La belle route bitumée Lalara – Ovan s’arrête quelques mètres après ce pont sur la Mvoung @ Gabonactu.com
Libreville, Gabon (Gabonactu.com) – Le chef de l’Etat sortant, Ali Bongo Ondimba entame ce mercredi par l’Ogooué Ivindo la deuxième phase de sa tournée républicaine, une étape considérée à juste titre comme une mission de séduction des résidents d’une province où « l’émergence » a été sérieusement ralentie par le repli des cours du brut.
Dans l’Ogooué Ivindo, le sourire des populations est jaune. La route qui a allumé leur cœur s’est arrêtée nette à Ovan après une très belle percée partie de Lalara en passant par Koumameyang. Les 94 km d’Ovan – Makokou ont reçu des coups de pelle mais le chantier s’est refermé comme une huitre. Des mottes de terre sont abandonnées en pleine chaussée provoquant des détours compliqués et dangereux pour les automobilistes.
La nature des travaux réalisés par la société chinoise, commise à la tâche démontrent naturellement de la bonne volonté du pouvoir de sortir cette province de l’isolement. Makokou et le cas exceptionnel de Port-Gentil, sont d’ailleurs, à ce jour les seuls des neuf capitales provinciales qui ne sont pas reliées à Libreville par une route entièrement bitumée.
L’Ogooué Ivindo est pourtant l’une des provinces de l’avenir économique du Gabon dans la perspective de l’après pétrole. C’est la plus grande réserve forestière du Gabon. Le sous sol de la province est très riche en minerai. En témoigne le célèbre voir légendaire gisement de fer de bélinga avec des réserves estimées à 1 milliard de tonnes de fer d’une teneur de 65%. L’or et le diamant tapissent également le sous sol. L’orpaillage est d’ailleurs une des principales sources des revenus des villageois.
Les eaux sombres des principales rivières (l’Ivindo, la Mvoung et la Zadié) sans oublier le fleuve Ogooué, regorgent d’importantes quantités de poissons d’eau douce.
Le tourisme a également un très bel avenir dans cette province, la plus vaste du pays en terme de superficie. Les éléphants, les buffles, les gorilles et autres espèces animales pullulent dans le parc national de la Lopé. Les éléphants sont omniprésents dans tous les quatre départements de la province et leur statut d’animaux intégralement protégés leur vaut le statut de « grands électeurs ».
La marque de l’émergence
Le grand pêché de l’Ogooué Ivindo c’est l’éloignement. Makoko est à plus de 600 km de Libreville. Mekambo à près de 300 km de Makokou. Dans un pays où le réseau routier national n’a pas été développé depuis l’indépendance, l’Ogooué Ivindo fait office de parent pauvre.
Ali Bongo Ondimba a offert à la province ses premiers kilomètres de route bitumée. La région a été la première à recevoir les investissements du projet « Graine » même si les éléphants harcèlent les planteurs. Le projet de l’Ecole de bois de Booué serait exécuté à 80%. Le district de Batouala est désormais éclairé par une centrale thermique implantée par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG). Beaucoup d’unités de transformation de bois ont vu le jour au grand bonheur des demandeurs d’emplois très nombreux dans la province.
Les attentes des populations
Comme un refrain, les ogivins réclament l’achèvement des travaux de la route Lalara-Mekambo. Ils veulent l’implantation des sociétés qui les sortiront du statut peu glorieux de populations vivant de chasse et de cueillette comme il y a plusieurs années ailleurs dans le monde.
Le lancement du chantier de la mine de fer de Bélinga est guetté par tous comme la véritable porte de sortie de la pauvreté. Mais la décision d’ouvrir les entrailles de ce gisement ne dépend pas uniquement des autorités gabonaises. C’est au marché international de décider en fonction des cours du fer. Le faire actuellement est périlleux. Les prix des matières premières sont tirés vers le bas par le contexte économique mondial. Les investissements à réaliser sont colossaux : construire un barrage hydroélectrique, une usine de traitement du minerai, un chemin de fer et un port en eau profonde….
Les américains, les brésiliens et les chinois se sont résignés après une volonté d’avancer le projet. Mais l’espoir reste intact. C’est une question de génération. Ali Bongo s’est donné la mission de faire revivre l’espoir des lendemains meilleurs durant le prochain septennat. Et pour conquérir l’estime des ogivins il table sur le soutien de certains cadres et notables que sont Georgette Koko (président du Conseil économique et social), Emmanuel Issoze Ngondet, Ministre des Affaires étrangères, Noël Nelson Messone (conseiller à la présidence de la République), Alain Claude Bilie By Nze (ministre de la Communication et porte parole du gouvernement), le général à la retraite Mamiaka, le DG de l’Office des ports et rades du Gabon (OPRAG), Rigobert Ikambouaya Ndeka…
Carl Nsitou