En cette période d’« Octobre Rose » édition 2025, sous le thème « Unis par l’Unique » les autorités sanitaires et les associations redoublent d’efforts pour encourager le dépistage précoce, seule arme efficace pour sauver des vies face à ce fléau silencieux. Le cancer du sein représente près d’un tiers des cancers diagnostiqués chez la femme gabonaise, selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Au Gabon, le cancer du sein est désormais le cancer le plus fréquent chez la femme, représentant 28,5 % des nouveaux cas de cancer féminin, selon les statistiques de » GLOBOCAN 2022″, publiées par l’Agence internationale de recherche sur le cancer (IARC). Chaque année, des centaines de gabonaises reçoivent ce diagnostic, souvent à un stade avancé, ce qui réduit leurs chances de survie.
Le cancer du col de l’utérus reste la deuxième cause la plus fréquente (23,9 %), mais celui du sein demeure la première cause d’incidence chez les femmes, confirmant la tendance observée depuis plusieurs années.

Lancée depuis 2013 au Gabon, la campagne « Octobre Rose » est devenue un rendez-vous annuel de sensibilisation et de dépistage gratuit du cancer du sein et du col de l’utérus. L’initiative, pilotée par le ministère de la Santé avec le soutien de la Fondation Ma Bannière de la Première Dame, Zita Oligui Nguéma, a déjà permis de toucher des milliers de femmes sur l’ensemble du territoire.
En 2023, selon le ministère de la Santé, plus de 41 000 femmes ont été sensibilisées et 8 661 ont été dépistées, dont 670 cas suspects identifiés. Ces chiffres traduisent une progression encourageante de la participation au dépistage, notamment à Libreville, Port-Gentil (littoral sud) et Franceville (sud-est). Depuis le lancement de la campagne, plus de 100 000 femmes ont bénéficié d’un dépistage gratuit sur le territoire.
Malgré ces efforts, près de 80 % des cas de cancer du sein sont encore diagnostiqués à un stade tardif, selon le Centre national de cancérologie et les données officielles. Le manque de sensibilisation continue, les barrières culturelles, la peur du diagnostic et la rareté des équipements dans certaines provinces expliquent en grande partie ce constat.
Les spécialistes recommandent un dépistage annuel dès 40 ans, ou plus tôt en cas d’antécédents familiaux.
Les examens de base : palpation mammaire, échographie ou mammographie se font dans plusieurs structures, notamment au CHU de Libreville (CHUL), à la Fondation Mère-Enfant Jeanne Ebori, et à l’Institut de cancérologie de Libreville (ICL).
Pour les autorités sanitaires, l’objectif de cette campagne est clair : amener les femmes à adopter une culture de prévention. Le ministre de la Santé, Pr Adrien Mougougou, a rappelé lors du lancement d’Octobre Rose 2025 que « le dépistage précoce reste la meilleure arme pour sauver des vies ».
De nombreuses associations féminines, ONG, influenceurs et structures hospitalières participent à cette mobilisation nationale par des causeries éducatives, des dépistages gratuits et des shootings photo en rose tête rasés. Les experts de la santé publique appellent à la pérennisation du dépistage en dehors du mois d’octobre, et à l’introduction effective du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV), qui permettraient aussi de réduire le fardeau des cancers féminins.
Alph ’-Whilem Eslie et Tryphène Lembah