Régies financières : même les fantômes perçoivent les « fonds communs »

Les leaders de la FECOREFI dont le porte-parole, Sylvain Ombindha Talehaywa 3 (bavette bleu ciel) durant l’entretien le 27 juillet à Libreville © Gabonactu.com

Le porte-parole de la Fédération des collecteurs des régies financières (FECOREFI) qui regroupe quatre administrations (Douanes, Trésor, Impôts et hydrocarbures), Sylvain Ombindha Talheywa III a déclaré lundi dans un entretien exclusif à Gabonatu.com, que les audits réalisés depuis plus de 2 ans ont démontré que  le fichier conçu pour le paiement de la Prime spéciale d’incitation à la performance (PSIP) aux agents des régies financières comporte des énormités inimaginables dont des noms des fantômes et des personnes qui n’ont jamais existé.

« L’audit a révélé que sur la liste il y a des fantômes« , s’est estomaqué Sylvain Ombinda Talhewa III.
« Nous avons effectué ce travail excellent qui a démontré que les effectifs dans les régies financières sont pléthoriques. Nous avons des doublons dans le fichier, des homonymies, des retraités, des décédés depuis belle lurette qui existent dans le fichier. Il y a donc des fantômes qui sont payés », a-t-il  fustigé .
Toutes ces personnes fictives alourdissent la facture ce qui rend parfois impossible le paiement à des périodes régulières de la PSIP.
Selon une source contactée par la rédaction de Gabonactu.com, la facture mensuelle de la PSIP s’élèverait à 6 milliards de FCFA. La moitié de cette somme profiterait aux personnes fictives. Un dépoussiérage du fichier permettrait à l’Etat d’économiser 3 milliards de FCFA par mois.
Les leaders de la FECOREFI ont refusé de commenter les chiffres obtenus par Gabonactu.com mais semblaient être d’accord sur le grand écart qui existe entre les sommes perçues par les agents exerçant réellement dans les régies financières et celles qui prennent des directions inconnues.
« Nous exigeons la publication des résultats de l’audit ce qui permettra de mettre en musique la politique de la rationalisation des dépenses publiques tant prônée par le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba« , a martelé le porte-parole de la FECOREFI.
« Aujourd’hui ces audits démontrent que l’Etat paye plus qu’il n’en faut. Alors nous disons publions les vrais chiffres pour payer le bon montant », a-t-il exigé.
En grève générale illimitée depuis le 13 juillet, la FECOREFI a décidé lundi de suspendre le service minimum en vigueur de 8 heures à 10 heures. Il a demandé à ses adhérents de rester à la maison, les rassemblements de plus de 10 personnes étant interdit à cause de la pandémie du Coronavirus.
Outre la publication des résultats de l’audit du fichier de la PSIP, la FECOREFI réclame aussi la régularisation des situations administratives de ses adhérents.
« Nous ne sommes pas des enfants gâtés qui coulent une vie douce dans la château appelé Régies financières. Nous avons des collègues qui travaillent depuis 5, 10 voire 15 ans sans être intégrés dans la fonction publique. D’autres n’ont connu aucun avancement ni reclassement depuis plusieurs années« , a-t-il déploré.
Selon les membres de la FECOREFI, une journée de blocage des régies financières au Gabon fait perdre environ 10 à 12 milliards de FCFA au budget de l’Etat. Une situation qui va assurément plomber l’économie gabonaise.
Les chefs de service et les directeurs ont pris le relais des grévistes pour éviter une paralysie totale de l’administration.

Sydney IVEMBI

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