CNNII / Port-Gentil : la non-desserte des lagunes et fleuves provoque la flambée des prix des produits vivriers

Le niveau élevé des rémunérations dans le secteur pétrolier procure un fort pouvoir d’achat aux salariés de ce secteur, et constitue de facto un des principaux déterminants de l’inflation dans les villes de Port Gentil et Gamba. Toutefois, un autre vecteur non négligeable du niveau élevé des prix dans ces deux villes pétrolières et quasi insulaires, est le coût du transport des marchandises provenant principalement de Libreville et, celui des produits agricoles provenant eux aussi de Libreville mais également du bassin de l’Ogooue, ainsi que des zones lacustres et lagunaires du Fernand Vaz. Les règles de la distribution l’exigent : les commerçants répercutent légitimement les coûts de transport à leurs clients finaux.

Par défaut, le régulateur automatique du prix et des quantités des denrées alimentaires à Port-gentil notamment, a toujours été le transporteur public par voie d’eau qui n’est autre que la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII) ou son ancêtre, la Compagnie de Navigation Intérieure (CNI). Ce rôle économique majeur, fait que le comportement du panier de la ménagère des familles port-gentillaises soit lié aux soubresauts ou à la bonne santé fonctionnelle de cette entreprise d’Etat en charge de la mission de service public de transport naval des marchandises et des personnes.

Le moins que l’on puisse dire c’est que, la flambée des prix des denrées alimentaires dans la plupart des marchés et surfaces commerciales de Port-Gentil, est due à la rareté relative de celles-ci en raison de l’affaiblissement progressif de la capacite technique du transporteur public à accompagner les filières agricoles nationales.

Historiquement, l’approvisionnement régulier des marchés de Port-Gentil était principalement assuré par la CNI à travers l’exploitation de ses navires qui desservaient alors les zones d’Etimboué, du Fernan-Vaz et de Lambaréné qui servait de hub pour toutes les productions agricoles des provinces du Moyen-Ogooue, de la Ngounié et de la Nyanga. De manière régulière, la production des villages était donc acheminée vers la deuxième ville du Gabon qui était déjà un marché particulièrement solvable.

L’abandon du transport fluvial et lagunaire en raison de l’obsolescence des moyens de navigation de cette entreprise, a conduit à une baisse mécanique de l’offre de produits agricoles sur les marchés port-gentillais et à un allongement des délais d’approvisionnement de ces mêmes marchés. Pour l’exemple, les productions de manioc provenant de Mbigou et Lébamba qui étaient traditionnellement embarquées à Lambaréné, transitent désormais par Libreville avec comme conséquences : un cout de transport terrestre plus élevé, une réduction du nombre de rotations  hebdomadaires en raison de l’allongement du voyage, et au final, un coût plus élevé du produit vendu aux ménages port-gentillais.

Sur la ligne maritime Libreville-Port Gentil, les faiblesses techniques, l’irrégularité du trafic et la faible compétitivité du transporteur public par voie d’eau, empêchent là aussi, l’exercice de la régulation technique des prix de transport des marchandises. Ce qui favorise d’autant plus la valse des étiquettes à Port Gentil.

Comme quoi, si l’on veut ramener le coût des denrées à leur proportion d’antan qui satisfaisait les ménages des villes pétrolières, il importe que le transporteur naval public, sans freiner les mécanismes de la libre concurrence qui caractérisent notre économie, ait la capacité de jouer son rôle de régulateur technique des prix à la consommation des denrées alimentaires. Un tel objectif passe, à n’en point douter, par un nécessaire redimensionnement de l’unique opérateur naval de l’Etat.

Marie Dorothée

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