Arrivé avec du plomb dans le corps à l’hôpital régional de N’tchengué à la suite de la récente altercation entre un élément des forces de l’ordre et un jeune homme au quartier chic qui a succombé à ses blessures par balles, dans le 2e arrondissement de Port-Gentil, la famille de la victime a décidé de porter plainte pour »négligence médicale ».
En attendant les résultats de l’enquête menée par l’Inspection Générale des Forces de Police Nationale, la famille du jeune homme Franzy Nguembi surnommé « Mignon » par ses proches a saisi le tribunal de première instance de Port-Gentil afin de déposer une plainte contre le Centre Hospitalier Régional (CHR), après avoir déjà engagé une procédure à l’encontre de la Police Judiciaire. L’établissement hospitalier de Ntchengué est ainsi mis en cause pour « négligence médicale » par les proches du défunt, qui exigent réparation et justice.
À cet égard, Emma Nadège Maroundou épouse Aworet, tante du défunt, justifie cette initiative en rapportant que : « lors de notre arrivée à l’hôpital, j’ai clairement indiqué qu’il s’agissait d’une urgence liée à une blessure par balle subie par mon neveu. Nous avons été dirigés vers le service de petite chirurgie où il a été déshabillé. Les infirmières présentes ont procédé à un pansement sommaire utilisant uniquement du Dakin et de la Bétadine. Malgré mes remarques sur la nature grave de la blessure, elles m’ont répondu qu’il s’agissait là de la procédure habituelle : commencer par la petite chirurgie. Une ordonnance a été rédigée et nous avons acquis les médicaments prescrits. Mon neveu a été admis en petite chirurgie à 16 heures et est sorti vers 19 heures pour être transféré au bloc opératoire ».
« Cependant, durant tout ce laps de temps passé dans ce service », poursuit-t-elle, « aucune intervention n’a apparemment été réalisée. À notre observation, la plaie demeurait inchangée ; aucune tentative d’incision n’a été effectuée. Une infirmière nous a alors informés que la balle était profondément logée et que seule une intervention au bloc opératoire pouvait y remédier ».
Et de rajouter qu’« une fois au bloc opératoire, nous ignorons précisément ce qui s’est déroulé. Seuls la police et le personnel médical y avaient accès. Ce n’est qu’après 21 heures que son décès nous a été communiqué. Par la suite, il nous a été permis d’entrer dans la salle où nous avons constaté que la blessure demeurait inchangée. Le même pansement était en place, sans aucune trace d’ouverture suggérant une tentative d’extraction de la balle. De plus, l’annonce de son décès ne nous a pas été faite immédiatement au moment du décès ».
Elle déclare ensuite que : « le médecin nous a informés qu’il ne pouvait pas procéder à l’opération en raison d’un saignement excessif. Il me semble même que la transfusion sanguine n’a pas été réalisée. Ils donnaient l’apparence de s’occuper de lui, uniquement pour nous faire patienter. Aucun médecin ne paraissait pressé ou préoccupé par l’état critique du patient. La seule perfusion administrée était une perfusion de glucose, mise en place au service de petite chirurgie. Dans le bloc opératoire, les professionnels semblaient se détendre et rire ; je me demandais si ces personnes prenaient réellement soin de mon neveu. »
Dame Maroundou épouse Aworet exprime ainsi son profond regret face à la négligence dont son neveu a fait l’objet. « Une personne arrivant en urgence avec deux projectiles dans le corps devrait bénéficier d’une prise en charge immédiate et être conduite directement au bloc opératoire. Nous ne comprenons pas pourquoi il a été orienté vers le service de petite chirurgie, qui est destiné aux plaies légères. Cette situation est choquante et déplorable pour un établissement d’envergure tel que l’hôpital de N’tchengué. ».
Jean-Jacques Rovaria Djodji
