Gabon / Gouvernance et finances publiques : La sonnette d’alarme de la Banque mondiale

Dans sa note de conjoncture économique publiée en juin 2025, la Banque mondiale se préoccupe de la situation économique du Gabon, exigeant un assainissement budgétaire et une diversification accrue. L’institution de Bretton Woods souligne un taux de croissance modeste, une dépendance excessive aux hydrocarbures et une diversification insuffisante des activités productives. En 2024, le pays a enregistré un excédent commercial estimé à 36,2 % du PIB, mais cette performance repose presque exclusivement sur trois produits : le pétrole, le manganèse et le bois, qui représentent près de 97 % des exportations, lit-on. La récente baisse des cours du pétrole a immédiatement mis en évidence la vulnérabilité des finances publiques et la nécessité urgente de réformes structurelles.

La Banque mondiale met également en garde contre une dégradation préoccupante des finances publiques. En 2024, la baisse des recettes pétrolières, combinée à une politique de dépenses expansionnistes, a entraîné une forte détérioration budgétaire. Les dépenses publiques ont augmenté de 24 %, alimentées par des investissements en infrastructures et des mesures sociales, apprend-on.

Cette orientation a inversé la trajectoire des comptes publics, le solde budgétaire passant d’un excédent de 1,8 % du PIB en 2023 à un déficit de -3,7 % en 2024. Parallèlement, la dette publique a grimpé à 72,5 % du PIB, dépassant le seuil de 70 % fixé par les critères de convergence de la CEMAC.

Face à ces pressions, les autorités ont tenté de réagir en procédant au remboursement anticipé d’un eurobond arrivant à échéance en juin 2025 et au reprofilage d’une partie de la dette intérieure. Néanmoins, la Banque mondiale estime que ces mesures restent insuffisantes pour corriger les déséquilibres persistants.

Elle recommande un assainissement budgétaire rigoureux, fondé sur une meilleure maîtrise des dépenses publiques et un renforcement de la mobilisation des recettes, notamment grâce à la numérisation fiscale déjà engagée.

Selon l’institution, seule une discipline budgétaire crédible, combinée à une politique active de diversification économique, permettra de préserver la viabilité des finances publiques, de réduire la dépendance aux hydrocarbures et de poser les bases d’une croissance inclusive et durable.

Le Gabon a tout de même profité en 2024 d’un contexte international relativement favorable, marqué par une hausse de sa production pétrolière et une progression moyenne de 6,6 % des prix des matières premières, souligne la Banque mondiale.

Site de production pétrolière © DR
Site de production pétrolière © DR

Toutefois, ces gains conjoncturels n’ont pas suffi à compenser la forte dépendance du pays aux hydrocarbures, une situation qui accentue les déséquilibres macroéconomiques et révèle l’urgence de mettre en place des stratégies de diversification ambitieuses, capables de développer les secteurs agricole, industriel et des services pour réduire la vulnérabilité aux chocs extérieurs.

Elliott Ana Merveille et Darina Mabelle Ayingone

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