La Police Judiciaire (PJ) gabonaise a mis fin, mercredi 13 août 2025, à un réseau criminel d’une rare violence, dirigé par Ted Willy Alimbi Ognalagha, alias « Le Roi Béni ». Derrière l’image d’un bienfaiteur adulé par la jeunesse, se cachait un stratège du crime organisé, mêlant complicités militaires, corruption et criminalité transfrontalière.
Un coup de filet millimétré
Après plusieurs mois de filature, la PJ a frappé fort. L’arrestation simultanée de plusieurs membres du réseau, dont Jerry Mouele, lieutenant du gang, a permis de lever le voile sur un système aussi ingénieux que dangereux. Recrutés principalement au Cameroun, les braqueurs étaient hébergés dans des hôtels de luxe à Libreville avant chaque mission. Des armes fournies par un militaire — frère de Jerry Mouele — étaient utilisées pour forcer l’accès aux résidences, tandis que des complices dans les forces de sécurité facilitaient les intrusions.

Des cibles de haut vol
Le réseau ne s’attaquait pas à n’importe qui : parmi les victimes figurent Ali Bongo Ondimba, ancien président déchu, et Maixent Accrombessi, ex-directeur de cabinet présidentiel. Les malfaiteurs neutralisaient les systèmes de vidéosurveillance avec des technologies de pointe et éliminaient les chiens de garde à l’aide d’une potion toxique. Après chaque opération, certains membres disparaissaient au Cameroun pour brouiller les pistes, exploitant les failles frontalières.
Un “roi” en disgrâce
Interpellé, Jerry Mouele a raconté comment « Le Roi Béni », depuis la Turquie, tentait d’orchestrer son exfiltration. Argent liquide, billet d’avion… tout était prêt. Mais la PJ, en embuscade, a intercepté les fugitifs avant leur départ. Devant les enquêteurs, « Le Roi Béni » a nié certaines accusations tout en reconnaissant une implication indirecte. Lui et ses complices devraient être présentés au parquet dans les prochaines heures, pour répondre de faits qui pourraient leur valoir de lourdes peines.
Ted Willy Alimbi Ognalagha, alias « Le Roi Béni », s’était bâti une réputation publique de leader charismatique, notamment avec l’initiative « 1000 ans de protection divine ». Proche de l’entourage d’Ali Bongo Ondimba puis de Brice Oligui Nguema, il cultivait l’image d’un homme d’influence, protecteur des jeunes et mécène. Mais les premiers signaux d’alerte étaient déjà connus des services de renseignement : soupçons de blanchiment, fréquentations douteuses et déplacements fréquents en Turquie et au Cameroun. L’affaire qui secoue aujourd’hui le pays révèle une autre facette de ce personnage, celle d’un stratège du crime, capable de mêler religion, notoriété et violence pour asseoir son pouvoir.
Nkili Akieme
