Le Maquis intellectuel de Timothée Mémey

Aujourd’hui, les nominations qui déçoivent et choquent les gabonais. A lire, relire et partager !

 A peine passée la vague d’euphorie et d’émotion suscitée par l’arrivée des putschistes au pouvoir, voilà que s’installent petit à petit le doute, le désenchantement et le désespoir. On peut le lire dans les yeux de nombreux Gabonais.

C’est comme si la malédiction céleste était en train de s’abattre sur le pays et semble amorcer le crépuscule du régime en place pour faire renaître de ses cendres l’ordre ancien. Mines serrées, désinvolture à peine voilée, attitudes austères gagnent désormais ceux qui, hier, acensaient avec un zèle militant le coup de force du 30 août.

Les Gabonais sont constipés. Ils deviennent moins bavards ; les commentaires passionnés sur le coup dit de ‘’libération’’ s’éclipsent à petit feu. Les échanges de comptoirs qui se résumaient en un hymne aux Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et sa charte qui avait tout d’un manifeste idéologique, sont en train de foutre le camp. Eh oui les Gabonais sont constipés, la grogne est palpable, il leur faut rapidement une purge réparatrice avant qu’ils ne craquent faute de thérapie!

Cherchez l’erreur, vous y trouverez dans les conseils des ministres. A chaque nomination, le chef du département, bêtement, s’empresse de promouvoir des parents aux fonctions les plus emblématiques, faisant fi des erreurs de casting. Etat des services et compétence avérés ou non, on s’en tape. ‘’J’ai été nommé ministre de quelque chose, j’embarque mes parents du village avec moi’’.

Ainsi parle le parfait parvenu. Au diable l’expérience et la compétence devenues le credo avec l’avènement du CTRI.

Si l’étoilé en chef Brice Clotaire Oligui Nguema veut tirer son épingle du jeu, un déclic s’impose dans le choix des patrons qui, outrageusement, occupent des postes importants du fait de leurs filiations ethniques. Car,  » Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde (Albert Camus) ». Sinon, s’il n’y a pas un recadrage, à l’allure où vont les choses, certains départements ministériels risqueraient de ressembler aux gouvernements équoto-guinéens, chez le neveu de El sanguinero Macias Nguema Biyogho Nyeré Ndong où l’équipe gouvernementale est truffée à 99,99% des fang de la tribu Essangui).

Loin de faire une fixation sur les uns ou les autres, profitons plutôt de l’opportunité à nous offerte par l’actualité à la douane pour migrer vers un paysage administratif dépoussiéré des oripeaux et autres miasmes contre-productifs, et la culture du mérite doit être de mise.

Récemment, le ministre de l’économie et son staff ont auditionné près d’une dizaine de postulants au poste de DG des douanes. Les impétrants ont été soumis à un exercice inédit dans ce corps paramilitaire. Non seulement, ce fut historique dans toute la haute administration mais il était surtout question de privilégier la transparence et l’équité, gage de bonne gouvernance.

A l’orée du dialogue national, on imagine que les contributions portées par les gabonaises et gabonais à ce grand Forum aborderont la problématique du choix qualitatif aux fonctions publiques sans appartenance préalable aux cercles ésotériques, philosophiques, homosexuels, mafieux… Une sale pratique qui à court depuis les années 60 et dont il faudrait tordre le coup.

Le pays mue, mutons avec, au risque de renouveler les pratiques de l’avant 30 août 2023. Que des pans entiers de postes stratégiques soient soumis à candidature. Un grand oral en somme à l’effet de savoir quelle vision, quelle stratégie, peut faire quoi avec qui, quoi et comment…

‘’L’égalité pour tous’’ dont on parle tant dans les discours insipides ne doit pas être un vain mot, quel que soit le régime en place, cela doit être une vertu, une culture à promouvoir.

Timothée Mémey, journaliste éditorialiste indépendant

NB : cette chronique ne reflète pas le point de vue de la rédaction.

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