Economie : la France veut conquérir des nouvelles parts de marché au Gabon

Depuis ce lundi, une forte délégation des patrons français en costume cravate fait le tour des administrations gabonaises pour, disent-ils, explorer les opportunités d’affaires dans ce pays connu à tort ou à raison comme l’un des « pré-carrés » de la France en Afrique.

Malgré une météo maussade, la délégation n’a pas de temps à perdre. Lundi, elle était en face des hommes d’affaires locaux lors d’une cession d’information organisée par l’Agence nationale de la promotion des investissements du Gabon (ANPI-Gabon).

L’ANPI a déroulé tous les projets prioritaires du Gabon qui s’inscrivent dans le cadre du Plan d’accélération de la transformation (PAT).

Il s’agit des investissements urgents dans les secteurs de l’énergie, les infrastructures (routes, rails, BTP…), la pêche, le numérique et l’environnement.

Conduite par Jean Michel Guelaud, président du Club des entreprises France-Afrique centrale, la délégation du MEDEF est particulièrement enthousiaste à investir au Gabon. Le chef de la délégation et sa suite sont allés le dire mardi en milieu de matinée à Ali Bongo Ondimba, en présence des représentants des dirigeants de la Fédération des entreprises gabonaises (FEG) aved à leur tête Henri Claude Oyima, président de la FEG.

REGAIN D’INTERET

La présence d’une délégation du MEDEF au Gabon est presqu’un événement. Réguliers sous Omar Bongo, ces échanges sont devenus rarissimes sous son successeur Ali Bongo. Du coup, des nouveaux loups aux dents acérés se sont engouffrés dans le pré. Aux chinois se sont ajoutés les indiens, les marocains et les turques qui contrôlent dorénavant des secteurs autrefois chasse-gardée de Paris.

Les chinois sont quasiment devenus les maîtres de l’exploitation forestière. Ils ont investi le secteur du BTP et plongé leur « museau » dans l’exploitation des minerais (manganèse et or) sans oublier le pétrole.

La Zone économique spéciale de Nkok se fait sans la France. Paris doit désormais composé sur l’exploitation du manganèse avec les indiens de Gabon Mining et les chinois implantés à Ndjolé. Même si COMILOG, filiale du groupe métallurgique français contrôle encore le Transgabonais (chemin de fer gabonais), toujours est-il que les trains de la COMILOG doivent baver quand ses concurrents doivent aussi faire passer leurs wagons vides ou lourdement chargés.

La Turquie après une expérience malheureuse dans la construction des logements devient l’une des destinations de premier choix des touristes médicaux gabonais. Les turques attirent de plus en plus les jeunes gabonais désireux de poursuivre leurs études supérieures hors du pays. La destination française demeure attractive pour les étudiants gabonais mais aux tracasseries administratives s’ajoute un coût désormais très élevé des frais de scolarité.

Le retour en grâce est aussi politique. Lors de la COP 27 à Charm El Cheikh en Egypte, le président français, Emmanuel Macron a annoncé qu’il foulera le sol gabonais entre mars et avril prochain pour un sommet sur le climat. Le dernier chef d’Etat à séjourner au Gabon fut Nicolas Sarkozy sous Omar Bongo. C’tait en 2007. François Hollande ne l’a pas fait. Macron a attendu son second mandat pour le faire.

L’annonce de l’arrivée de Macron au Gabon a été ressentie par certains analystes comme un revirement de la France qui avait mis en doute la réélection d’Ali Bongo et par conséquent limité l’envoi de ses ministres au Gabon.

Il reste à savoir si la justice française va emboiter le pas de ce dégèle économique et politique en cours. Elle qui harcèle la famille Bongo dans l’interminable dossier des biens mal acquis.

Camille Boussoughou

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