Face à face Sylvia Bongo et Laccruche : le procès de la République !

L’une est en résidence surveillée depuis le 30 août dernier, date du coup d’Etat militaire qui a chassé son mari du pouvoir. L’autre est en prison depuis 4 ans suite à l’opération scorpion qui avait décapité l’administration des « Bla boys ». Tous les deux sont rattrapés par la justice.

Ce mercredi 11 octobre 2023 marque un nouveau tournant dans l’histoire politique du Gabon. L’ex Première dame dans le banc des accusés sans sa garde et sa cour. Vêtue de noir, un sac à mains probablement de luxe mais posé à même le sol, le regard dédaigneux et hagard … Sylvia Bongo Ondimba a été montré aux gabonais dans sa plus vilaine posture… elle qui dictait sa loi au palais, faisait trembler sa cour et surtout brillait de mille feux.

En face de Sylvia, Brice Laccruche Alihanga, alias BLA. L’homme qui a dirigé le Gabon, par procuration, lorsqu’Ali Bongo a été foudroyé par un AVC le 24 octobre 2018 à Ryad en Arabie saoudite. Le « messager intime d’Ali Bongo » est apparu amaigri par la souffrance de la prison mais surtout par la maladie + ses avocats murmurent qu’il est rongé par un cancer +. Petit polo noir, pantalon jeans, sandales au pied et une bible à la main… BLA a perdu de sa superbe de l’année 2019 quand toute la République le vénérait pour bénéficier de ses largesses. Le partisan de la politique « de là à là » est désormais l’ombre de lui-même. Il fait pitié.

Détournement de fonds publics et de blanchiment de capitaux

Sylvia Bongo est poursuivie, entre autres, pour détournement de fonds publics et blanchiment des capitaux. L’enjeu du face à face avec son ex lieutenant est de savoir comment Sylvia finançait sa fondation et son train de vie pendant que Laccruche occupait avec sa bénédiction les prestigieuses fonctions de DCPR (Directeur de cabinet du Président de la République) ?

Brice Laccruche Alihanga est soupçonné d’avoir alimenté les comptes de la Fondation de Sylvia Bongo Ondimba. Des accusations détaillées à la barre par certains Bla boys dont Christian Patrichi Tanasa l’ex-DG de Gabon oil compagny (la compagnie pétrolière nationale). Également en prison depuis fin 2019, Christian Patrichi Tanasa avait décrit le mode opératoire pour renflouer les caisses de la fondation de la Première dame.

Ike Ngouoni, ancien porte parole de la présidence de la République avait aussi cité quelques exemples de financements qui ont profité à Sylvia Bongo.

Procès de la République

Le face à face entre Sylvia et BLA a certes eu lieu dans le cabinet du juge d’instruction. Reste que les fuites ne manqueront pas. Laisser parler ces ceux personnages ouvrira le procès tant attendu du paillage du Gabon depuis le sommet.

Paul Marie Gondjout, le nouveau ministre de la justice a prévenu que la justice remontera le temps jusqu’aux 15 dernières années. BLA et Sylvia ne peuvent donc pas porter seuls le chapeau d’un système qui a roulé le pays durant 55 ans.

Tous ceux qui ont mis la main dans le cambouis doivent être rattrapés qu’ils soient au Gabon où partis se la couler douce à l’étranger. Les commissions rogatoires ou l’entraide judiciaire sont faites pour ça !

Attendons de voir jusqu’où ira la justice souvent taxée d’être aux ordres.

Daniel Etienne

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