Dans une note signée du Président du Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG), Landry ABAGA ESSONO, les hommes et femmes en toge ont dit leur indignation et leur rejet de la sanction, un blâme, infligée le 31 décembre dernier, à la Juge d’instruction du 2ème Cabinet des mineurs du Tribunal de première instance de Libreville, par le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Paul-Marie Gondjout. Dans sa missive, le SYNAMAG dénonce cette démarche de la tutelle qualifiée de « cavalière et attentatoire aux fondements de la justice et notamment au principe de l’indépendance de la justice et de celui du juge en particulier », a-t-on appris.
Pour les magistrats, il est inadmissible qu’un ministre de la justice, celui-là même à qui il incombe de garantir l’indépendance du Juge, s’illustre par des actes de nature à porter gravement atteinte aux règles et principes fondamentaux reconnus par les lois de la République, ont-ils fulminé.
En matière disciplinaire, seul le Conseil supérieur de la magistrature a compétence pour infliger des sanctions à un magistrat, conformément aux dispositions des articles 16 et suivants de l’ordonnance portant loi organique fixant les attributions, l’organisation, la composition et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, renseigne-t-on.
« Ce principe essentiel de l’État de droit est doublement consacré par la loi fondamentale et par celle portant statut des magistrats, dont l’article 9 qui en plus de rappeler ledit principe dispose également qu’à ce titre, les magistrats ne doivent être l’objet d’aucune influence, incitation, pression, menace ou intervention directe ou indirecte, de la part de qui que ce soit ou pour quelque raison que ce soit », précise le Synamag.
Selon des sources généralement bien renseignées et proches du SYNAMAG les magistrats sont vent debout, contre les nombreuses immixtions répétées du ministre de tutelle dans la sphère de compétence des Juges. « Un comportement qui n’étonne pas les magistrats et vient confirmer, les doutes qu’ils avaient sur la capacité de l’actuel ministre de la justice à relever le défi de la restauration des institutions judiciaires », peut-on lire sur la communication du SYNAMAG
Dans l’attente des conclusions de l’assemblée générale de ce lundi, le SYNAMAG, interpelle le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, quant à l’urgence de s’interroger sur la capacité de l’actuel Garde des sceaux à conduire sa charge.
Féeodora Madiba