Béatrice Damiba encadrée de gauche à droit par le DG du bureau gabonais des droits d’auteur et l’artiste Franck Baponga @ Gabonactu.com
Libreville, 15 juin (Gabonactu.com) – Les pertes engendrées par la piraterie des chaines de télévision et des films pourraient atteindre 51,6 milliards de dollars en 2022 contre 26,7 milliards de dollars en 2016, selon une étude relayée le 13 juin dernier à Libreville par l’ONG Convergence en mission panafricaine de sensibilisation sur les méfaits de la piraterie des produits audiovisuels.
L’étude a été réalisée par Digital TV Research britannique. Béatrice Damiba, présidente de l’ONG convergence qui en a parlé dans sa camapgne de sensibilisation sur les méfaits de la piraterie a indiqué qu’en Afrique francophone, l’on estime qu’un abonnement sur dix à des chaînes de télévision câblées serait illégal.
« Dans certains pays d’Afrique, jusqu’à 70 % des abonnés de la TV payante sont des clients d’opérateurs illégaux », a indiqué la conférencière.
Le phénomène de la piraterie est une véritable « arme de destruction massive de la valeur », selon Françoise Nyssen, ministre française de la culture, Dijon juin 2017. En France, la piraterie des œuvres audiovisuelles a engendré en 2016 un manque à gagner de 1,35 milliard d’euros.
« Les trafiquants de son et d’images prolifèrent et s’organisent en bandes qui prospèrent en surfant sur les facilités du numérique. Ils interceptent des programmes TV, gravent, téléchargent, copient, reproduisent et transportent », a déploré Mme Damiba, ancienne ministre, ancienne journaliste et ancienne responsable de l’organe de régulation de la communication au Burkina Faso, son pays.
« 20 millions de DVD sont ainsi piratés annuellement dans le monde », a-t-elle affirmé citant diverses sources.
Les conséquences de la piraterie sont désastreuses, selon Mme Damiba. « Le piratage audiovisuel est un sérieux frein au développement de la production audiovisuelle et subséquemment, au développement économique de l’Afrique », s’est elle alarmée devant un public composé d’artistes, des leaders de la société civile et des journalistes.
Selon la conférencière les pertes dues à la piraterie en Afrique seraient évaluées à 120 milliards de FCFA par an. « Les salles de cinéma se vident, même Hollywood en est frappé (350 000 films piratés chaque jour sur Internet, un coût de 450 mds de dollars pour les copies illicites) », a-t-elle souligné.
Les consommateurs reçoivent des contenus de mauvaise qualité et qui font fi des règles d’éthique et de déontologie (préservation des valeurs culturelles, protection des mineurs…). « Les Etats sont spoliés de recettes fiscales, TVA et autres taxes », a-t-elle fait remarquer.
Au-delà de la dénonciation, l’ONG convergence propose des solutions notamment un renforcement de l’arsenal juridique sur la répression contre les pirates. la spécialisation de juges en droits d’auteurs et droits voisins, l’organisation, la sensibilisation et la formation et le recyclage des acteurs du secteur.
L’ONG convergence propose également le cryptage des œuvres et programmes TV, une rémunération conséquente et motivante des créateurs, des récompenses, genre « awards », un fonctionnement efficient des sociétés de gestion collective des droits d’auteur, invités à créer entre elles des synergies d’action, la création de comités nationaux de lutte contre la contrefaçon et enfin la mise en place de brigades d’intervention policière (répression) contre les réseaux de trafiquants d’œuvres audiovisuelles.
Carl Nsitou