Les rideaux sont définitivement tombés sur l’atelier de formation dédié à l’optimisation des relations entre les représentants du ministère public des ordres judiciaire et financier qui se tenait à l’Ecole normale de la magistrature (ENM). Organisé avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et financé par l’Empire du Japon, cet atelier a réuni magistrats et experts autour d’un enjeu central : harmoniser les pratiques pour une lutte plus efficace contre les infractions économiques et financières.

Ces travaux qui consistaient à plancher sur les rôles, compétences et complémentarités des parquets des deux ordres, au moment où la mauvaise gestion, et la corruption minent les finances publiques gabonaises, ont révélé des dysfonctionnements persistants : méconnaissance des attributions réciproques, communication insuffisante entre magistrats, et carence dans le transfert des dossiers entre juridictions.
« La Cour des comptes constate des irrégularités pénales, mais les dossiers ne sont pas systématiquement déférés au parquet judiciaire », a du reste déploré Benjamin Mba Nguéma, expert et formateur, pointant un manque criant de synergies.

Pour y remédier, les magistrats ont formulé sept (7) recommandations à savoir: réviser le cadre légal pour étoffer les compétences du parquet financier ; créer des espaces de concertation entre les deux ordres ; instaurer des mécanismes d’échange d’informations, notamment lors des enquêtes ; fluidifier la communication et mutualiser les expériences ; renforcer la formation continue sur les infractions financières ; élaborer des guides pratiques sur les procédures propres à chaque ordre et enfin, systématiser le transfert des dossiers en cas de prescription ou d’incompétence.
Le temps est donc arrivé de « clarifier cette coordination qui améliorera le traitement des infractions financières, sources d’énormes préjudices à notre économie », a souligné Pierre Ndong Aboghé, Directeur général de l’ENM, qui insiste dans le même temps pour « davantage d’investissements dans la formation, condition sine qua non d’un système judiciaire robuste », a-t-il plaidé.
L’annonce faite à l’ouverture par le ministre de la Justice, garde des sceaux et des droits humains, Séraphin Akure-Davain, de la création prochaine d’un Parquet financier a été saluée comme une avancée majeure. « Cette structure pourrait incarner le pont entre les deux ordres », dit le membre du gouvernement.
Alph ’-Whilem Eslie et Bétines Makosso
