Dans un entretien exclusif accordé à GabonActu.com, le célèbre rappeur international gabonais Kôba Building se confie à cœur ouvert sur près de dix ans d’exil, son évolution artistique, ses liens avec ses fans, son regard sur la scène musicale gabonaise et les changements politiques récents au Gabon. Entre confidences personnelles et ambitions futures, l’enfant prodige du rap gabonais évoque avec émotion son envie brûlante de retrouver son pays natal, lui qui s’était opposé à l’ancien régime déchu se dit prêt à retrouver la terre de ses ancêtres. Lecture !
Cela fait bientôt une décennie que vous avez quitté le Gabon. Deux albums, une mixtape, plusieurs singles plus tard… Quel regard portez-vous sur ce parcours à distance ? Bilan artistique, évolution personnelle, regrets ou satisfactions ?
J’ai un parcours atypique et tellement extraordinaire que je ne changerai rien. C’est au contraire ces événements remplis d’épreuves qui apportent cette expérience qu’on retrouve dans ma musique au fil des temps donc non je n’ai aucun regret, j’ai des déceptions bien entendu mais je suis dans l’acceptation, la méditation et la réconciliation avec ce que la vie m’apporte.

Je pense que l’humain devrait apprendre à voir au-delà de ce qui apparaît, même si ce n’est pas évident. Je crois avec certitude qu’il y a une sagesse invisible dans chaque épreuve. J’ai appris de ma propre histoire que même la richesse, la possession de biens matériels, le succès, etc sont des épreuves encore plus dures que la pauvreté ou le manque d’argent et de biens. Soyons à l’écoute de nous et de ce qui nous entoure.
Maintenir sa fanbase (VATEL) quand on est loin de son pays est plus compliqué ou non ?
Ce n’était pas évident, la particularité que j’ai avec mes Vatel est que je les ai habitués à une certaine régularité et une présence physique qui n’était plus possible en étant loin du pays et n’étant plus diffusé sur les radios et télévisions locales compliquait encore plus les choses mais nous avons néanmoins trouvé des façons de se tenir informés en s’adaptant aux nouveaux moyens de communication tels que les réseaux sociaux.

Mes Vatel sont tellement géniaux que lorsque j’étais au plus mal même sans parler ils l’ont compris et ont fait le boulot à ma place. Ce sont les meilleurs. « VATEL 4 LIFE » !
Après l’album commun qui était prévu et ensuite avorté avec Shad’m, est-ce qu’on peut espérer d’autres tentatives de ce genre ? Avec Blaaz ou Awadi par exemple ?
Le projet LONG VIE KING était un projet qui me tenait vraiment à cœur pas juste pour la symbolique historique qui entoure Shad’m et moi mais surtout le fait de collaborer avec un autre artiste. Mais je ne crois pas au hasard et je sais que la nature m’enverra un artiste avec qui je vais collaborer et qui cette fois-ci me permettra de me challenger.
Blaaz c’est la famille, on a tellement fait de sons en commun qu’on aimerait aujourd’hui explorer autre chose dans le milieu, refaire un projet en commun avec lui ça va être possible seulement si on ramène un truc en plus pour à nouveau traumatiser le game.
Awadi c’est un grand frère très inspirant je crois que j’apprendrai encore beaucoup plus avec lui si on fait un album en commun, à voir. Il y a aussi mon gars Nix l’highlander qui est très chaud et je pense qu’un projet commun peut être épique autant en studio, en vidéo que sur scène, c’est un artiste qui est lunaire dans sa tête.
À quand le deuxième et troisième épisode de la trilogie “L’œil” ?
J’espère vous envoyer ça très prochainement, dans tous les cas nous vous tiendrons informés.
Tu as quasiment ouvert la voie en ce qui concerne “le Gabonese dream” partir de rien pour devenir une star incontestable. Qu’est-ce que tu penses de l’ascension de l’Oiseau Rare ou Eboloko ? Une collaboration en vue comme celle avec Panawaraboy ?
Je suis tellement fier des carrières de l’Oiseau Rare, Eboloko, E.J, Vicky, Panawaraboy et même Emma’a que je trouve vraiment magnifique. Souvent je les écoute et je souris seul, c’est comme un père qui contemple l’évolution remarquable de ses enfants et je le dis sincèrement parce que je regarde mes fils de la même façon lorsqu’ils réalisent leurs projets respectifs.

