Le spectacle est devenu banal au quartier ‘’Louis’’, dans le 1er arrondissement de Libreville, où il est courant de croiser de nombreux déficients mentaux, couramment appelés ‘’fous’’, déambulant à tous les coins de rues et avenues, parfois en tenue dans la plus petite des tenues, si ce n’est régulièrement en ‘’tenue d’Adam et Eve’’. ‘’Louis ‘’n’est que la face visible de l’iceberg, dans une ville-capitale, ainsi que dans les principales agglomérations du Gabon, où la promiscuité entre ‘’malades mentaux’’ et gens ordinaires interrogent, en même temps qu’elle interpelle les services compétents.
« C’est le spectacle quotidien qui nous est donné de vivre ici dans la peur et le tresse, car on ne sait pas comment faire ici un fou venait à s’attaquer aux gens. On est obligé d’être méfiant et s’amer de précaution lorsqu’on croise le chemin d’un fou. On se cache même parfois pour le laisser passer d’abord, par crainte de recevoir un projectile ou un coup perdu », a déclaré Flavienne B. commerçante au marché de Louis.
Non loin de là, au lieu-dit ‘’Montée de Louis’’, Joseph R, renseigne que « à peine hier, un fou s’est mis à lapider le monde ici. C’était la débandade, heureusement que rien de grave ne s’est produit, si ce n‘est deux pare-brises de véhicules cassés. Qui va payer tous ces dégâts ? », s’est-il interrogé, visiblement choqué.

La présence de personnes en détresse psychologique en liberté engendre en effet des situations de panique, voire gênantes, quoique ces dernières ne soient pas violentes, car il existe un risque accru de comportements imprévisibles qui peuvent mettre en danger les passants.
« Il n’est pas rare qu’accompagné de mon épouse et de nos deux derniers gosses adolescents, on rencontre des fous nus. Imaginez la gêne. C’est vraiment déplorable que les autorités laissent une telle situation perdurer, comme si elle devenait normale », s’est indigné, Brice Alain I. enseignant, rencontré à une encablure de la zone dite ‘’Statue Raponda Walker’’.
Il y a aussi que laissés en liberté es malades mentaux, non suivis, non traitées et soumis à des conditions de vie plus que précaires, s’exposent à des risques d’aggravation de leur état, en même temps qu’ils sont source de problèmes de santé publique. « Dire qu’il y a quelques années, on nous avait annoncé qu’il n’y aurait plus un seul fou en errance à Libreville. Mon œil », s’est indigné Wilfried K., Infirmier, résidant à Louis.
« De toute évidence, les services de santé mentale sont souvent sous-financés et incapables de faire face à une situation qui prend chaque année des proportions inquiétantes, avec le nombre croissant des malades mentaux et la démission des famille », selon un agent des services compétents qui requis l’anonymat.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2024, 15% de la population africaine serait affectée par un trouble mental. Au Gabon où plusieurs cas de suicides et de dépressions nerveuses sont enregistrés chaque année, 4 145 malades ont été répertoriés en 2021 par le Centre national de santé mentale (CNSM) de Mélen.
Alph’-Whilem Eslie et Frida Dodo
