Jeudi 9 mars 2023 au petit matin, 151 personnes embarquées dans le ferry Esther Miracle de la compagnie Royal Cost se sont, comme dans un film d’horreur, retrouvées en danger de mort. Leur navire a pris de l’eau, s’est incliné d’un côté et a coulé.
Deux facteurs auraient permis d’éviter l’hécatombe. L’équipe du ferry aurait agi en professionnel. Trop tôt ou trop tard ? Là est une autre question.
L’équipage a lancé le message de détresse. Avant de quitter le navire, il a lancé les radeaux de sauvetage. Il y avait près d’une dizaine. Dans chaque radeau se trouvait un membre de l’équipage pour rassurer, secourir et aider les plus faibles à résister jusqu’à l’arrivée des secours.
« Le plan d’abandon du navire a été respecté », a témoigné un professionnel du secteur.
Le second facteur du miracle qui a sauvé la vie de nombreux occupants du désormais « maudit » navire, c’est l’intervention prompte et sans calcul d’un autre bateau : Le Céleste.
Propriété de la société pétrolière Peschaud, le Céleste affrété par la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) a réussi un véritable exploit. Parti de Port-Gentil, le Céleste était à une heure de Libreville lorsqu’il a reçu l’alerte.
« J’ai promptement fait demi-tour », a témoigné le commandant du Céleste, Noël Mougoula, les yeux rouges pour avoir chassé le sommeil toute la nuit y compris toute la journée de jeudi.
Selon le gouvernement, l’alerte a été donnée à 3h58 du matin. Le Céleste qui n’est pas un bateau rapide est arrivé sur le lieu du naufrage 2 heures plus tard. « Quand nous sommes arrivés sur place, le navire avait complément sombré », a affirmé le commandant Mougoula.
»Ne paniquez pas !!! »
« Les passagers étaient embarqués sur des radeaux de sauvetage. Il y en avait environ 7. Sur chaque radeau il y avait au moins un membre de l’équipage », a-t-il confié à un reporter de Gabonactu.com.
Le commandant ajoute que le naufrage s’étant produit en haute mer, la houle étant également forte, les radeaux étaient éparpillés sur une distance allant de 100 à 200 mètres.
Le Céleste a imposé son robuste gabarit. Le personnel de la CNNII, l’armateur national a puisé sur son savoir-faire pour sauver des vies. « Ne paniquez pas, ne paniquez pas … » cet ordre et conseil entendu dans la vidéo du sauvetage devenue virale sur la blogosphère est la preuve emblématique de la bravoure, le courage et le patriotisme de ces « gens de mer » très aguerris.
Et ensuite ?
C’est la question que l’on peut légitimement se poser. La suite c’est un regard froid sur l’état mécanique de ces navires. Nettoyer les écuries comme cela a été fait sur le ciel gabonais après le dramatique amerrissage à la Sablière d’un avion de l’ex Gabon Express. L’audit de tous les navires transportant des passagers décidé par le gouvernement ne doit pas se heurter à des gros intérêts des particuliers.
En fin de compte, c’est probablement l’opportunité de se souvenir que la CNNII, le pavillon national qui survit grâce à des locations mérite d’être renflouer. C’est une question de patriotisme et de fierté nationale.
Si les survivants du naufrage du 9 mars 2023 n’oublieront jamais le « Céleste », les morts et disparus de ce drame ne doivent pas disparaître pour rien. Il faut une lourde thérapie car la liaison Libreville Port-Gentil par bateau restera incontournable encore pour longtemps tant que la presqu’île de Mandji ne sera pas joignable par une route praticable en toute saison.
Carl Nsitou