L’homosexualité au Gabon : la loi de la discorde qui met le pouvoir dos au mur

Les députés de l’Assemblée nationale gabonaise au terme de la plénière © D.R

Transféré au Sénat pour examen au fond après une adoption en demi-teinte à l’Assemblée nationale le 23 juin dernier, le projet de loi sur la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon divise profondément le peuple et met le pouvoir dos au mur.

Le vote au forcing par l’Assemblée nationale du projet de loi portant dépénalisation de l’homosexualité dans le pays, a suscité et continue de susciter l’émoi dans la société gabonaise. Une opinion très remontée contre les députés qui ont formalisé ce que d’aucuns qualifient d’abomination.  La chambre basse du parlement a contre toute attente voté (48 Pour et 24 Contre) la reforme relative au retrait de l’alinéa 5 de l’article 402 du Code pénal, en vigueur depuis juillet 2019. La disposition juridique réprime jusqu’ à présent les pratiques homosexuelles.
Le tollé provoqué par cette réforme est grand au sein de la société composée à 90% des chrétiens, 7% des musulmans et 3% des animistes. Il a fallu juste moins de 48 heures après le vote de cette loi pour que l’Eglise catholique du Gabon monte au créneau à travers une déclaration bien calibrée contre l’homosexualité.
« Au nom de la sagesse de nos ancêtres, contenue dans nos diverses cultures, qui célèbrent la Vie, l’Amour, la Famille, nous disons non à la dépénalisation de l’homosexualité », a réfuté sans détour Monseigneur Jean Patrick Iba-ba, l’archevêque de Libreville.
Même son de cloche du côté de l’Eglise évangélique du Gabon (EEG) et l’Eglise de l’alliance chrétienne et missionnaire du Gabon (EACMG). Quelques leaders des églises pentecôtistes et charismatique de réveille n’étaient pas en reste à l’instar du révérend pasteur Gaétan ¨Piebi qui a même appelé à la démission du premier ministre Julien Nkoghé Bekalé, initiateur du projet de loi décrié.
Face à ce déferlement de protestation dans l’opinion, le gouvernement est dos mur. Va-t-il faire marche arrière ? s’arcbouter sur une reforme très controversée n’arrange pas assurément les affaires du régime d’Ali Bongo Ondimba, englué dans une crise de confiance avec le peuple, selon l’opposition et les religieux. La forte abstention résultant des élections législatives combinées des locales d’octobre 2018 qui ont donné une écrasante victoire au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), constitue ainsi le baromètre.

Sydney IVEMBI

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