Le 19 avril dernier, dans un établissement hôtelier situé au cœur de Port-Gentil, le collectif des marins affiliés à Peschaud Gabon a organisé une conférence de presse afin de dénoncer plusieurs manquements dont il se considère victime. Par l’entremise de leur porte-parole, ils ont exprimé leur mécontentement par rapport à la négligence observée dans le traitement des dossiers par la délégation des affaires maritimes de l’Ogooué-Maritime.
En effet, une plainte sollicitant un arbitrage avait récemment été déposée auprès de cette instance. Constatant un silence persistant et inexpliqué, les membres du collectif ont été contraints d’interpeller la marine marchande basée à Libreville.
« Après deux séances de travail avec la direction, nous constatons une collusion frauduleuse qui révèle clairement une distorsion des faits quant aux véritables intentions du plaignant que nous sommes », dénonce Henri Serge Azizet, représentant du collectif.
Cet arbitrage concerne l’Organisation des Marins Employés des Ports et Rades (OMEPR), organisation à laquelle ils sont affiliés, ainsi que la direction générale de Peschaud Gabon. Depuis plusieurs mois déjà, le manque manifeste de volonté de la Marine marchande pour initier cette médiation retarde considérablement son aboutissement et pourrait conduire au retrait du collectif du comité chargé du suivi du litige.
Henri Serge Azizet souligne avec gravité que : « le Code de la marine marchande est bafoué et la délégation des affaires maritimes demeure silencieuse. La preuve en est que les contrats d’engagement maritime font défaut ».
« De nombreuses primes et avantages dont nous bénéficions antérieurement nous ont été retirés. Actuellement, il nous est même devenu impossible de subvenir à nos besoins essentiels en raison de la faiblesse notable de nos salaires », déplore Davin Mayila, employé.
La présence à bord des navires d’équipages inaptes à la navigation maritime, l’emploi de marins titulaires de brevets non conformes (notamment étrangers), la modification unilatérale par le directeur des ressources humaines, Jean Paul Kounde, du mode de calcul des congés maritimes, le remplacement du contrat d’engagement maritime par un simple protocole d’accord ainsi que les actes de harcèlement exercés sur les marins par un certain Urlys Sanguineti dépourvu d’habilitation pour gérer le personnel navigant, constituent autant d’infractions et manœuvres dénoncées par le collectif lors de sa conférence de presse.
« Cette situation perdure depuis le mouvement d’humeur survenu en mars 2016, au cours duquel nous avions alerté les autorités sur cette situation délétère que nous subissons. Ce mouvement faisait suite à notre revendication concernant la prime dite ‘de chantier’, inscrite dans la convention collective Peschaud datant de 2012 », rappelle Patrick Mambou, secrétaire provincial de l’OMEPR.
Les différents points de la médiation réclamée par le collectif des marins de Peschaud concernent notamment, le protocole d’accord relatif à la formation, la prime de chantier, les contrats d’engagement maritime au sein de l’entreprise Peschaud, ainsi que la rémunération, les modalités de récupération, l’embarquement des matelots sur les navires opérationnels en mer offshore, l’application de l’article 50 de l’accord collectif, la reprise du processus électoral des délégués du personnel et enfin les autorisations d’emploi pour chaque travailleur étranger constituent autant de sujets cruciaux. Par ailleurs, il convient également d’examiner le rôle et la position d’Urlys Sanguineti au sein de la marine marchande.
« Nos inspections doivent impérativement satisfaire aux critères établis ; cependant, force est de constater que nombre d’acteurs préfèrent adopter une posture complaisante », déplore le porte-parole du collectif des marins de Peschaud, avant d’ajouter que « suite à la démission de nos représentants auprès de la marine Peschaud, des instances telles que la délégation des affaires maritimes et l’inspection du travail demeurent silencieuses ; nous exhortons chaque inspecteur à assumer pleinement ses responsabilités ».
Dans ce contexte marqué par des pratiques jugées non conformes par les agents concernés, plusieurs collègues ayant dénoncé ces irrégularités ont malheureusement été licenciés, à l’instar de Charles Mihindou et Julien Nguema Minko.
Jean-Jacques Rovaria Djodji
