Je suis un citoyen gabonais. Ni naïf, ni résigné. J’ai vu mon pays traverser des tempêtes, des silences, le réveil du 30 août 2023. Et aujourd’hui, alors que nous sortons d’une transition historique, je refuse que notre avenir démocratique soit mis en péril par des élections mal préparées, mal surveillées, ou entachées d’irrégularités.
Le scrutin du 27 septembre 2025 devait être un moment de clarté et de vérité. Il devait nous permettre de tourner la page du passé, d’élire nos représentants dans la dignité. Mais dans plusieurs circonscriptions, ce moment a été terni par des pratiques que nous espérions derrière nous : procurations douteuses, convoyage d’électeurs, retards d’ouverture, manque de matériel, …
Faut-il tout annuler ?

Non. Ce serait injuste pour celles et ceux qui ont voté dans le calme et la transparence.
Mais faut-il faire comme si de rien n’était ? Certainement pas. Car ignorer les irrégularités, c’est ouvrir la porte à la colère, à la défiance, voire à des tensions sociales.
Dans un contexte post-transition, où les attentes sont énormes, tout flou électoral peut devenir une étincelle. Et ce sont les citoyens, et surtout les plus jeunes, qui risquent de perdre foi dans la République, au risque de se tourner vers des formes de contestation radicale.
Il faut donc reprendre le vote là où il a failli, pas sur des impressions ou des rumeurs, mais en s’appuyant sur les constats précis de l’ACER et des observateurs internationaux. Leur mission est essentielle. C’est à partir de leurs rapports que nous devons corriger les dysfonctionnements.
Ceux qui ne peuvent pas changer d’avis ne peuvent rien changer
Reprendre là où le vote a failli, c’est : refuser l’impunité électorale ; honorer les électeurs qui ont cru en ce processus ; préserver la paix sociale en renforçant la crédibilité du scrutin ; montrer que la transition n’était pas un slogan, mais un engagement réel.

Je ne parle pas au nom d’un parti. Je parle pour ceux qui veulent croire encore à un avenir honnête. Pour ceux qui se sont levés tôt pour voter, ceux qui sont restés au soleil espérant que leur voix compte enfin. Et pour tous ceux qui ne veulent plus jamais que l’injustice électorale crée la fracture dans notre nation.
Ceux qui ne peuvent pas changer d’avis ne peuvent rien changer. Alors ne fermons pas les yeux. Car c’est ainsi que se bâtit une vraie démocratie, stable et durable.
Aymar Gaëtan Kissengori, citoyen