Dans le cadre des manifestations relatives à la célébration de la 14ème Journée africaine des frontières (JAF), célébrée le 17 juin de chaque année, un colloque a été organisé jeudi au ministère de l’Intérieur et de la sécurité, en charge de la gouvernance des frontières. Ce colloque s’est penché sur diverses thématiques, portant notamment sur l’historique et la situation des frontières gabonaises en 2024.
L’ancien recteur de l’Université Omar Bongo (UOB) de préciser que « là où il existe encore des litiges, notamment avec le Congo-Brazzaville, du fait que nous appartenions à la même entité administrative coloniale, c’est-à-dire l’AEF, il est resté un certain nombre de zones qui n’ont pas été ni délimitées, ni démarquées ; surtout qu’il y a eu entre nos deux pays des transferts d’unités administratives. Le moment est venu à travers les commissions nationales des frontières, la congolaise et la gabonaise, ainsi que la commission mixte technique des frontières, de régler ces problèmes. Et nous ne pensons pas qu’à l’heure actuelle, ces problèmes puissent donner lieu à des conflits majeurs parce qu’ils sont entre les mains d’experts qui maitrisent le domaine, la méthodologie de la délimitation des frontières », a tempéré l’universitaire.
Au demeurant, Pr Ropivia a indiqué que « la formation territoriale du Gabon s’est effectuée dans l’histoire par la formation des frontières et des unités administratives internes. Cette histoire de la formation des frontières d’une nation, d’un Etat est quelque chose d’important dans la formation de la conscience citoyenne, dans la formation du sens patriotique et dans la capacité qu’un citoyen doit avoir pour défendre l’intégrité territoriale. Pour cela, il faut d’abord qu’il maîtrise l’histoire de la formation des frontières de son pays. C’est l’un des facteurs fondamentaux de l’instruction civique que la connaissance de l’histoire de la formation des frontières d’un pays », a-t-il recommandé.
La thématique relative à ‘’la problématique éducative dans les marges frontalières gabonaises’’ a constitué l’autre centre d’intérêt au cours de ce colloque, objet de l’intervention et l’investigation du Professeur Serge Loungou, Maître de conférences en géographie politique.
Le Doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’UOB a renseigné que « les marges frontalières sont des territoires qui vivent un peu à l’écart. Ce sont des espaces qui présentent une vacuité humaine, qui connaissent un retard infrastructurel, notamment dans le domaine des structures scolaires et ce sont des espaces qui sont voués à une extraversion, notamment sur le plan socio-politique parce qu’étant très peu reliés ou mal reliés au reste du pays. Et les populations vivant dans ces marges ont tendance à aller satisfaire leurs besoins de l’autre côté de la frontière », a fait constater l’universitaire dans le fil des débats et des échanges.
« Cette situation comporte un risque à long terme, comme on le voit dans un certain nombre de pays où il y a des velléités séparatistes et des volontés rattachistes. Si les populations qui sont dans ces marges ont le sentiment qu’elles sont abandonnées par les nationaux et le gouvernement, elles vont développer des forces centrifuges qui à la longue vont menacer la stabilité et l’intégrité d’un territoire », prévient Pr Loungou.
Le Gabon partage un linéaire frontalier terrestre de 353 kilomètres avec la Guinée-Equatoriale au nord-ouest, 295 kilomètres avec le Cameroun au nord et 1918 kilomètres avec le Congo du nord-est au sud. Des frontières maritimes séparent le Gabon avec le Congo au sud-ouest, avec Sao-Tomé et Principe à l’ouest et avec la Guinée-Equatoriale au nord-ouest.
La Journée africaine des frontières a été instituée pour sensibiliser les Etats, les institutions, les populations, les forces vives, la société civile, les universitaires et les Communautés économiques régionales sur réalité incontournable : aucun Etat n’existe sans territoire, et aucun territoire n’est viable sans frontières.
Féeodora Madiba