S’exprimant en sa qualité de présidente du mouvement féministe ‘’l’Appel des mille et une’’, le Dr Nicole Assélé interpelle les organisateurs du dialogue national inclusif sur ‘’l’arrogante sur-représentativité des hommes’’, selon ses propres termes, aux assises d’Angondjé dont les travaux en commissions et dans les sous-commissions ont effectivement démarré lundi dernier.
Loupe à l’œil et pointeur en main, la militante et leader féministe des premières heures révèle à titre illustratif qu’il y a dans les discussions en cours à Angondjé 502 hommes contre seulement 144 femmes. Avec de la suite dans la démarche, elle fait constater que dans les quotas de participation attribués aux 52 délégations spéciales communales, on compte 52 hommes pour 2 femmes. Et sur les 48 représentants des délégations spéciales départementales, on dénombre 45 hommes contre seulement 3 femmes.
Même au niveau des sages, la gente féminine ne serait pas suffisamment sage au Gabon, aux yeux des organisateurs pour n’avoir fait grâce qu’à 3 d’entre elles sur toute l’étendue du territoire, contre 15 anciens parmi les 18 sages et dignitaires appelés au dialogue, renseigne la présidente de l’Appel des mille et une.
« Je me permets d’exprimer ici toute mon indignation et dire toute ma désapprobation devant cette situation qui constitue un véritable recul, alors que le Gabon a toujours été cité en exemple en matière de promotion des questions de genre », a assené cette infatigable défenseure de la noble cause des droits des femmes qui rappelle volontiers que « jamais les hommes ne défendront les causes des femmes mieux que elles-mêmes », croit-elle savoir.
Particulièrement amère, Nicole Assélé fait par ailleurs observer pour le déplorer que le mouvement féministe L’Appel des mille et une, l’une des plus historiques et emblématiques associations de défense des droits des femmes, ait royalement été ignoré par les organisateurs du dialogue national inclusif.
Commission Vérité-Réconciliation-Justice-Pardon-Réparation
La justice transitionnelle serait, du point de vue de Nicole Assélé, revêtant cette fois-ci la casquette de membre d’une des familles alliées des Bongo Ondimba, serait à inscrire parmi les questions essentielles de l’heure, au regard dit-elle « du procès en sorcellerie qui est fait à la famille Bongo Ondimba, aux clans et familles alliés, rendus confusément coupables de tous les mots et maux qui accablent le Gabon », regrette-t-elle.
« Les Bongo Ondimba et familles alliées n’ont pas dirigé et géré seuls ce pays, de 1967 au 30 août 2023. D’autres acteurs, d’autres familles venant de toutes les provinces du pays ont été associées à la gestion du Gabon, y compris les donneurs de leçons et les têtes bien pensantes, aujourd’hui malhabilement drapés d’un manteau de virginité et d’innocence », précise Nicole Assélé.
Elle plaide par conséquent pour la mise en place, sans délai, d’une « commission vérité-réconciliation-justice-pardon et réparation pour que toute la lumière soit faite sur les crimes de sang, les crimes économiques et financiers que nous déplorons tous ; afin que chacun, individuellement ou collectivement, assume sa part de responsabilité dans les erreurs du passé », suggère-t-elle.
Elliott Ana Merveille