Tuberculose : L’abus de l’alcool complique la lutte contre la pandémie

Classé depuis 2021 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les trente (30) pays les plus touchés par la tuberculose, le Gabon peine à inverser la tendance. En 2023, le pays a enregistré 6 760 cas, contre 6 451 en 2022, selon le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT). Une situation d’autant plus préoccupante que l’abus d’alcool, facteur aggravant confirmé par les autorités sanitaires, fragilise les efforts de prévention.

La maladie, transmise par voie aérienne, se diffuse plus aisément dans les lieux de consommation d’alcool, souvent clos et mal ventilés, comme les bars, snacks ou boîtes de nuit. Un constat soutenu par les données de l’Organisation mondiale de la santé, qui souligne l’importance des conditions d’hygiène et d’environnement dans la lutte contre la tuberculose au Gabon.

Docteur Strédice Manguinga Guitouka, Directeur du PNLT, a rappelé que l’excès d’alcool affaiblit le système immunitaire, créant un terrain favorable à l’activation du germe de la tuberculose. Malgré les campagnes de dépistage et de sensibilisation, la tuberculose continue donc de se propager, notamment dans les quartiers populaires de Libreville où la promiscuité et le manque d’aération facilitent la transmission.

En juin dernier, des campagnes locales soutenues par le ministère de la Santé ont visé à sensibiliser les populations des quartiers à risque. Réduire sa consommation d’alcool, favoriser les espaces bien aérés, respecter les règles d’hygiène ou maintenir la distanciation physique figurent parmi les recommandations relayées par les associations communautaires.

Au-delà des actions engagées par les autorités, la responsabilité individuelle demeure essentielle. Comme le rappellent les conclusions de l’OMS sur l’engagement communautaire au Gabon, la lutte contre la tuberculose dépend aussi de la prise de conscience de chacun. Dans ce combat de santé publique, chaque geste du quotidien peut faire la différence.

Selon une étude publiée par Science Direct, la prévalence de l’infection à VIH chez les patients suivis pour tuberculose au Gabon atteint 30,4 %, avec une moyenne d’âge de 35 ans. Les femmes sont plus exposées au risque de co-infection. Le VIH est associé à une diminution des formes de tuberculose à microscopie positive, à une hausse des nouveaux cas, des formes extra pulmonaires et à une évolution thérapeutique plus défavorable.

Ces données confirment la complexité du combat sanitaire que le Programme national de lutte contre la tuberculose et les partenaires sanitaires mènent aujourd’hui au Gabon face à la tuberculose.

Alph ’-Whilem Eslie et Luan Martinez

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