Le maquis intellectuel de Timothée Mémey

Aujourd’hui le cas des routes en béton made in CTRI. Une trouvaille qui enchante et inquiète. Régalade !

Il  a fallu que le Comité pour la transition et la restauration des institutions(CTRI), comme tombé sur terre par l’effet d’un chaos  primordial, pour qu’enfin, on se rende compte que tout était possible en matière de route dans les quartiers sous-intégrés appelés les ‘’mapanes’’ ou ‘’ madouakas ‘’.

Depuis que les putschistes ont déserté leurs casernes, nos ruelles boueuses (popotos) et sinueuses sont en pleine ‘’restauration’’. Des hommes en armes issus du bataillon du génie militaire sont à la tâche. Ils bétonnent les ruelles, libèrent les trottoirs sauvagement occupés par une horde d’individus arrivés en ville par une douloureuse effraction.

Le chérif, Lubin Martial Ntoutoum qui trainait ses basques avec ses colts en bandoulières, (père de mon défunt ami Lyn Ntoutoum, alias Nzoglyn, artiste plasticien),  avait raison, lui qui, alors maire de Libreville, souhaitait un concours d’entrée à la capitale. Parce que pour lui, Il y avait trop de Gabonais villageois qui ne pouvaient s’intégrer et s’adapter à la vie urbaine.

Lorsque, sous un certain Nicolas Sarkozy, les Français nous bassinaient les oreilles avec leurs lois sur l’immigration choisie, on peinait à comprendre. Maintenant cela nous rattrape. Et on comprend mieux.

L’initiative du CTRI est à saluer bien sûr, surtout que sous l’ère des Bongo, c’était des routes pavées façon-façon, en zigzag, en grande partie financées par les partenaires au développement dont la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Des financements qui alunissaient, telles des fusées, directement dans les poches des adjudicataires qui  reversaient  des rétro-commissions aux corrompus du ministère des Finances et du Budget, spécialistes des 10 pour cent, notre discipline sportive nationale par excellence. D’où des travaux minimalistes qui nous étaient livrés sous les Bongo. ‘’ Petit argent, petit goudron’’, nous enseignent les Chinois.

Nos ‘’mapanes’’ sortent enfin de l’âge de pierre pour entrer de plein pied dans l’ère de la modernité urbaine. Avec ces voies d’accès, nos experts spécialisés dans la géographie urbaine, longtemps plongés dans une sieste à l’Espagnole, peuvent enfin finaliser leurs études de terrain qui étaient impossibles du fait de l’absence de voies fiables.

SOVOG ou Clean Africa pourra ainsi faire son travail de ramassage d’ordures dans ces quartiers autrefois inaccessibles. Ces routes vont assurément faciliter une collecte d’ordures de proximité.   

Les ingénieurs du CTRI doivent nous situer sur la durabilité de ces routes en béton. Avant que la SEEG et Gabon télécom qui, pour passer leurs tuyauteries et câbles,  tels des vandales, posent des entailles qui bousillent nos chaussées.

On peut donc se passer des entreprises privées spécialisées dans les ponts et chaussées et qui surfacturent tout et obtiennent des marchés de gré à gré.  

Avec le génie militaire, on ferait donc beaucoup d’économie, ce corps de métiers qui, pendant des décennies, jouissait d’une sinécure qui ne disait pas son nom. Ces militaires vont désormais se rendre utiles.  Les fantassins et les parachutistes, quant à eux, peuvent leur servir d’aides pour tourner le béton et tirer les câbles puisqu’ils sont payés c’est pour faire la guerre, comme il n’y a pas de combat pour l’instant, faut les occuper à flux tendu. D’autres peuvent être affectés au curage des caniveaux et à vidanger les fosses septiques, afin qu’ils justifient leurs soldes mensuelles. N’est-ce pas cela aussi une armée en or, opérationnelle et Républicaine ?

Posons-nous les bonnes questions

Les routes en béton c’est rapide, ça soulage certes. Mais est-ce une panacée ? Existe-t-il une capitale quelque part dans le monde qui a adopté cette formule pour sortir du sous-développement ?

Que disent les ingénieurs sortis des écoles spécialisées sur la durabilité des telles œuvres dans une capitale gorgée d’eau souterraines ?

Comment réagiraient des tel ouvrages face aux agressions de dame SEEG, des entreprises des télécoms et autres dont le souci est aussi d’apporter un peu de modernisme aux citoyens ? Bref les questions sont aussi nombreuses que l’espoir suscité par cette trouvaille made in CTRI.

Qui vivra verra. Pour l’instant, il y a une société qui se frotte les mains et lèche les babines : Cimaf, société de droit gabonais, cannibalisée par la très charmante Sylvia et sa meute de parents marocains.

On doit aussi voir clair dans cette nébuleuse qui semble-t-il importerait du royaume chérifien certains cailloux pourtant disponibles au Gabon. N’est-ce pas la transparence dont nous parlent les putschistes du CTRI ?

Timothée Mémey, Journaliste éditorialiste indépendant

NB : cette chronique ne reflète pas le point de vue de la rédaction de Gabonactu.com

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