A la barre de la cour criminelle de Port Gentil, les frères initiés au Mwiri accusé d’avoir battu à mort leur frère pour avoir divulgué les secrets de l’initiation © Gabonactu.com
Dans la journée du 9 septembre 2021, le jeune Olivier Kévin Makaya, qui avait séjourné au village Avanga arrive à Port Gentil. Il est reçu par ses frères les nommés Aubin Igondjo, Guyzepé Puma Babika et Dannell’s Moussonga Babika. Ces derniers étaient informés des agissements contestés de leur cadet au village, qui a balancé les secrets et défenses de leur rite initiatique ‘‘Mwiri’’. Une assemblée d’hommes du sud du Gabon, destinée à ceux ayant atteint l’âge de 15 ans révolus. Leur frère Olivier Kévin M est accusé d’avoir relaté toutes les étapes lors de l’initiation, donné la signification des marques corporelles inscrites au bras gauche (Makémba), couché avec sa copine au lieu où le cérémonial nocturne devait avoir lieu et lécher le minou de sa partenaire à l’endroit sacré.
Un sacrilège commis par Olivier Kévin Makaya suscitant l’ire des villageois initiés qui avaient après lui, ainsi qu’à sa famille biologique mais surtout à son père grand maître spirituel dudit rite. Au lieu de procéder comme le veut la tradition selon les initiés par l’achat d’une bête qui servira au sacrifice et autres marchandises pour faire passer le châtiment du ‹‹ diable ››, le trio outrepassent les lignes directrices en conduisant le jeune homme à la hauteur du quartier laverie moderne. Là-bas le sort qui lui était réservé donnait des frissons au dos, laissant penser à la traite négrière.
Pour avoir enfin la véracité de l’information vue que la personne concernée était entre leurs mains, après être passé par un interrogatoire musclé qui a accouché d’une souris, il est conduit au corps de garde où l’attendait un groupuscule d’hommes initiés pour faire appliquer la ‹‹ correction corporelle ››. Expressément, ils lui ordonnent de se mettre à plat ventre, puis de se déshabiller nu comme un verre avant de l’attacher tel un gibier.
Le châtiment corporel est lourd ; pendant plus de quarante minutes tous les hommes ayant le ‹‹ Makémba ›› c’est-à-dire la marque au bras gauche, à l’aide des chicotes, ils administraient plusieurs coups sur toutes les parties du corps. Après avoir subi sa ‹‹ correction ››, se sentant très mal, le nommé Olivier Kévin Makaya faisait savoir qu’il s’étouffait. Aucune personne sur les lieux n’a pris en compte sa préoccupation. L’homme tombe sous l’effet des coups reçus en guise de ‹‹ punition ››. Aubin Igondjo, Guyzepé Puma Babika et Dannell’s Moussonga Babika, l’emmènent dans une structure sanitaire où le médecin constatait simplement le décès du jeune Olivier Kévin Makaya. Le certificat médical atteste la présence des ecchymoses et des hématomes sur l’ensemble du corps du défunt, réconfortant l’idée d’une mort non naturelle.
Interpellés par les limiers de la Police Judiciaire, tous reconnus les faits en enquête préliminaire, chez le juge d’instruction et à la barre lors de son procès précisant que ce ne sont pas lesdits coups qui ont occasionné la mort de celui-ci. Reconnus coupables du crime de coups mortels, ils ont été condamnés à 10 ans de prison dont 5 ans assortis du sursis et au paiement de 10 millions de FCFA au titre de dommage-intérêts.
Jean Jacques Rovaria Djodji