Premier séjour d’Oligui Nguema à Malabo depuis la décision de la CIJ sur l’affaire Mbanie

Le président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, est arrivé à Malabo ce mercredi pour prendre part à la 26e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC).

Cette rencontre est prévue pour le 7 juin, ce qui laisse entendre que le chef de l’État gabonais devrait séjourner en Guinée équatoriale pendant au moins trois jours.

Au-delà de l’agenda de la rencontre de la CEEAC axé sur le renforcement des capacités opérationnelles et les mécanismes de financement durables de l’institution d’intégration régionale, une question plus sensible plane sur cette visite. Oligui Nguema abordera-t-il avec son homologue de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema le dossier épineux de l’île Mbanie et les îlots Cocotier et Conga ?

Le précédent de La Haye

Dans cette affaire, Libreville n’a pas véritablement obtenu gain de cause à La Haye, contrairement à la victoire enregistrée dans les années 1970 face à Macias Nguema, alors président équatoguinéen lorsqu’avait éclaté ce conflit frontalier.

La Cour internationale de justice (CIJ) a tranché le 19 mai dernier le différend frontalier entre les deux pays, attribuant à la Guinée équatoriale les îles revendiquées par les deux Etats.

La CIJ a soutenu que le titre légal sur les îles était détenu par l’Espagne suite au traité de Paris de 1900, qui l’a ensuite transmis à la Guinée équatoriale lorsque celle-ci est devenue indépendante en 1968.

La lecture équatoguinéenne de la décision semble sujette à interprétation. Malabo affirme que la CIJ n’a pas attribué la ville de Mongomo au Gabon, mais plutôt quelques villages situés dans ses environs. Alors que les gabonais affirment que la CJI a bien attribué la ville de Mongomo au Gabon.

Un équilibre diplomatique à trouver

Pour Oligui Nguema, l’enjeu désormais est de négocier les terres qui lui reviennent selon la décision de la CIJ. Cela devra se faire avec tact et diplomatie, car le Gabon ne part pas dans une position de force absolue.

La décision de la CIJ a certes accordé à la Guinée équatoriale les îles querellées, mais elle a aussi reconnu que les îles en question se trouvent dans les eaux territoriales gabonaises. En d’autres termes, la Guinée équatoriale ne peut pas revendiquer une victoire totale.

Dans ce contexte, Malabo gagnerait à ne pas « bomber le torse », car le Gabon pourrait utiliser ses droits maritimes pour complexifier davantage l’équation géopolitique.

En définitive, ce séjour présidentiel à Malabo est donc hautement stratégique, tant sur le plan diplomatique que sur celui de la géopolitique sous-régionale.

Le président Oligui Nguema saura-t-il tirer partie de cette visite pour ouvrir une nouvelle page apaisée dans les relations entre les deux pays voisins ? c’est ce qu’il a affirmé juste après la décision de la CJI mais son voisin doit aussi jouer la carte de l’apaisement.

Carl Nsitou

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