Pierre Mwegaya à la barre de de cour criminelle spéciale de Port Gentil © Gabonactu.com
Après huit longues années passées à la prison centrale de Port-Gentil, Pierre Mwegaya, un Gabonais d’environ cinquante ans, accusé à tort de meurtre, a, enfin été innocenté par la Cour criminelle lors de sa session publique.
Cette décision représente une véritable délivrance morale et psychologique pour Pierre Mwegaya. Arrêté et placé sous mandat de dépôt le 27 juillet 2017 à la maison d’arrêt de Port-Gentil, il avait été injustement mis en cause dans la disparition tragique de Guy Pambo. Les événements se sont déroulés le 3 décembre 2013 dans le village d’Atongowanga, situé dans la province de l’Ogooué-Maritime. Ce jour-là, la disparition soudaine de Guy Pambo avait été immédiatement signalée à la brigade de gendarmerie du département d’Étimboué, dont Omboué est le chef-lieu.

Malgré des recherches intensives menées par sa famille, les forces de sécurité ainsi que ses proches, aucun corps n’avait été retrouvé. C’est seulement lors d’une partie de chasse que Marcelin Nzabounga, frère du défunt, accompagné d’un certain Clovis, ont découvert par hasard un crâne humain accompagné d’une machette, d’un sac vide destiné au riz, d’un étui de couteau et des ossements humains en suivant les traces d’un gibier. Cette révélation essentielle met en lumière l’erreur judiciaire dont a été victime Pierre Mwegaya et justifie pleinement son acquittement mérité.

Suite à cette découverte exceptionnelle, les deux individus, visiblement préoccupés, se sont immédiatement rendus auprès du chef de la ville pour lui transmettre leurs observations cruciales. En sa présence, l’auxiliaire de commandement a émis l’hypothèse qu’il pourrait s’agir du défunt Guy Pambo. Forts de cette supposition, Marie Christiane Nkoma a formellement déposé une plainte auprès de la Police Judiciaire provinciale de Port-Gentil. Pierre Mwegaya a été arrêté par les agents de la brigade de gendarmerie d’Omboué et, lors de l’enquête préliminaire, il aurait admis avoir poignardé la victime avec un couteau au cours d’une altercation. Toutefois, dans une déclaration ultérieure, il a nié catégoriquement ces accusations. Par ailleurs, durant une audition menée dans le cadre de l’instruction préparatoire, son père, sa mère ainsi que ses frères et sœurs ont avoué au magistrat instructeur ne pas avoir dit la vérité initialement, ce qui a conduit à leur inculpation pour déclarations mensongères.
Lors d’un interrogatoire minutieux suite à leur inculpation, les individus concernés ont clairement indiqué que c’est bien Pierre Mwegaya qui aurait ôté la vie à Guy Pambo lors d’une violente altercation, avant de transporter le corps dans la forêt. Cependant, Eugene Mbina a affirmé au cours de l’enquête qu’il avait rencontré l’accusé le 13 décembre 2013, soit dix jours après la déclaration de disparition de Guy Pambo.
Durant son audition devant la cour le vendredi 18 juillet, l’accusé a fermement maintenu ses déclarations, niant toute responsabilité dans la mort de Guy Pambo. Le ministère public a requis avec insistance la reconnaissance de la culpabilité de Pierre Mwegaya ainsi que sa condamnation à trente ans de réclusion criminelle et une amende de dix millions. À l’inverse, Maître Élie Misssou, défenseur de l’accusé, a plaidé en première instance pour un acquittement à titre subsidiaire et infiniment subsidiaire, il a demandé un acquittement fondé sur le bénéfice du doute.
Pierre Mwegaya, ayant eu la parole en dernier, a fermement réaffirmé son innocence dans cette affaire, implorant avec conviction la Cour criminelle de prononcer sa relaxe. Il est essentiel de souligner que, dès l’enquête préliminaire, lors de l’instruction et même à la barre, il a constamment nié avec force les accusations portées contre lui. De surcroît, il a affirmé avoir été présent à Opando avec son cousin au moment de la disparition du défunt – un témoin clé malheureusement jamais entendu dans cette procédure.
Par ailleurs, les faits se sont déroulés durant une période scolaire, ce qui confirme pleinement ses déclarations selon lesquelles ses enfants étaient alors à Omboué pour poursuivre leurs études. Au regard de ces éléments probants, la Cour criminelle n’a eu d’autre choix que de le déclarer non coupable et d’ordonner son acquittement ainsi que sa libération immédiate.
.Jean-Jacques Rovaria Djodji