Simba dans la danse, son frère dans l’informatique et sa sœur dans l’entrepreneuriat c’est juste Amazing. I feel Blessed. Et bien sûr ce serait un réel plaisir de collaborer avec eux sans empiéter sur leurs directions.
Le Gabon a changé de visage politique. Un nouveau président est aux commandes. Votre exil avait, on le sait, des relents politiques. Où en sont vos rapports avec le pouvoir actuel ? Des passerelles se sont-elles créées ? Peut-on espérer un retour au pays prochainement ?
Le Pays me manque tellement qu’il m’arrive de compter les jours de mon retour. J’ai vraiment hâte de revenir et de travailler pour l’évolution de ce Gabon nouveau. Le dernier EDEN sur terre.
Vos fans, restés fidèles malgré la distance, réclament un “concert galactic”. Une scène, un show, un moment fort. Ce rêve est-il dans les tuyaux ? Si oui, quand et comment ?
Un gros Concert pour mon retour au Gabon, le dernier Eden sur terre. Nous allons faire de ce beau rêve une magnifique et inoubliable réalité insha’ALLAH.
Qu’est-ce qu’il faudrait au Gabon pour espérer voir naître une industrie culturelle durable ?
Nous avions déjà une industrie mais le Gabonais a l’art de détruire très vite ce qu’il construit. En plus d’un esprit patriotique, on doit avoir un esprit business, mettre son ego de côté et apprendre, s’instruire afin de mieux connaître et comprendre son métier.
Manager d’artiste, Directeur artistique, Community manager, éditeur, Rédacteur pour média urbain ou encore producteur de musique urbaine sont des vrais métiers qui participent au développement économique d’un pays ce n’est pas à prendre à la légère. Ceux qui pensent encore que c’est juste un hobbie franchement ils sont encore à la ramasse.
Il faut mettre de côté son ego et avoir réellement l’envie d’évoluer, l’envie d’apprendre des nouvelles compétences et être curieux, arrêter avec les idées reçues. Mettez-vous au taf et sortez-vous les doigts du cul. On a tellement de talent c’est dommage de gâcher tout ça.
Qui est Kôba Building ?
Né le 21 octobre 1979 à Libreville, Ndong Ronny, alias Kôba Building, est une figure emblématique du rap gabonais. Son parcours, jalonné de succès, témoigne de son influence sur la scène musicale africaine. Parmi ses distinctions, il a remporté en 2005 le prix du meilleur artiste africain aux Kora Awards en Afrique du Sud, et en 2007, le Balafon du meilleur artiste hip-hop masculin à Libreville.
Sa discographie riche comprend plusieurs albums marquants : Kriminel (2006), 2030 (2012), Black Roses (2018), et plus récemment L’œil : Chapitre 1 (2023). En parallèle, il a lancé sa marque de vêtements « Ghettobling Editions » en 2012, affirmant ainsi son empreinte dans l’entrepreneuriat culturel.
Propos recueillis par Nkili Akieme

Nous voulons revoir le phénomène sur scène; Au moins, comme on dit chez nous « une dernière pour la route ».
Bravo KOBA pour ce que tu as réalisé pour ton pays, pour notre pays. Tu as pris en otage musical toute une génération.
J’espère que la jeunesse actuelle comprendra à juste titre que ce sont tes enfants, voir tes petits enfants pour certains !!!
BIG-UP !!!
Koba building, une légende vivante, dire que ma génération ne s’intéresse même pas à notre culture, même pas aux artistes qui ont fièrement représenté les couleurs de notre pays tant aimé le GABON. Un featuring avec Koba building serait un grand privilège pour moi car je me ferai un nom dans les annales. En se référant à ses propos, nous devons mettre notre orgueil de côté et apprendre le métier.