entrent dans le registre d’un management gagnant et sont dignes d’éloges. D’après une vérité populaire, on ne change pas une équipe.

Dans ce cas de figure, comment expliquer alors le changement qui survient à la tête de cette institution en phase de croissance décisive surtout quand on sait que cela intervient à un moment crucial marqué par l’augmentation du budget presque multiplié par 20 grâce aux efforts de gestion et au lobbying de celui dont tout le personnel pleure son départ du CNOU ?

Les voies du chef sont insondables, nous enseigne une sagesse ancienne. Qui sait ? Peut-être qu’on voudrait bien disposer l’ouvrier de l’Etat, Jean Noël EYA, pour aller booster d’autres chantiers auprès d’autres Organisations ou entités mal en point et leur faire bénéficier également du même management éclairé qui a permis au CNOU de sortir des eaux troubles. Là-dessus, l’on veut bien croire aux bonnes intentions du Conseiller technique du Ministère de l’Enseignement Supérieur qui, transmettant le message de la tutelle, lors de son mot de circonstance a dit : « Jean Noël, les chantiers de l’Etat sont titanesques ; tu es ouvrier et un soldat de l’Etat appelé à servir partout où il plaira aux plus hautes autorités de t’envoyer servir selon les nécessités ». Ça serait justice et en droite ligne avec la loi intangible de la semence et de la moisson.  Les prochains jours ne manqueront pas de nous édifier sur cette question.

Avec l’ambition de mettre ses cuisines aux normes internationales, le cnou à fait un projet compagnonnage avec le crous de lille. Ce partenariat vise le renforcement de capacité du personnel et l’offre d’une cuisine moderne avec une capacité de production de 3000 plats par jour. Démarrer en juillet 2023, ce projet s’accélère cette année avec l’équipement de la cuisine de l’université des sciences de la santé USS.

Antoine Relaxe

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