Economie : ouverture des Assemblées annuelles de la BAD à Charm el-Cheikh en Égypte

Les présidents de l’Egypte Abdel Fattah al-Sissi, des Comores Azali Assoumani (également président en exercice de l’Union africaine), du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa et le vice-président de la Tanzanie Philip Isdor Mpango ont participé mardi à la cérémonie officielle d’ouverture des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) qui se tiennent du 22 au 26 mai 2023, à Charm el-Cheikh en Égypte.

Les rencontres de Charm el-Cheikh qui succèdent à celles d’Accra (Ghana) en 2022 a pour thème : « mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ».

L’édition 2023 de ces assemblées est la 58ème. Elle regroupe les gouverneurs, représentant les 54 pays africains et les 27 pays membres non régionaux de ce plus important partenaire financier du continent. Evénement le plus important du groupe, les assemblées annuelles réunissent chaque année environ 3.000 délégués et participants chaque année.

Nourrir l’Afrique

Les Assemblées de Charm el-Cheikh sont une occasion pour l’institution panafricaine de développement de poursuivre les discussions sur la manière d’accélérer la mise en œuvre des décisions du sommet sur la souveraineté alimentaire et la résilience de l’Afrique (Dakar 2).

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi © Com BAD

En janvier dernier à Dakar, les partenaires au développement s’étaient engagés à apporter 30 milliards de dollars sur cinq ans pour soutenir la mise en œuvre de pactes nationaux agricoles.

Pour sa part, la BAD a décidé d’engager 10 milliards de dollars pour que l’Afrique produise suffisamment de denrées alimentaires pour éradiquer la faim et devenir un des principaux fournisseurs de denrées alimentaires dans le monde.

Actuellement, selon la BAD, l’Afrique, qui possède 65 % des terres arables non cultivées dans le monde, continue d’importer plus de 100 millions de tonnes de nourriture, d’une valeur annuelle estimée à 75 milliards de dollars. Or, au-delà de la simple résilience, le continent africain peut devenir une véritable puissance alimentaire mondiale.

Dans le luxueux cadre de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, les partenaires de la BAD se pencheront sur la question du changement climat qui n’est plus le seul obstacle pour l’éclosion de l’agriculture africaine.

Parmi les solutions envisagées pour l’agriculture africaine et qui seront discutées, figure la vulgarisation des technologies pour assurer une plus grande productivité des terres agricoles africaines, en évitant de nouvelles déforestations. Un instrument clé de cet effort est le programme phare de la Banque africaine de développement, Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TAAT), lancé en 2018 dans le cadre de sa stratégie décennale « Nourrir l’Afrique ».

En exploitant la puissance de la technologie, TAAT vise à augmenter la production alimentaire africaine de 100 millions de tonnes et à sortir 40 millions de personnes de la pauvreté d’ici à 2025.

Le président du groupe de la BAD Akinwumi Adesina © com BAD

Pour le groupe bancaire, l’accélération de la mise en œuvre de TAAT est plus qu’urgente à cause du conflit russo-ukrainien qui a placé les systèmes alimentaires face à un triple défi : productif, économique et géopolitique. La capacité des Africains à produire et à se nourrir s’en trouve fragilisée. Le conflit perturbe fortement l’approvisionnement mondial en denrées alimentaires et provoque l’envolée des prix des matières premières notamment alimentaires.

Nouvelles technologies

« On estime que plus de 280 millions de personnes en Afrique souffrent de la faim », selon un communiqué de la BAD.

Le président de l’institution Akinwumi Adesina est convaincu qu’aujourd’hui l’Afrique dispose des technologies nécessaires pour « nourrir l’Afrique.

Vue partielles des participants © com BAD

L’autre question essentielle, qui sera au cœurs des assemblées annuelles 2023, est celle de la mobilisation des ressources financières. Les banques nationales et commerciales en Afrique considèrent souvent l’agriculture comme une activité risquée et accordent rarement des prêts aux petits exploitants sans demander de garantie en retour, ce que les agriculteurs pauvres ne peuvent fournir. Là aussi, la Banque africaine de développement a continué de jouer son rôle de catalyseur et met en place des outils de « dérisquage ».

Financements et garanties

Le 16 mai 2023, le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement a donné son feu vert à une dotation budgétaire de 11,70 millions de dollars au Mécanisme africain de financement du développement des engrais (MAFDE).

Ces ressources visent à aider le fonds spécial créé par l’Union africaine à fournir des engrais à moindre coût et à temps, aux petits exploitants agricoles au cours de l’année 2023. Le 14 avril 2023, l’institution multilatérale de financement du développement pour la région africaine a lancé, avec le gouvernement de Madagascar, un Projet d’urgence de renforcement de la production alimentaire, qui s’inscrit lui-même dans le cadre de la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence. Cette facilité de 1,5 milliards de dollars vise à fournir des semences certifiées résistants au climat à 20 millions de petits exploitants agricoles africains pour produire 38 millions de tonnes de denrées alimentaires en deux ans. 

Ce mercredi, le groupe publie ses perspectives économiques pour l’Afrique en 2024.

Yves Laurent GOMA, envoyé spécial de Gabonactu.com

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