Le gouvernement gabonais a édicté de nouvelles directives pour relancer l’exploration pétrolière en offshore profond pour prévenir la chute de sa production pétrolière, a-t-on appris. La mesure a été révélée par Energy News, qui souligne que 72 % du potentiel reste à découvrir, alors que la production ne cesse de dégringoler, tombée à 200 000 barils/jour en 2023, contre 207 000 barils/jour en 2022.
La décision s’appuie sur de nouvelles règles pour accélérer l’attribution des licences. Cette stratégie, conforme au Code des hydrocarbures révisé en 2019, propose une fiscalité plus souple et des parts de production réajustées. Objectif : séduire les investisseurs, à l’heure où la production nationale est passée de 365 000 barils/jour en 1996 à seulement 200 000 en 2023, selon les données de Global Data.

Face à un secteur pétrolier en perte de vitesse, Libreville tente donc de redresser la barre. Le ministère du Pétrole mise désormais sur l’offshore profond, encore largement inexploré, pour relancer la dynamique. Selon Energy News, 72 % des blocs en mer restent vierges, un potentiel que les autorités espèrent exploiter rapidement.

Des conditions assouplies pour attirer les investisseurs
Les nouvelles mesures introduisent plusieurs incitations. D’abord sur le plan fiscal, avec des taux d’imposition revus à la baisse et la possibilité pour les entreprises de récupérer leurs coûts plus rapidement. Ensuite, via un mécanisme d’amortissement accéléré sur les équipements sous-marins, qui réduit de moitié la charge fiscale pendant les cinq premières années d’exploitation.
Des sociétés comme BW Energy, basée à Oslo, ou Panoro Energy, cotée à Londres, ont déjà intensifié leurs activités au large du Gabon. Elles saluent un environnement contractuel plus compétitif. Global Data estime que les coûts de développement dans le Golfe de Guinée restent en dessous des 40 dollars le baril, un seuil jugé viable malgré les fluctuations du marché.
Côté financement, les banques régionales se montrent de plus en plus disposées à accorder des prêts, à condition d’avoir des garanties sur la future de production. Selon la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), les décaissements vers le secteur énergétique ont bondi de 22 % au premier semestre.
En parallèle, l’État veut aussi renforcer la rentabilité en aval, avec la modernisation de la raffinerie de Port-Gentil, prévue pour redémarrer en 2026, et la construction d’une unité flottante de liquéfaction de gaz à Cap Lopez.
Mais pour que la relance prenne réellement forme, encore faut-il que les contrats de partage de production soient rapidement validés par la Direction générale des hydrocarbures (DGH) et le Parlement. D’autant que le Gabon reste sous la surveillance des agences de notation, qui classent encore sa dette dans la catégorie spéculative.
Les discussions en cours avec la Banque africaine de développement (BAD) visent à sécuriser des mécanismes de couverture contre la volatilité des prix.
Stabilité politique
Les autorités comptent aussi sur la stabilité politique retrouvée depuis la transition de 2024 pour rassurer les investisseurs. Aucun contrat n’a été suspendu, et les délais d’approbation ont été réduits à moins de six mois, selon le Cabinet Wood Mackenzie.
Si la production gabonaise ne représente plus que 1,9 % du quota africain de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en 2024 (contre 3 % dix ans plus tôt), le pays reste confiant. Un seul forage en offshore profond pourrait, selon le ministère, ajouter jusqu’à 15 000 barils/jour à la capacité nationale.
Depuis 2019, vingt et un (21) forages ont été recensés, dont six (6) jugés commerciaux. Et 72 % du sous-sol offshore attendent encore d’être explorés.
Elliott Ana Merveille et Luan Martinez
