La deuxième édition de la Foire commerciale Marigovéene « prix bas » s’est tenue à Port-Gentil et a fermé ses portes le 31 août dernier. L’événement organisé autour d’une logique de promotion de l’entrepreneuriat et de l’économie locale, visait à renforcer le commerce intra-africain et à offrir aux populations un accès facile aux biens de consommation courante.
Dans un contexte marqué par une inflation persistante et un pouvoir d’achat affaibli, cette foire a été conçue comme une réponse concrète aux difficultés quotidiennes des ménages gabonais.
Pendant une semaine, l’espace commercial a accueilli plus d’un millier de visiteurs. Les stands présentaient une diversité de produits : denrées alimentaires, articles artisanaux, biens de première nécessité. La dimension internationale a également été soulignée par la participation de commerçants originaires du Nigéria, du Cameroun, du Niger et du Burkina Faso, traduisant une volonté de dynamiser les échanges intra-africains.

Le promoteur de l’événement, Désiré Saphou, a rappelé que l’objectif premier est de contribuer à la lutte contre la vie chère en mettant en valeur des circuits commerciaux alternatifs, accessibles et inclusifs.

« L’objectif pour nous est de voir dans quelle mesure accompagner l’État dans la recherche des solutions visant à lutter contre la vie chère au Gabon », a-t-il précisé.
L’édition 2024 de la Foire Marigovéene illustre deux dynamiques complémentaires. D’une part, elle agit comme un instrument de régulation sociale, en permettant aux consommateurs défavorisés d’accéder à des produits à des prix compétitifs. D’autre part, elle constitue une plateforme de valorisation de l’entrepreneuriat africain, en favorisant la visibilité des artisans, des coopératives et des petites entreprises.
Toutefois, le discours de clôture du général de corps d’armée Pierre Rizogo Rousselot, délégué spécial en charge de la gestion de la commune de Port-Gentil, a mis en lumière une faiblesse persistante : le manque d’implication des grandes entreprises installées localement, notamment celles du secteur pétrolier. En effet, dans une ville où l’industrie pétrolière occupe une position dominante dans l’économie, l’absence de contribution active de ces acteurs limite la portée de ce type d’initiatives.
Pour lui, « cette foire n’est pas un coup d’essais mais plutôt un coup de maître. Je regrette par contre le manque d’implication de nos sociétés installées ici à Port-Gentil. Toute chose n’a de la valeur que par notre propre implication ».
L’événement soulève plusieurs enjeux majeurs :
Il offre une alternative aux circuits commerciaux traditionnels, réduit la pression sur le coût de la vie et renforce la résilience des ménages. Du côté de l’entrepreneuriat : il encourage les petites structures locales à développer leur savoir-faire et à bénéficier de nouveaux débouchés. Dans le cadre Institutionnel : il interroge le rôle des grandes entreprises, en particulier pétrolières, dans le soutien aux initiatives citoyennes et économiques locales quand bien même leur participation financière et logistique pourrait transformer cette foire en catalyseur de développement durable. Dans une vision régionale : cet événement favorise l’intégration économique africaine par la rencontre d’acteurs commerciaux venus de divers pays.
« Je remercie vraiment le Comité d’organisation qui a permis qu’on soit ici. Et nous sommes contents de cette foire et de l’accueil », s’est réjoui le représentant des commerçants des communautés étrangères Issoufou Maïnassarra.
La remise des attestations à plus de 80 commerçants et à des jeunes U-reporters de l’UNICEF traduit une volonté de reconnaître l’engagement collectif. Elle illustre également le caractère participatif et inclusif de l’événement, qui, au-delà de la dimension commerciale, s’inscrit dans une logique de cohésion sociale.
Jean-Jacques Rovaria Djodji