Dans le cadre de la préservation de l’écosystème des mangroves, les associations Les Potagers Bio Écoliers du Monde et Les Amis de la Lowé, en collaboration avec d’anciens résidents du quartier Lip situé dans le 4e arrondissement de Port-Gentil, ont initié une action environnementale citoyenne. Cette initiative a débuté par une importante séance de sensibilisation portant sur le rôle fondamental des mangroves dans l’écosystème halieutique. Elle s’est ensuite poursuivie par une opération intensive de collecte des déchets sur l’ensemble du littoral concerné, pour se conclure par la plantation de 540 pieds de palétuviers. L’objectif principal de cette démarche est de lutter contre les risques d’inondation tout en assurant la préservation de l’écosystème naturel des ressources marines.
« La mangrove nécessite un environnement sain pour se développer. Elle revêt une importance capitale pour nous car elle nous protège des inondations et constitue un lieu essentiel pour la reproduction des poissons », a souligné Désiré Saphou, manager de l’association Les Potagers Bio Écoliers du Monde.
Cette opération de reboisement visait à restaurer les zones dégradées par la plantation de plus de 540 propagules de Rhizophora, un genre d’arbres typiques des milieux côtiers salins, communément appelés palétuviers. Cette pratique revêt une importance cruciale pour la conservation de l’écosystème mangrove, qui joue un rôle déterminant dans la protection des côtes, la filtration des eaux ainsi que dans le stockage du carbone.

« Nous avons initié nos travaux à Lip, toutefois, nous avons identifié cinq sites supplémentaires où des interventions sont prévues, notamment à la Marina, Favom, Sans Manguier ainsi qu’à l’arrière du Ranch », précise Désiré Saphou.
La mangrove, écosystème singulier situé à l’interface entre les milieux terrestres et marins, joue un rôle fondamental dans la protection du littoral, la régulation climatique et le maintien de la biodiversité. Elle constitue une barrière naturelle contre l’érosion côtière, les tempêtes et les inondations, tout en hébergeant une faune et une flore d’une grande richesse. Par ailleurs, la mangrove représente un puits de carbone significatif et participe activement à la filtration de l’eau.
« Ces mangroves assurent la protection des populations résidant en zones côtières face aux risques d’inondation ; elles constituent également des zones essentielles pour la reproduction des poissons et crevettes. Ainsi, leur destruction rendrait ces populations particulièrement vulnérables aux changements climatiques et engendrerait une disparition progressive des ressources halieutiques », avertit Saint Bickolard Mabicka Iwangou, par ailleurs chercheur à l’Institut de recherche agronomique et forestière (IRAF).
Grâce à ses racines entrelacées, la mangrove agit comme un rempart naturel contre l’érosion côtière provoquée par les vagues, le vent et les marées. Elle dissipe l’énergie générée par ces phénomènes météorologiques violents, atténuant ainsi les dommages causés par les tempêtes, cyclones et tsunamis. La mangrove constitue un habitat essentiel pour la reproduction et le développement de nombreuses espèces de poissons, crustacés et mollusques. Elle abrite une biodiversité riche et variée, incluant des oiseaux, des reptiles, des insectes ainsi que de nombreux mammifères.
L’initiative portée par Les Amis de la Lowé et Les Potagers Bio Écoliers du Monde s’inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème mangrove, dont le thème est « Une économie durable au service du bien-être écologique ». Sur le territoire national qui compte plus de 800 kilomètres de côtes, les mangroves sont réparties illégalement selon un expert en environnement spécialisé dans l’étude des mangroves.
« 80 % des poissons se reproduisent dans les mangroves, cependant la superficie comprise entre Libreville et Port-Gentil a diminué de 6 %, d’après la FAO. En 2011, la superficie totale des mangroves dans le pays s’élevait à 2 600 km² ; dans la province de l’Estuaire elle atteignait 1 450 km² et dans celle d’Ogooué-Maritime 1 000 km². En 2020, selon les données fournies par la FAO, cette superficie a chuté à 845 km² pour l’Estuaire et à 597 km² pour Ogooué-Maritime. Cela représente une perte supérieure à 600 km² en moins d’une décennie », alerte Saint Bickolard Mabicka Iwangou, expert en mangroves.
Jean-Jacques Rovaria Djodji
